Une première mondiale.
Il y a 6 mois, le Salvador est devenu le premier pays à avoir adopté le bitcoin comme monnaie légale, en complément du dollar. Le résultat de cette initiative est encourageant. Après 6 mois, 14 % des entreprises acceptent le bitcoin comme moyen de paiement.
De plus, quatre millions de personnes et entreprises utilisent le portefeuille de crypto « Chivo », qui est le principal outil de paiement.
Conçu par le gouvernement, le portefeuille peut contenir des devises et du bitcoin. Chivo rencontre un certain succès pour les transferts d’argent à l’étranger, sans commissions.
Pour assurer le bon fonctionnement de cette nouvelle parité avec le bitcoin, les députés salvadorien ont approuvé la création d’un fonds de 150 millions de dollars (environ 125 millions d’euros). Notamment destiné à garantir la convertibilité automatique du bitcoin en dollars américains.
Pour achever cette petite révolution, le gouvernement Salvadorien à un nouvel objectif, de lever un milliard de dollars pour ses projets cryptos.
Changer l’image du Salvador
Le Salvador vit une véritable phase d’expansion économique. Le pays a connu en 2021 la plus forte croissance de son histoire, à 11 %, soit 5 fois plus que sa croissance moyenne de ces 30 dernières années. En 2022, les prévisions des différents instituts placent le pays dans le peloton de tête des pays d’Amérique latine, avec le Pérou et Panama.
La raison principale de cette embellie économique : l’amélioration de la sécurité et la chute des homicides. Cette sécurité accrue favorise le retour des investissements et des touristes.
Cependant, même si la situation semble grandement s’améliorer. L’image du Salvador reste inchangée aux yeux du grand public et détourne encore beaucoup d’investisseurs du pays.
Le bitcoin et la stratégie digitale du pays doivent permettre au Salvador de se débarrasser définitivement de cette réputation qui lui colle à la peau.
Pour le gouvernement salvadorien, la plus célèbre des cryptos donne aussi une image plus moderne du pays, qui se rêve déjà en Singapour de l’Amérique Latine.
La cryptomonnaie permettra aussi aux Salvadoriens d’économiser 400 millions de dollars de frais bancaires lors des envois d’argent par la diaspora. Notamment installée aux États-Unis, qui représentent 22 % du PIB du pays.
Un pari risqué : Le Salvador mise sur le bitcoin
Cependant, plus des deux tiers des 6,5 millions de Salvadoriens s’opposent à une décision du très populaire président Bukele.
De plus, dans deux sondages distincts vouloir continuer à utiliser exclusivement le dollar américain, la monnaie légale du Salvador depuis vingt ans.
José Santos Melara, un vétéran de la guerre civile qui a déchiré le Salvador de 1980 à 1992. (Les échos)
« Ce bitcoin, c’est une monnaie qui n’existe pas, c’est une monnaie qui ne va pas profiter aux plus pauvres, mais aux plus riches. Qui, étant pauvre, peut investir, alors qu’il a à peine de quoi manger ? »,
le Fonds monétaire international (FMI) à lui aussi, clairement exprimés leur doutes quant à la stratégie adoptée.
Cette mesure aura « un impact négatif » sur les conditions de vie des Salvadoriens. En raison de la forte volatilité du taux de change du bitcoin. En outre, cette mesure aura un impact « sur les prix des biens et services », selon l’économiste de l’Université du Salvador, Oscar Cabrera.
Cette généralisation du Bitcoin peut représenter un risque de blanchiment d’argent. Notamment sur de nombreux réseaux criminels, qui ont fait les heures sombres et la réputation du pays.
Craignant une explosion du trafic de drogue, les États-Unis ont appelé le Salvador à « se protéger des acteurs malintentionnés » par un usage du bitcoin « réglementé », « transparent » et responsable.
Pour plus d’informations « Le Salvador mise sur le bitcoin »: Le Salvador, premier pays au monde à légaliser le bitcoin – Le Point