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La question corse, nouvel entrant dans la campagne présidentielle 2022

Ce mercredi 16 mars, et pour une durée de trois jours, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est rendu à Ajaccio, après plusieurs semaines de tensions importantes liées à l’attaque qu’a subie Yvan Colonna, nationaliste corse et coupable du meurtre du préfet Erignac en prison. La possibilité d’une autonomie corse a été avancée par le ministre, ce qui fait que cette question a pris une place importante dans la campagne présidentielle lors de ces derniers jours.

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Des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Corte (Haute-Corse), en soutien à Yvan Colonna, quelques jours après son agression. PHOTO AFP
« Une autonomie qui n’est pas un tabou »

Si Gérald Darmanin a entamé ce débat pour le gouvernement, il a été rapidement repris par le président-candidat Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse. Ce dernier a à la fois défendu son bilan et mis en avant de nouvelles propositions, notamment une « évolution institutionnelle de la Corse ».

Pour le chef de l’Etat, la question de « l’autonomie [corse] n’est pas un tabou ». Néanmoins, il souligne également qu’il avait déjà abordé cette question lors d’un déplacement à Bastia en 2018, où il fallait désormais « parler de fond et avancer sur ce qu’on met derrière l’autonomie ». Ainsi, s’il se dit prêt à « reconnaître les spécificités historiques, géographiques et culturelles », Emmanuel Macron insiste néanmoins sur le fait que cela se fera « dans la République et la langue française ».

Une sortie de crise envoyée au gouvernement par les nationalistes

C’est l’agression en prison subie par Yvan Colonna qui semble avoir mis le feu aux poudres sur l’île de Beauté. Suite à la visite de Gérald Darmanin, les nationalistes corses ont envoyé au ministère de l’Intérieur un protocole de sortie de crise. Cela marque la première étape d’un processus important dans l’histoire corse. 

En effet, ce document permet de mettre par écrit les engagements de l’Etat sur ces derniers jours. Il comporte donc plusieurs points importants à la fois sur la situation personnelle d’Yvan Colonna et aussi sur la situation plus générale de la Corse. Ce protocole porte donc sur le rapprochement vers la Corse des complices de Colonna dans l’assassinat du préfet Erignac, sur la recherche de la vérité sur l’agression subie par Yvan Colonna et enfin, le début du processus d’une autonomie de la Corse.

Après la remise de ce rapport, le président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, indépendantiste, a annoncé que les premières réunions entre l’Etat, via Gérald Darmanin, et la Corse auraient lieu début avril et aborderaient « l’ensemble des problématiques corses, sans exclusive, dont une évolution institutionnelle vers un statut d’autonomie qui reste à préciser ». Les deux parties ont néanmoins convenu que la « mise en œuvre de ce processus historique ne peut s’envisager que dans un cadre général apaisé et calme », en réponse aux différentes manifestations ayant eu lieu depuis quelques jours sur l’île de Beauté. 

Une autonomie basée sur le modèle catalan ou sur les régions italiennes

Même si aucune annonce dans ce sens n’a été faite, il est possible que si autonomie corse il y a, elle pourrait ressembler à l’autonomie qu’a la Catalogne vis-à-vis de l’Espagne. Ainsi, cela pourrait signifier une plus grande liberté sur certaines compétences régaliennes, comme la police ou des dépenses publiques plus tournées vers la Corse. Néanmoins, il semble compliqué que la Corse puisse obtenir la même indépendance au niveau de l’éducation puisque les principaux candidats dont Emmanuel Macron ont d’ores et déjà annoncé que l’autonomie corse se passerait dans la langue française.

Le modèle corse pourrait également se rapprocher des cas de la Sicile et de la Sardaigne pour l’Italie. Ainsi, la Sicile est totalement autonome aux niveaux financier et fiscal. La Sardaigne, quant à elle, récupère 70% de l’impôt sur le revenu. Ces deux régions ont des compétences exclusives sur l’enseignement primaire – peu probable pour le cas de la Corse vis-à-vis de la France – le tourisme, le transport, l’urbanisme, l’industrie, le commerce ou encore la police locale. L’Etat italien garde néanmoins la main sur les domaines de la justice, la défense, la monnaie et l’immigration.

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