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La plantation de haie : des bénéfices écologiques et agricoles

A l’occasion du Salon international de l’Agriculture, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Marc Fesneau a présenté un plan d’actions rendant opérationnel le Pacte en faveur de la haie. Il a pour objectif de planter 50 000 km de haies supplémentaires en France avant 2030. Trésors de biodiversité, outils de lutte contre le dérèglement climatique et bénéfices agronomiques, les haies ont beaucoup à offrir… 

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Adrien Hirson a planté 1.3km de haies dans ses champs marnais. 06/2023 ©Roxane Boudesocque
Adrien Hirson a planté 1.3km de haies dans ses champs marnais. 06/2023 ©Roxane Boudesocque

La haie est un élément structurant de nos paysages et sa multifonctionnalité permet d’assurer de nombreux services”, explique Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire sur X (anciennement Twitter).

Portée par diverses politiques nationales et européennes, la replantation de haie gagne en popularité, notamment chez les jeunes agriculteurs. En juin dernier, Adrien Hirson, agriculteur, a planté 1,3 kilomètres de haies dans ses champs à proximité d’Epernay. Originaire des Ardennes, il fait le constat que les plaines marnaises sont particulièrement nues. Depuis les années 1950, 750 000 kilomètres de haies ont été arrachés en France. Cela s’est notamment fait sous l’effet du remembrement agricole selon l’Office français de la biodiversité (OFB). 

Les écosystèmes en ont évidemment souffert. « Certaines espèces sont inféodées à ces structures bocagères, autrement dit elles en dépendent grandement et ne peuvent vivre sans« , explique la Ligue Protectrice des Oiseaux de Champagne Ardennes (LPO).

Cette carte présente la densité des haies en France métropolitaine. La Marne ne figure pas parmi les bons élèves. Source : OFB

Des réservoirs de biodiversité

« L’idée était de recréer des îlots de biodiversité « , explique donc Adrien Hirson. En effet, ces haies constituées d’arbres, d’arbustes, de ronces et d’autres végétaux sont de véritables écosystèmes. « Ce sont des milieux essentiels pour certaines espèces qui s’y reproduisent ou s’y reposent et ce sont aussi des lieux d’alimentation pour d’autres« , indique la LPO. La replantation de haies bocagères est donc un enjeu important dans un contexte de sixième extinction de masse. 

Selon l’OFB, plus de 17% de la faune et de la flore est menacée en France. « Dans la Marne par exemple, certaines espèces comme l’outarde canepetière, oiseau symbolique de la plaine champenoise, ont même totalement disparu « , déplore la LPO. La ligue travaille donc à l’aménagement de haies et de bocages. Elle cherche ainsi à recréer des corridors écologiques « indispensables durant les périodes de migrations « .

En plus d’abriter les petits mammifères comme des lièvres ou des chevreuils et les oiseaux, les haies bocagères attirent les auxiliaires de cultures. Elles sont donc bénéfiques d’un point de vue agricole d’après Adrien Hirson. “Ces auxiliaires sont des organismes vivants qui régulent les ravageurs et fécondent les plantes”, explique-t-il. Parmi eux, on trouve des insectes comme les coccinelles mais aussi des champignons et des bactéries. Les haies font rapidement leur preuve selon les agriculteurs interrogés. « Même quand les plants venaient d’être installés, on observait déjà des insectes sur les toiles de jutes « , se souvient Adrien Hirson.

Les haies : outils de lutte contre le dérèglement climatique ?

En plus d’être de véritables réservoirs de biodiversité, les haies bocagères peuvent aider à l’atténuation du dérèglement climatique en cours. Pour les auteurs du GIEC, les principaux enjeux résident dans la réduction des émissions des gaz à effet de serre d’origine anthropique. Mais aussi dans le stockage de ces gaz comme le dioxyde de carbone. Les sols contiennent trois fois plus de carbone que l’atmosphère. Ils constituent donc le plus grand réservoir terrestre de carbone. Accroître les stocks de carbone dans les sols est donc synonyme d’atténuation du dérèglement climatique.

Justement, selon une étude menée par Valérie Viaud, chercheuse à l’INRAE, « dans les zones agricoles, la plantation de haie est une pratique d’agroforesterie favorable à l’accroissement des stocks de carbone dans les sols« . En effet, ces travaux montrent que les stocks de carbone dans les sols sont plus élevés au voisinage des haies que dans les parcelles qu’elles bordent. Une plantation peut stocker entre 3 et 5 tonnes de CO2 par kilomètre de haies. Pour rappel, une tonne de CO2 correspond environ à un aller-retour Paris / New-York en avion.

Un complément à d’autres pratiques

Selon une étude de l’INRAE menée en 2019, pour réduire de manière significative la concentration de CO2 dans l’atmosphère, il faudrait augmenter de 0.4% le stockage de carbone dans les sols chaque année. Il s‘agit de l’objectif 4‰

Cependant, d’après les travaux de Valérie Viaud, l’implantation de haies autour des parcelles agricoles n’est pas suffisante pour atteindre cet objectif. Un article de l’INRAE l’explique : « Elle ne permettrait qu’un stockage de carbone additionnel annuel de 1 à 1,5 ‰, ce qui suggère que cette implantation soit pensée en complément d’autres pratiques d’entretien ou d’amélioration des stocks de carbone dans les paysages agricoles « . Il est également important de noter que le potentiel de stockage des haies peut varier selon les caractéristiques des haies et des propriétés des sols.

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