Alors que Trump redevient président des Etats-Unis, le pays est divisé en deux blocs qui ne semblent plus ouverts au débat. Factions représentatives de cette polarisation, les mouvements 4B et Tradwife représentent deux visions radicales de la place de la femme dans la société.
C’est le jour J ! En ce 20 janvier, Donald Trump prend ses fonctions à la Maison Blanche et briguera son deuxième mandat pour les quatre prochaines années. Au sein d’un pays plus que divisé entre progressisme et conservatisme, le nouveau président des Etats-Unis a déjà choisi son camp. Et les premières qui en payeront le prix seront probablement les Américaines. Face aux restrictions de libertés qui s’annoncent, notamment liées à l’avortement, certaines ont fait le choix de revendiquer un féminisme radical. Pour cela, elles ont choisi d’adopter les principes du mouvement 4B, qui vise à se détacher des normes patriarcales. De l’autre côté, un certain nombre de femmes revendiquent leur retour dans le rôle de femme mariée au foyer, en suivant le mode de vie Tradwife. Ces deux phénomènes de société représentent les deux faces d’une même pièce, les États-Unis version 2025.
Le Mouvement 4B VS…
L’émergence du mouvement 4B aux Etats-Unis est un phénomène assez récent qui entretient une corrélation directe avec l’élection de Trump. À la suite des résultats, de nombreuses femmes avaient décidé de ne pas se laisser abattre par les discours et la politique misogyne du nouveau président. Pour comprendre les principes quelles ont adopté, il faut se rendre en Corée du Sud dans les années 2010. C’est là qu’est né le mouvement 4B, initié par les cercles féministes coréens. Son nom provient de quatre principes adoptés par ces femmes : Bihon, Bichulsan, Biyeonae, bisekseu.
Des mots peu parlant pour les Français, mais dont le sens transcende la barrière de la langue. Ne pas se marier avec des hommes, ne pas avoir d’enfants, ne pas sortir avec des hommes, ne pas avoir de relations sexuelles avec des hommes, tels sont les principes du mouvement 4B. Des mesures drastiques, avec un but précis: s’émanciper des normes culturelles et des pressions économiques qui sont liées aux conventions des couples hétéronormés plébiscitées au sein de la société.
Pour certaines militantes, la coupure avec les normes imposées par le patriarcat doit s’imposer à l’ensemble des domaines. Cela peut passer par un refus des codes physiques, en faisant une croix sur le maquillage, le soutien-gorge ou les cheveux longs… Il peut aussi s’agir de couper tout lien avec les hommes et vouloir « un monde sans hommes », en mettant fin à certaines amitiés, par exemple.
Si le phénomène est resté coréen dans un premier temps, il a fait écho aux Etats-Unis de manière exponentielle. Car si la culture coréenne est profondément imprégnée de misogynie, la société américaine voit émerger des plus en plus des hommes ouvertement sexistes. Ces derniers affirment défendre des valeurs de « tradition » américaine, dont l’émancipation de la femme ne fait visiblement pas partie.
…VS les Tradwifes
Ces valeurs traditionnelles ne sont pas défendues uniquement par des hommes, de nombreuses femmes américaines sont fières de se ranger derrière le conservatisme et le puritanisme américain. En tête d’affiche de ces femmes, se trouvent celles appartenant au mouvement Tradwife. Ce second mouvement applique tout ce que conjure le 4B. Il prône le retour de la femme au foyer et toutes les obligations que cela implique, comme un rythme de vie centré autour du mariage, de la famille et des enfants. Le mouvement Tradwife accorde aussi une place prépondérante à l’image et à l’esthétisme, en mettant en avant un style vestimentaire basé sur les codes des années 50, période où la femme au foyer était la norme. Celle-ci se base sur des jupes plissées, des robes corsetées et décolletées, des escarpins à talons hauts et en cuisine des tabliers à froufrous.
Tout comme le mouvement 4B, les Tradwifes apparaissent dans les années 2010, mais cette fois-ci dans le monde anglosaxon. Cette idéologie se développera un peu partout dans le monde, à commencer par la France. Deuxième point commun avec le mouvement 4B, il voit son importance grandir aux Etats-Unis à la suite de l’élection de Donald Trump, mais cette fois en 2016. Au cours de son premier mandat, il est popularisé par le discours antiprogressiste de Trump et la pandémie de Covid 19 qui renvoie les Américains chez eux.
Contrairement à ce que laisse entendre ce mode de vie, le mouvement Tradewife n’est pas unanimement positionné politiquement du côté de Trump. Si une partie suit effectivement ce discours, allant vers une soumission de la femme, la plupart d’entre elles se disent apolitiques. Cette majorité affirme ne pas se reconnaître dans les combats féministes. Malgré tout, certaines femmes adoptant ce mode de vie affirment être en partie féministes en soulignant que ce quotidien de Tradwife a été motivé par un choix et non une obligation.
Un conflit algorithmique
Le dernier point commun de ces deux mouvements, c’est qu’ils se sont développés aux Etats-Unis par le même canal: les réseaux sociaux. De plus en plus de militantes sont aussi influenceuses et basent l’essentiel du contenu qu’elles produisent autour de leur mode de vie. Une trajectoire bien plus empruntée par les Tradwifes qui comptent maintenant des têtes d’affiche sur les plateformes. Certaines militantes sont même allées défendre leurs valeurs en réponse à des militantes 4B lors de leur émergence sur les réseaux sociaux. Les réactions des utilisateurs à ces contenus polarisent le débat et éloignent les partisans de chaque mouvement. Aujourd’hui, ces deux façons de vivre ne représentent pas la majorité des Américaines. Pourtant, leurs discours prennent de plus en plus de place sur les réseaux sociaux comme pour défendre un territoire coupé en deux et irréconciliable.
Pour en savoir plus sur l’Amérique de Trump d’un point de vue écologique et climatique, cliquez sur ce lien: https://www.csactu.fr/les-etats-unis-de-donald-trump-face-au-defi-du-changement-climatique/