Cette année le ballon d’or se jouait entre plusieurs joueurs et aucun ne se démarquait véritablement. La cérémonie a finalement récompensé le milieu de terrain espagnol Rodri au bout de la nuit ce lundi 28 octobre 2024. Un ballon d’or qui a beaucoup fait parler, comme chaque année. La fin de l’ère Léo Messi et Cristiano Ronaldo, aucun des deux joueurs nommés parmi les 30 joueurs pour la première fois depuis 2003, marque une véritable rupture dans le football.
L’origine du ballon d’Or
Le trophée du Ballon d’Or voit le jour en 1956 par l’intermédiaire du magazine sportif français France Football. Ce trophée a pour but de récompenser le « meilleur joueur du monde » de l’année selon des votes de journalistes du monde entier. Toutefois lors de sa création le trophée ne pouvait être remis qu’à un joueur européen, ainsi des joueurs comme Pelé ou Maradona, n’ont jamais reçu le précieux trophée. En 1995 la règle change et le vainqueur du Ballon d’Or est désigné sans distinction de nationalité. Heureux hasard, c’est justement un joueur non-européen qui le remportera cette année-là, le libérien Georges Weah, seul et unique joueur africain récompensé depuis.
Depuis cette date, les joueurs non-européens récompensés se sont multipliés. Ce sont surtout les joueurs sud-américains qui profitent de ce changement de règle avec les Ballon d’Or de Ronaldo Nazario en 1997 et 2002, Rivaldo en 1999 puis Ronaldinho en 2005 et enfin et surtout Lionel Messi et ses huit récompenses entre 2009 et 2021.
Le fonctionnement discutable du Ballon d’Or
Un collège de journalistes du monde entier élisent le lauréat chaque année et décernent donc le ballon d’or à un joueur. Le magazine français choisit un seul journaliste par pays figurant dans le top cent du classement de la FIFA (un seul journaliste brésilien, français, anglais, allemand etc…). Chaque journaliste donne un classement de cinq joueurs et les plus hautes places rapportent le plus de points à la fin. Cela donne 1 point pour le joueur classé en cinquième position et 6 pour le joueur dominant le classement. A la fin France Football additionne tous les votes et publie le classement du Ballon d’Or.
Mais chaque année, nous voyons certaines limites de ce système de vote. Tout d’abord, les journalistes étrangers choisis par France Football ne sont pas nécessairement des journalistes sportifs, le suivi du sport en général et notamment du football n’est pas leur priorité. Certains d’entre eux se sont déjà illustrés publiquement par leur méconnaissance du football. Parmi eux un journaliste Ouzbek nommé Grigoriy Rtveladze a déclaré « Je n’ai pas mis Lewandowski dans mon classement car il ne court pas assez vite (montre sa carte du jeux vidéo FIFA pour le prouver) et il n’a pas été performant avec l’équipe d’Allemagne ». Pour rappel, Robert Lewandowski est polonais et il est stupide de se fier à un jeu vidéo pour décerner une récompense.
Le Ballon d’Or s’est peu à peu transformé en l’élection du joueur le plus « bankable » de l’année. Les journalistes ne prennent plus le temps de regarder tous les matchs de la saison et se contentent des résumés des matchs, des statistiques ou du palmarès du joueur. C’est ainsi que les fans de football se sont offusqués de la troisième place de Jorginho en 2021, certes vainqueur de l’Euro avec l’Italie et de la Ligue des Champions avec Chelsea mais qui n’était en rien un joueur de classe mondiale.
L’individualité au détriment du collectif ?
Le Ballon d’Or est sans conteste la distinction individuelle par excellence du monde du football. Mais il n’est pas la seule récompense pour mettre en avant une individualité. Ils existent les prix que décerne l’UEFA et la FIFA, ce qui représentent une dizaine de trophées individuels. Ensuite, chaque championnat décerne des trophées comme les « homme du match », « joueur de la saison », « joueur du mois » ou « révélation de la saison ». La nouvelle mode des récompenses individuelles est sans nul doute les Globe Soccer Awards. Cette nouvelle « institution » vise à concurrencer France Football et son Ballon d’Or afin de devenir « la » récompense individuelle du football. Chaque année est désigné le « meilleur joueur du monde » sur la base unique des votes des fans sur les réseaux sociaux.
Mais toutes ces récompenses individuelles ternissent l’image du football. Un football toujours plus physique, toujours plus individualiste où les attaquants se font la guerre des statistiques. En effet, France Football, et toutes les autres institutions footballistiques, utilisent l’image des lauréats pour profiter de leur notoriété. Nous ne parlons absolument pas ici de corruption ou de trucages des voix, mais certains récompensés font plus plaisir à l’organisateur que d’autres. Il faut également voir toutes les campagnes médiatiques que mènent certains joueurs et clubs pour qu’ils soient récompensés. On est très proche d’un système de sponsoring comme pour la cérémonie des Oscars. France Football profite également de l’image « A la française » de son cadre de cérémonie, en plein cœur de Paris au théâtre du Chatelet. Il en est de même pour les Globe Soccer Awards qui se déroulent à Dubaï, la nouvelle ville à la mode et vitrine du monde arabe.