Les dix actus du mois :
- La France renonce à l’autorisation des néonicotinoïdes « tueurs d’abeilles »
Le Ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, a annoncé que le gouvernement ne signerait pas de dérogation pour autoriser l’usage des néonicotinoïdes pour les cultures de betteraves. Ce puissant insecticide enrobant les semences est responsable du déclin des colonies d’abeilles et a été interdit en 2018. Sauf que, depuis 2020, la France accorde des dérogations aux cultivateurs de betterave sucrière dans le but de lutter contre la jaunisse et avait prévu de continuer en 2023. Mais la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a jugé dans un arrêt du 19 janvier 2023 que ces dérogations étaient illégales. Ce qui a amené le gouvernement français à revenir sur son projet.
Sources : Le Monde, Libération, Le Figaro
- Dernière Rénovation mène des actions contre les ministères
Alors que Dernière Rénovation avait annoncé une mise en pause de ses actions en décembre 2022, le collectif est revenu en force en ce début d’année. Des écologistes se sont « attaqués » à plusieurs ministères en projetant de la peinture orange sur leurs portails; la police les a rapidement arrêtés. Parmi les ministères visés : ceux de l’Économie, de la Transition écologique … et même l’hôtel de Matignon, où réside la Première ministre, Elisabeth Borne. L’objectif du mouvement est d’obtenir un plan de rénovation thermique globale des bâtiments d’ici 2040.
Sources : Libération, Le Parisien, Midi Libre
- Le gouvernement présente son plan chasse
La secrétaire d’État chargée de l’écologie, Bérangère Couillard, a présenté le plan pour la sécurité de la chasse. Parmi les 14 propositions du gouvernement figure notamment l’interdiction de la chasse sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiant et le renforcement des formations des chasseurs. Mais c’est l’absence d’une mesure qui a fait le plus parler : l’interdiction de la chasse le dimanche. 78% des Français soutiennent une telle proposition, selon un sondage Ipsos réalisé en décembre 2022. Mais elle rencontre une vive opposition des chasseurs, emmenés par leur président, Willy Schraen. Après hésitation, le gouvernement a finalement préféré proposer la mise en place d’une application pour « identifier les zones et horaires non chassés ».
Sources : Le Monde, Reporterre, Franceinfo
- Non-lieu dans l’affaire du chlordécone
Le chlordécone est un pesticide très nocif interdit en 1990 en France, mais qui a continué à être autorisé jusqu’en 1993 dans les plantations de bananes en Guadeloupe et Martinique. D’après Santé publique France, plus de 90% de la population adulte des deux îles a été contaminée. Leur population présente également un des plus forts taux au monde de cancer de la prostate. En 2006, des associations martiniquaises ont porté plainte et la justice a commencé à étudier l’affaire à partir de 2008. Après 15 ans d’investigation, la justice a prononcé un non-lieu. Les juges d’instruction ont reconnu un « scandale sanitaire » mais estiment que les faits sont trop anciens pour obtenir une « preuve pénale ». Cette décision a soulevé l’indignation dans les Antilles. Les associations plaignantes ont fait appel.
Sources : Le Monde, Franceinfo, Marianne
- Danone assigné en justice pour sa pollution plastique
En septembre 2022, trois associations (Surfrider Foundation Europe, ClientEarth, Zero Waste) avaient mis en demeure plusieurs industriels, dont Danone. Ces industriels devaient réduire leur usage du plastique en vertu de la loi de 2017 sur le « devoir de vigilance ». Suite à cet avertissement, les trois associations ont assigné Danone devant le tribunal judiciaire de Paris le 9 janvier 2023. Elles lui reprochent de ne pas tenir compte de son utilisation du plastique dans son plan de vigilance alors qu’il s’agit d’un des plus gros pollueurs plastiques au monde. Elles demandent à la justice de contraindre le géant industriel à publier une «trajectoire de déplastification ». Danone s’est dit « très surpris » et assure avoir réduit sa consommation de plastique de 12% entre 2018 et 2021.
Sources : Reporterre, Les Echos, Le Figaro
- Allemagne : des activistes défendent un village contre l’expansion d’une mine de charbon
Lützerath est un petit village à l’Ouest de l’Allemagne. Il est en train de devenir un symbole de la lutte contre le changement climatique dans le pays. L’Allemagne a prévu la destruction de ce hameau dans le but de permettre l’agrandissement de la gigantesque mine de charbon de Garzweiler II. Mais des activistes écologistes l’occupent depuis 2022 et ont transformé les lieux en Zone à défendre (ZAD). Ils dénoncent l’exploitation du charbon, une énergie fossile très polluante qui contribue au réchauffement climatique. En janvier, le gouvernement allemand a décidé l’évacuation de Lützerath par les forces de l’ordre. Menant à des affrontements avec les milliers de manifestants et à des scènes surnaturelles : policiers bloqués dans la boue, activistes cagoulés perchés dans les arbres… La célèbre militante suédoise Greta Thunberg a également été interpellée par les forces de l’ordre.
Sources : Le Monde, L’Obs, Le Figaro
- Grande-Bretagne : Extinction Rebellion annonce mettre fin à ses actions de désobéissance civile
Extinction Rebellion (XR) a été créée en 2018 au Royaume-Uni pour dénoncer l’inaction climatique du gouvernement. On connaît ce collectif pour ses actions radicales, à l’image du blocage du Tower Bridge de Londres en août 2022. À la surprise générale, XR a annoncé le 1er janvier 2023 la suspension de ses actions de désobéissance civile. Le collectif estime qu’il est « nécessaire » de changer de stratégie pour mieux faire pression sur le pouvoir. Il souhaite mobiliser 100 000 personnes pour une grande manifestation devant le Parlement britannique qui aura lieu le 21 avril prochain. La branche française d’Extinction Rebellion et les autres jeunes mouvements écologistes (comme Just Stop Oil ou Dernière Rénovation), eux, continueront leurs actions de désobéissance civile.
Sources : Reporterre, France Inter, Le Point
- ExxonMobil avait connaissance du réchauffement climatique depuis les années 1970
Un article publié dans la revue Science prouve que l’entreprise pétrolière et gazière ExxonMobil disposait de projections fiables du changement climatique depuis 1977. Les chercheurs recrutés par la firme avaient estimé que le réchauffement de la planète serait de 0,20°C par décennie. Un chiffre qui correspond bien au rythme actuel. Pourtant, ExxonMobil a jeté le doute pendant des décennies sur les travaux scientifiques mettant en évidence un tel réchauffement climatique. Ce dernier est causé par les émissions de gaz à effet de serre, principalement produites par l’exploitation des énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon).
Sources : Le Monde, La Voix du Nord, Les Echos
- Au moins la moitié des glaciers aura disparu d’ici la fin du siècle
Une étude, elle aussi publiée dans Science, propose de nouvelles estimations à propos de la fonte des glaciers sous l’effet du réchauffement du climat. Ses résultats sont plus pessimistes que les précédentes projections. Ils montrent que les glaciers pourraient perdre entre 14% et 23% de masse de plus que ce qu’estimaient jusque-là les scientifiques. Dans le scénario le plus optimiste, la moitié des glaciers aura disparu en 2100. Un chiffre qui monte à 83% avec la projection la plus pessimiste. La fonte des neiges éternelles contribue à la hausse du niveau des mers.
Sources : Le Point, L’Obs, 20 minutes
- La couche d’ozone devrait être restaurée d’ici quelques décennies
La couche d’ozone est une épaisseur de gaz qui enveloppe la Terre et la protège des rayons solaires ultraviolets, permettant le développement de la vie. Les scientifiques ont constaté la formation d’un trou dans les années 1980 au-dessus de l’Antarctique. Face aux alertes, les États se sont mobilisés et ont signé en 1987 une convention interdisant l’utilisation des gaz responsables de la catastrophe (notamment les chlorofluorocarbures (CFC), utilisés dans les aérosols). Une initiative couronnée de succès puisque, 36 ans plus tard, l’ONU vient d’annoncer que le trou dans la couche d’ozone était en train de se reconstituer. Il pourrait se résorber d’ici 2066.
Sources : Franceinfo, Le Figaro, Le Monde
Le chiffre du mois : 14,5°C
Avec une température moyenne de 14,5°C, l’année 2022 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée en France. Selon les données de Météo France, elle a battu le précédent record de 0,4°C (c’était 2020, avec une moyenne de 14,07°C). Excepté janvier et avril, tous les mois de l’année 2022 ont connu des températures supérieures aux normales de saison. Cette hausse des températures est à relier au changement climatique, un phénomène global causé par les gaz à effet de serre émis par les activités humaines.
Sources : Libération, Reporterre, Le Figaro
La citation du mois : « Qui aurait pu prédire […] la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? »
Cette petite phrase d’Emmanuel Macron, glissée lors de ses dix-neuf minutes de vœux aux Français, a fait couler beaucoup d’encre. En s’exprimant ainsi, le Président de la République a laissé entendre que le dérèglement climatique et ses conséquences (à l’image des feux de forêt de cet été) étaient inattendus. Pourtant, comme l’ont rappelé de nombreux chercheurs, cela fait plusieurs décennies que la communauté scientifique alerte sur ce phénomène. Le premier rapport du GIEC, référence en la matière, date ainsi de 1990.
Sources : Franceinfo, Le Monde, Le Figaro
L’animal du mois : le dauphin commun
Le dauphin commun (delphinus delphis) est un célèbre mammifère marin. D’une longueur d’environ deux mètres, on le reconnaît à son dos gris et à ses flancs blanchâtres. Les dauphins sont célèbres pour leurs sauts hors de l’eau, qui leur permettent de reprendre leur respiration. Ils se déplacent en groupe et se nourrissent de petits poissons. Le dauphin commun est une espèce protégée en France. Il possède deux sous-espèces : le dauphin commun à bec court et le dauphin commun à long bec.
En ce début d’année, de nombreux dauphins, principalement des dauphins communs, sont trouvés morts sur les côtes atlantiques. Entre Noël 2022 et le 15 janvier 2023, près de 300 dauphins se sont échoués au niveau du golfe de Gascogne. Les cadavres sont la plupart du temps mutilés, laissant penser à une pêche illégale. Mais la principale piste serait que les pêcheurs prennent accidentellement les dauphins dans leurs engins. Ils sont censés en avertir les autorités, mais certains préféreraient rejeter les corps à l’eau par peur de sanctions. Ce phénomène n’est pas nouveau, mais le nombre de cas augmente ces dernières années. L’association Sea Shepherd France a porté plainte auprès du tribunal de Bordeaux.
Sources : Le Monde, Le Figaro, TF1