Résultats du référendum, et application concrète :
Depuis ce lundi 26 septembre et l’annonce des résultats partiels, les résultats ne faisaient plus l’ombre d’un doute. Avec près de 66% de « oui », le pays venait de s’engager officiellement dans une refonte totale du système législatif, à propos de la famille et de la reconnaissance des droits LGBTQI+. Avec une participation à hauteur de 75%, c’est donc une belle majorité du pays qui a voté en faveur de ce référendum.
Cela a évidemment ravi le pouvoir en place, lui qui a milité pour le « oui » pendant plusieurs semaines. En effet, c’est une véritable campagne nationale que s’était attaché à réaliser le gouvernement cubain, afin de persuader son peuple des bénéfices de ces futures lois. Le président actuel Miguel Diaz Canel avait déclaré le jour même du référendum : « Ce code de la famille est un hommage à l’ambition de Fidel et Raul (Castro), à l’héritage humaniste de la révolution cubaine, ce code est loyal au concept même de révolution ». On ressent donc aisément à quel point ce référendum avait une place importante aux yeux des dirigeants du pays. Ce 25 septembre 2022 devait être une nouvelle date majeure dans l’histoire cubaine.
C’est désormais chose faite. Et comme cela été prévu, toutes les lois relatives au nouveau code de la famille sont rentrées en vigueur immédiatement. Une véritable révolution pour un pays d’Amérique latine, région encore assez conservatrice sur tous ces sujets de société.
Une révolution sociale pour le pays :
C’est en effet un évènement vraiment marquant pour un pays comme Cuba. Tout d’abord de par la multitude des avancées sociales que ce référendum implique. Les droits LGBTIQ+ se voient grandement renforcés du jour au lendemain.
Mais ce n’est pas tout, puisqu’encore une fois, cela interpelle dans une région aussi conservatrice et religieuse. Par exemple, le premier pays d’Amérique central qui avait autorisé le mariage homosexuel pour tous ses citoyens était le Costa Rica … il y a seulement 2 ans. Le Mexique le permet aussi depuis plus longtemps, mas seulement dans certaines régions du pays. C’est donc une véritable révolution sociale, de par son ampleur, et de par la rareté de ces mesures dans cette région du monde. La transsexualité est un droit également très peu reconnu dans le monde entier, preuve à nouveau de l’importance des réformes engagées par le gouvernement cubain.
Troisième témoin de la révolution qu’a représenté ce 25 septembre à Cuba, il s’agit seulement du troisième référendum en 60 ans ! D’autant plus que les deux premiers étaient d’ordre constitutionnels. On a donc assisté au premier référendum majeur d’ordre social à Cuba depuis la seconde guerre mondiale.
Une controverse autour du référendum :
Attention tout de même à ne pas analyser cette victoire du « oui » trop rapidement. Dans tous les cas, c’est certes une très belle avancée pour le pays et pour le continent, mais il faut relativiser les quelques chiffres déjà évoqués.
En effet, de nombreux opposants au texte pouvaient être recensés. Mais dans ce pays, il semble difficile de dire non à une proposition gouvernementale, d’autant plus lorsque celle-ci ressemble davantage à un plébiscite qu’à un référendum. Ainsi, même si ce score de 66% peut paraitre élevé, il ne l’est pas vraiment en réalité. Cela témoigne déjà du désaccord d’une partie de la population avec ces lois.
Aussi, le taux de participation de 75% est faible pour Cuba. Un quart de la population ne s’est pas déplacé jusqu’aux urnes pour émettre son opinion. C’est bel et bien une autre forme d’opposition au « nouveau code de la famille ».
Cela peut s’expliquer par le grand nombre de pratiquants religieux dans le pays, qui n’étaient eux pas en faveur de toutes ces avancées. Mais ce n’est pas tout. Une partie de la population homosexuelle cubaine s’opposait également à ce référendum. Cela peut paraitre surprenant au départ, mais il y a une raison.
En effet, de nombreux homosexuels cubains voyait cette démarche comme une opération opportuniste du gouvernement communiste en place. Ils déplorent que le gouvernement en place ne se soit pas excusé pour avoir interné des centaines d’homosexuels dans des camps de rééducation dans les années 60. C’est donc le fait de ne pas être revenu publiquement sur ces actes homophobes avant d’entamer ces réformes qui dérangeait. Cela ajoute donc des opposants à ce référendum, non pas pour le fond, mais pour une forme d’opportunisme gouvernemental.
Pour résumer, il semble difficile de voir ces résultats comme largement favorables à ce « nouveau code de la famille ». Néanmoins, il ne faut pas oublier que cela reste révolutionnaire pour un pays latino-américain comme Cuba, et que cela favorisera évidemment le quotidien des personnes concernées.