Qu’est-ce que la primaire populaire ?
La primaire populaire est une élection initiée par les militants dans le but de désigner un candidat rassemblant la gauche autour d’un programme commun. Le porte-parole et directeur politique de la primaire, Samuel Grzybowski devient la figure de cette initiative populaire.
C’est du 27 au 30 janvier 2022 que les inscrits pourront voter, lors d’un jugement majoritaire à un seul tour. Le jugement majoritaire qui « porte les germes d’une véritable révolution politique » selon Samuel Grzybrowski, est un mode de scrutin peu utilisé en France. Ressemblant au vote par panachage, les électeurs devront attribuer une mention à chaque candidat, allant de « insuffisant » à « très bien ».
Quels sont les enjeux ?
Pour la gauche, les enjeux sont de taille. Il s’agit de rassembler la multitude de candidature à gauche qui risque dangereusement de disperser les votes. Dangereux surtout dans un contexte où l’extrême droite, incarnée traditionnellement par Marine Le Pen mais désormais tout autant par le polémiste Éric Zemmour, a bénéficié d’une visibilité médiatique immense. Les propos du polémiste – qualifiés par certains de clivants – l’ont placé au-devant de la scène médiatique. La droite a, quant à elle, déjà procédé à sa primaire, ce qui souligne encore plus la profonde discorde régnant à gauche. La primaire est donc l’opportunité pour les nombreux candidats de s’unifier autour d’un socle commun, dans l’optique de rassembler les votes et de faire front face à l’extrême droite.
Qui participent ?
7 candidats ont été retenus par les organisateurs de la primaire populaire : Anne Agueb-Porterie, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Pierre Larrouturou, Charlotte Marchandise, Jean-Luc Mélenchon et Christiane Taubira.
Cependant, seule Christiane Taubira a déclaré qu’elle se plierait au résultat de ce scrutin, contrairement à Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo et Yannick Jadot qui ont refusé d’y participer.
Des gauches irréconciliables ?
Le refus de participer à la primaire s’explique par plusieurs raisons. Tout d’abord, cela révèle que la politique est encore bien trop un jeu d’ego. Se concentrant plutôt sur leurs points de divergence que de convergence, les candidats n’ont pas manqué une occasion de montrer en quoi leur programme était différent, et en quoi ils sont l’homme ou la femme providentielle. Fruit de la personnalisation de la fonction présidentielle inhérente aux institutions de la Vème République, la campagne se concentre avant tout sur la personnalité du candidat que sur son programme.
De plus, la culture du compromis n’existe pas en France, au contraire de l’Allemagne par exemple, où la formation du gouvernement se négocie des mois durant afin de former une coalition rassemblant les partis ayant reçu le plus de voix. Cette dissonance parmi les candidats de gauche, à moins de quatre mois des élections présidentielles décrédibilise l’initiative de la primaire et compromet fortement son objectif initial.
L’idée d’une union des gauches n’est pourtant pas comme l’a montrée la gauche plurielle qui a dominé l’Assemblée nationale de 1997 à 2002. Même si elle a eu lieu dans un contexte différent qui était celui de la cohabitation, elle avait le même objectif : réunir les gauches sous un programme commun pour rassembler l’électorat.
Malgré l’ampleur des enjeux, les gauches semblent irréconciliables. L’utilité de la primaire peut donc être questionner étant donné que la majorité des candidats a assuré ne pas vouloir tenir compte des résultats.
« Qu’on nous laisse parler de nos propositions et qu’on arrête de nous embêter, qu’on nous laisse gagner. Que la Primaire populaire arrête de tuer la gauche et l’écologie ».
Yannick Jadot, à propos de la primaire populaire
Selon le candidat LFI Jean-Luc Mélenchon, la primaire « empêcherait la mobilisation » et Anne Hidalgo, ayant dans un premier temps annoncé sa participation à la primaire, a finalement fait volte-face et assuré qu’elle ne « tiendrai[t] pas compte des résultats ».
Pour beaucoup, la primaire arrive trop tard pour permettre un éventuel rassemblement, tandis que d’autres dénoncent les modalités du vote. En effet, l’Institut universitaire de France a souligné que la primaire ne respectait pas le principe de sincérité du scrutin, étant donné que tous les candidats désignés n’ont pas donné leur accord pour y participer.
La motivation derrière cette primaire est aussi décriée. Dans une vidéo destinée aux bénévoles de la Primaire Populaire, Samuel Grzybowski déclare que « notre but, c’est d’empêcher que les membres du bloc des justices – Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, Arnaud Montebourg et Yannick Jadot – puissent avoir les 500 signatures (…) Si on les critique de plus en plus sur les réseaux sociaux, sur Twitter, dans les médias, on peut faire baisser leur côte de popularité ». Les intentions de la primaire sont donc douteuses, ce qui n’a pas créé un sol fertile à la participation des candidats.