Le jour du dépassement, la ligne rouge qui inquiète

En ce début d’année, les compteurs sont remis à zéro. L’humanité entame 12 nouveaux mois d’activité intense en faisant face une fois de plus à un enjeu majeur : celui de l’épuisement des ressources naturelles et du réchauffement climatique.

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Le jour du dépassement marque la ligne rouge à ne pas franchir pour les pays en termes d'exploitation maximale des ressources naturelles. @Pexels
Le jour du dépassement marque la ligne rouge à ne pas franchir pour les pays en termes d'exploitation maximale des ressources naturelles. @Pexels

En ce début d’année, les compteurs sont remis à zéro. L’humanité entame 12 nouveaux mois d’activité intense en faisant face une fois de plus à un enjeu majeur : celui de l’épuisement des ressources naturelles et du réchauffement climatique. La surpêche, la part importante des énergies fossiles dans la consommation énergétique mondiale ou encore la déforestation et l’artificialisation des sols sont les principales causes de son accélération. Elles multiplient les risques naturels comme les épisodes caniculaires engendrés par des températures élevées, la raréfaction de l’eau douce, l’élévation du niveau de la mer, les inondations, ou la destruction de la biodiversité. Ces faits sont d’ailleurs de plus en plus récurrents dans l’agenda des médias. L’ensemble de ces constats s’ancrent dans nos esprits à travers le jour du dépassement. Cette date nous confronte particulièrement à cette réalité.

Le jour du dépassement: qu’est-ce que c’est ?

Le jour du dépassement est un calcul réalisé chaque année depuis les années 1970. Il marque la date à laquelle l’humanité a utilisé toutes les ressources que la terre peut renouveler en un an. C’est un symbole fort dans l’imaginaire collectif. Il représente concrètement l’impact de l’activité humaine sur les ressources naturelles, et la mise en danger de l’environnement. Ce phénomène progresse de plus en plus vite, malgré les nombreux rapports de spécialistes qui alertent sur les dangers de la surexploitation humaine.

L’organisation qui réalise ce calcul, Global Footprint Network, le fait pour chaque pays individuellement, en raison de l’utilisation inégale des ressources dans le monde. Selon ses estimations, certains pays auraient déjà atteint le jour du dépassement en ce début d’année. Par exemple, le Qatar l’aurait passé le 6 février, et le second pays serait le Luxembourg, le 17 février. La France est également dans la moyenne haute, puisqu’elle aura consommé l’ensemble des ressources annuelles disponibles au 19 avril, nous plaçant à la 26ème place du classement.

Des disparités qui s’expliquent par plusieurs paramètres

Ces inégalités s’expliquent par différents facteurs économiques et technologiques. En effet, les pays épuisant leurs ressources le plus rapidement sont les pays les plus développés. Le niveau de pouvoir d’achat des habitants d’un pays influence fortement le mode de consommation des populations mais aussi la production industrielle. Cela augmente par conséquent leur empreinte carbone par rapport aux pays moins développés et plus vulnérables. Le mix énergétique peut également jouer un rôle important dans l’épuisement des ressources.

Certaines régions essaient d’ailleurs de développer la part d’énergie renouvelable dans leur mix énergétique pour réduire leur impact environnemental. C’est par exemple le cas de l’Amérique du Sud (pourtant particulièrement touchée par le changement climatique et la déforestation), réputée pour développer sa production d’énergie solaire et éolienne, grâce à des conditions favorables. L’Uruguay, qui par ailleurs est le dernier pays à avoir atteint le jour du dépassement en 2024, le 17 décembre, est un exemple dans le domaine puisque 98% de son électricité provient des énergies renouvelables.

Si aujourd’hui le but est de faire reculer cette date, le chemin pour y parvenir reste encore long. En effet, l’organisation Global Footprint Network a estimé qu’en 2023, le monde consommait les ressources de l’équivalent d’1,7 planète. Un résultat qui se veut alarmant par les groupes d’experts comme le GIEC.

Peut-on espérer le recul de cette date fatidique ?

Malgré les nombreux constats inquiétants, nous savons que les solutions et les moyens d’action existent pour diminuer ce crédit. En effet, le chercheur du Fond National de la Recherche Scientifique et auteur pour le GIEC, François Gemenne, dans une interview du 2 août 2023 à France 24, analyse l’évolution de cette date symbolique. Il rend également compte des moyens d’actions dont nous disposons.

Le premier point à souligner est la stabilisation de la moyenne de la date du jour du dépassement des pays depuis 2018 autour du 2 août, ce qui peut refléter la prise en compte de ce défi et les mesures prises par les gouvernements pour ralentir l’avancement progressif de ce jour. L’année 2020 marque une exception en raison de la pandémie du Covid 19 et du ralentissement des activités : le jour du dépassement a été estimé au 16 août. 

Selon l’expert, le défi principal est d’adopter des mesures politiques plus ambitieuses. Celles mises en place actuellement sont insuffisantes pour obtenir des résultats notables pour contrer le jour du dépassement. La raison possible à l’absence de politique significative serait la crainte d’aller à l’encontre de nos intérêts personnels à l’échelle individuelle, et ce surtout dans les démocraties libérales. De plus, les études menées confirment que nous avons les moyens financiers et technologiques pour agir en faveur de la préservation des ressources.

Répartir équitablement les technologies: le défi majeur

L’axe d’action le plus important est de répartir les technologies dans l’ensemble des pays de manière équitable. En effet, aujourd’hui, les pays plus riches privilégient l’innovation de nouvelles technologies. Cependant, ce développement progresse au détriment du développement des technologies existantes et efficaces dans les pays les plus vulnérables. C’est un point pourtant essentiel pour remplir les objectifs des accords de Paris de 2015. Pour y parvenir, il faut viser la réduction des énergies fossiles. Elles composent aujourd’hui encore 85% de la consommation énergétique mondiale. Il est également urgent d’aboutir à une régulation de la pêche, ainsi qu’une réduction considérable de l’artificialisation des sols.

Les organisations de défense de l’environnement s’engagent également pour inciter à agir. L’organisation Global Footprint Network a justement lancé le #MoveTheDate. Celui-ci a été repris de nombreuses fois sur les réseaux sociaux à travers le monde. Ce type de mouvement accessible à tous permet de fédérer les individus autour de cette cause dont la défense devient de plus en plus cruciale chaque jour.  

Pour aller plus loin : 

Tout savoir sur le jour du dépassement : https://overshoot.footprintnetwork.org/newsroom/dates-jour-depassement-terre/

Pour en savoir plus sur l’importance de réduire considérablement l’artificialisation des terres, un article de CSactu sur l’objectif national de Zéro Artificialisation Nette à l’horizon 2025 :

https://www.csactu.fr/les-villes-francaises-entre-betonisation-et-zero-artificialisation/

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