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L’Arabie Saoudite secoue le tennis

A l’image du golf, de la formule 1 ou plus récemment du football, le tennis n’échappe pas aux sirènes du royaume de la péninsule arabique. Le fonds souverain saoudien (PIF) se positionne progressivement comme un acteur majeur, qui manifeste un intérêt croissant autour de la petite balle jaune.

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Photo : © Raj Tatavarthy, 2016 (pexels.com)

Devenu le partenaire officiel du circuit masculin, le PIF s’est particulièrement rapproché du tennis avec un accord annoncé dans un communiqué publié le 28 février. Ce “partenariat stratégique pluriannuel” représente un “ engagement significatif commun pour améliorer le tennis mondial”, expliquent les deux partis dans leur déclaration. Avec cette fusion, le classement ATP est désormais renommé le PIF ATP Rankings.  Le fonds souverain sera aussi associé aux tournois ATP d’Indian Wells, de Miami, de Madrid, de Pékin et aux Masters de fin d’année. D’après Massimo Calvelli, le président du circuit international de tennis masculin, ce partenariat “marque un moment majeur pour le tennis”. 

L’appât du gain

Mais le PIF, dirigé par le prince héritier Mohammed ben Salmane, s’empare aussi des compétitions. Après s’être déroulé depuis sa création en 2017, à Milan, le Next Generation ATP Finals se joue dorénavant à Jeddah pour les cinq prochaines années. Il réunit les huit meilleurs espoirs masculins du tennis mondial. Déterminés à faire de gros investissements dans le tennis, les Saoudiens ont placé la barre très haut avec une enveloppe globale de deux millions de dollars pour leur premier tournoi officiel sur leurs terrains. Vainqueur en finale face au Français Arthur Fils dans l’enceinte du King Abdullah stadium, le Sebe Hamad Medjedovic est ainsi reparti avec près de 514 000 dollars. 

En plus de cette influence croissante dans le circuit, le fonds souverain saoudien organisera une exhibition cinq étoiles en octobre. Grâce à son immense fortune qui lui permet d’être le sixième plus grand fonds souverain du monde, d’après la société américaine Sovereign Wealth Fund Institute, le PIF a annoncé la création du 6 Kings Slam. Ce nouveau tournoi opposera six des meilleurs joueurs du monde avec la participation de Novak Djokovic, Rafael Nadal, Carlos Alcaraz, Jannick Sinner, Daniil Medvedev ou encore Holger Rune. Comme le tournoi ne rapporte pas de point au classement, les Saoudiens offrent près de six millions de dollars au vainqueur, soit deux fois plus qu’un titre à l’US Open. Les participants recevront la somme rondelette de 1,5 million de dollars, plus qu’une finale à Roland-Garros… De plus, l’exhibition risque de désorganiser le calendrier puisque le mois d’octobre est déjà occupé par le Master 1000 de Shanghai d’abord et par le Rolex Paris Master, fin octobre. 

Une offre à deux milliards 

C’est l’information qui a bousculé le monde du tennis. D’après le quotidien britannique The Telegraph, l’Arabie saoudite aurait fait une offre à hauteur de deux milliards de dollars aux instances du tennis pour s’offrir les circuits masculin (ATP) et féminin (WTA) en proposant un milliard de chaque côté. En échange, les Saoudiens aimeraient se faire une place dans le calendrier, déjà très chargé, avec la création d’un Master 1000 en début de saison. L’objectif serait aussi de créer un circuit commun entre l’ATP et la WTA . Néanmoins cette proposition de fusion expire dans moins de trois mois si elle n’est pas acceptée. 

En attendant, Craig Tiley, le président de l’Open d’Australie, réfléchirait à la création d’un circuit fermé face aux ambitions saoudiennes. Ce projet, baptisé “Premium Tour”, regrouperait les quatre Grands Chelems accompagnés de dix autres tournois ainsi que d’une compétition par équipe. Cette ligue serait réservée aux joueurs du Top 100, tandis que les joueurs classés de la 101e à la 300e position seraient rassemblés dans un autre circuit, avec un système de promotion pour rejoindre le premier.

Quelles que soient les tentatives pour le contrer, le royaume tente de s’ancrer pas à pas dans le tennis mondial et risque de le bouleverser, ce qui rappelle la façon dont il a conquis le golf, en 2022. Financé et dirigé  par le fonds souverain saoudien, le LIV Golf est un circuit fermé qui réunit quelques grands noms de la discipline, séduits avant tout par l’aspect financier de la ligue. En rejoignant le LIV, John Rahm est ainsi devenu le sportif le mieux payé en 2023. Pour convaincre l’Espagnol, les Saoudiens ont déboursé entre 450 et 600 millions de dollars.  

Une politique de sportwashing 

En investissant massivement  dans le golf ou le football et aujourd’hui dans le tennis, l’Arabie Saoudite poursuit son ambition de redorer son image à l’internationale à travers le sport. Considéré comme “l’arme absolue du soft power” par le géopolitologue Pascal Boniface, la vitrine qu’offre le sport cherche à faire oublier à la communauté internationale les violations des droits humains. Cette stratégie, appelée sportwashing, consiste à améliorer sa réputation à l’aide du sport qui est devenu un vecteur clé de la renommée et de l’influence d’un État. En ce qui concerne le plus grand pays du Moyen Orient, le sport offre la possibilité de détourner l’attention des scandales autour de la limitation des droits des femmes, de celle des droits humains ou du recours massif à la peine de mort. Ainsi, cette politique de sportwashing prend la forme d’organisation de nouvelles compétitions ou de partenariats. L’Arabie Saoudite s’entoure de figures majeures du sport comme Rafael Nadal, devenu ambassadeur de la fédération saoudienne de tennis en janvier. 

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