Origine des fouilles
L’échafaudage permettant la rénovation de la cathédrale à la suite de l’incendie doit être positionné sans faiblesse et sans abîmer l’édifice. Pour reconstruire la célèbre flèche de Notre-Dame, cela nécessite un échafaudage de 100 tonnes sur une centaine de mètres de hauteur. C’est pourquoi les archéologues de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives, ou INRAP, analysent chaque détail de l’espace qui servira à accueillir le socle qui permettra de porter cet échafaudage.
Unique inhumation royale
Déjà associé au terme de nécropole, la cathédrale n’a pas fini en 859 ans d’existence de nous surprendre. La construction qui débute en 1163 se termine 182 ans plus tard, en 1345. Cet édifice a vu peu de corps inhumés en son sein mais n’est pas en reste de monuments funéraires. Un seul membre royal à été enterré entier dans ce lieu : Isabelle de Hainaut, reine des francs, mariée à dix ans à Philippe II Auguste. Mère de Louis VIII, elle mourut en 1190 en donnant naissance à deux garçons, morts le jour-même.
Le roi fit inhumé sa femme à Paris, à l’encontre de la tradition de Saint Denis. Elle repose donc dans le choeur de la cathédrale, sous un tombeau de marbre noir.
Déplacées des années après, ses restes ont été placés dans un caveau à côté du nouveau maître-autel*.
*Maître-autel : Dans la tradition liturgique et son architecture ; le maître-autel est l’autel principal du lieu de culte dans l’axe de la nef. C’est sur lui que sont célébrées les messes.
La royauté n’a pourtant pas quitté la cathédrale, seulement, il est de tradition de sacraliser les organes royaux dans des reliquaires. C’est pourquoi Notre Dame de Paris abrite aussi les entrailles de Louis XIII et celles de Louis XIV. Placées dans des urnes sous les marches du maître-autel. Aussi s’y trouve le cœur de Louise de Savoie, mère de François Ier.
Découverte
La découverte dernière d’un cercueil de plomb est une grande découverte. Non seulement intact et non-profané, les estimations de l’expertise du sol donnent à penser qu’il daterait du XIVe siècle. Ces restes rejoignent la collection de plus de 400 sépultures placées dans le périmètre de la cathédrale.
Placée à un endroit bien particulier, au niveau du transept**, cela laisse à penser que cette personne fut importante. De plus, ce serait également le plus ancien corps inhumé ici. Les archéologues de l’INRAP ont réussi à deviner des tissus en bon état de conservation via une mini-caméra endoscopique insérée au niveau du crâne du sarcophage. Ce corps est une véritable mine d’or, en plus des analyses ADN que l‘on pourra effectuer grâce aux cheveux retrouvés, “la découverte de ce sarcophage va permettre à la fois de mieux connaître les pratiques et les rites funéraires” (Dominique Garcia, président de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives).
**Transept : Nef transversale qui coupe la nef principale d’une église, formant ainsi une croix.
Hypothèse
L’hypothèse la plus probante concernant l’identité du défunt serait son statut, un haut dignitaire de l’Église. C’est ce qu’avance le Ministère français de la Culture dans un communiqué : « Compte tenu des caractéristiques et de l’emplacement du sarcophage, l’hypothèse d’une sépulture d’un haut dignitaire semble probable »
La découverte du jubé
Les fouilles ont aussi pu permettre de découvrir une fosse. L‘hypothèse de son appartenance à l’ancien jubé*** de la cathédrale se fonde sur les éléments sculptés polychromes.
***Jubé : Tribune transversale élevée entre la nef et le chœur, dans certaines églises.
Ce jubé est un élément important de l’histoire de Notre-Dame. Construit vers 1230, il a malheureusement été détruit au début du XVIIIe siècle. Il a été plus facile d’identifier leurs appartenances car Viollet-le-Duc, qui réalisa des travaux au milieu du XIXe siècle, fit une découverte similaire.
Exposé au Musée du Louvre, ces autres fragments réunis pourront nous donner plus de détails sur le décor peint de ce jubé.
Alors que d’autres artefacts précieux sont découverts, comme deux mains jointes en prière sculptées dans la pierre, que peut encore nous révéler Notre-Dame ?
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