Un groupe privé dans la tourmente
Orpea est un groupe privé français fondé en 1989 qui gère une chaîne d’Ehpad privés, de maisons de retraite. En France c’est 730 000 personnes âgées réparties sur 6900 Ehpad. Depuis le 26 janvier, ce groupe se trouve au cœur d’une polémique tragique : la mauvaise gestion des personnes au sein des Ehpad.
L’indice boursier d’Orpea, gestionnaire de cliniques privées et de maisons de retraite, a décroché de 16 % avant que sa cotation ne soit suspendue à la demande de la société.
Une liste d’horreurs
Quand la rentabilité dépasse la dignité. Plusieurs témoignages montrent l’horreur des conditions de vie pour les personnes âgées. Le prix de ces établissements étant élevé (1900e par mois), les clients devraient s’attendre à un minimum.
Plusieurs témoignages furent recueillis :
Une auxiliaire de vie raconte à quel point elle devait « se battre pour obtenir des protections » pour les résidents. « Nous étions rationnés : c’était trois couches par jour maximum, et pas une de plus. Peu importe que le résident soit malade, qu’il ait une gastro, qu’il y ait une épidémie. Personne ne voulait rien savoir », raconte cette femme dans Les Fossoyeurs.
Celui de cette ex infirmière s’exprimant dans Le Monde : « Je sens que cette journée va être difficile, je suis seule pour 99 résidents ». On retrouve en moyenne 1 infirmier pour 17 personnes âgées souvent atteintes de démence dans les différents établissements.
Orpea prêt à tout pour faire taire l’affaire
« Le personnel soignant est obligé d’être maltraitant car il fait face à un système violent de réduction des coûts mis en place par Orpea. On m’a proposé 15 millions d’euros pour que je ne publie pas mon enquête. » Victor Castanet.
Certains se rendent alors compte de l’ignobilité des dirigeants des Ehpad, en expliquant que pendant que des personnes en sous effectifs souffrent, les directeurs peuvent se permettre de sortir 15 M d’euros pour ne pas ébruiter l’affaire.
Selon les informations du Canard Enchaîné, l’ancien directeur général du groupe aurait vendu ses 5 456 actions de la société. Ceci, juste après avoir appris que la gestion des établissements du groupe allait être mise en cause dans Les Fossoyeurs.
Le journal relève par ailleurs que le DG débarqué n’est pas le seul dirigeant à avoir réalisé des opérations boursières. En trois opérations, les 11 et 15 octobre 2021, Philippe Charrier, qui était alors président non exécutif du conseil d’administration du groupe depuis 2017, a acheté 800 actions Orpea.
Les actions du gouvernement
« Il faut taper fort pour montrer qu’on ne fait pas n’importe quoi ». Mme Bourguignon, la ministre déléguée chargée de l’autonomie des personnes âgées, a posé les bases.
Le gouvernement a annoncé, mardi 1er février, qu’il présenterait des propositions pour prévenir les maltraitances en Ehpad. Il lancera une « vaste opération de contrôle » au sein du groupe Orpea, accusé de graves dysfonctionnements.
D’un autre côté, une avocate : Sarah Saldmann veut lancer une procédure d’ici quelques semaines pour « homicide involontaire, mise en danger délibérée de la vie d’autrui, violence par négligence » ou « non-assistance à personne en danger ».
Pour finir le plus triste « ce n’est pas le tumulte provoqué par les révélations sur Orpea, mais le silence assourdissant qui les a précédées » déclare Victor Castanet.