Soulagement pour la Maison-Blanche ! Après de longues semaines de négociation, un compromis budgétaire a enfin été trouvé. L’objectif ? Relever le plafond maximal d’endettement public autorisé. Ce dernier est initialement soumis à 31 400 milliards de dollars. Janet Yellen, secrétaire au Trésor, alarmait la situation depuis plusieurs semaines. Elle invitait les élus de la Chambre à rapidement trouver une solution. Ils avaient jusqu’au 1er juin, date limite qui imposait le remboursement d’intérêt et d’obligations.
Cette loi sauve les États-Unis d’un défaut de paiement inéluctable au 5 juin et permet jusqu’en janvier 2025 de suspendre le plafond de la dette publique. Le Président Joe Biden a tenu à féliciter l’ensemble des acteurs de cette loi dont le chef républicain Kevin McCarthy dans un cadre politique très tendu où la moindre action fera mouche pour la campagne à venir en 2024.
Un précieux triple A sous surveillance
Toute cette précipitation aura eu raison de l’agence de notation Fitch Ratings qui s’est permis de faire pression sur l’accord en mettant un AAA sous surveillance. Cette notation a été établie au vue des différentes tensions politiques ainsi que la difficulté à trouver un accord sur un texte.
Une note remise en jeu peut avoir de très grandes répercussions car elle met en évidence les faiblesses (et atouts) financières vis-à-vis des investisseurs ou spéculateurs. C’est l’attractivité du système financier américain qui est mis alors sous surveillance.
On pourrait croire qu’avec cet accord tout cela semble fini, mais non. Fitch Ratings a émis un communiqué ce vendredi 2 juin, témoignant de leurs salutations vis-à-vis des accords établis. Ce communiqué évoquait également leur pessimisme compte tenu des tensions politiques répétées autour de la dette et donc de la confiance envers la gouvernance qui s’est dégradée sur les questions budgétaires.
“In fact, there has been a steady deterioration in governance over the last 15 years, with increased political polarization and partisanship as witnessed by the contested 2020 election, repeated brinkmanship over the debt limit and failure to tackle fiscal challenges from growing mandatory spending has led to rising fiscal deficits and debt burden.”
Communiqué de Fitch Ratings
Selon l’agence, c’est le résultat d’une constante divergence politique depuis quinze ans qui amène à une surveillance accrue de la note. Cependant, il est également souligné que la notation est soutenue par les différents agrégats macroéconomiques. Parmi eux, la taille de l’économie, le PIB par habitant et les différentes dynamiques économiques qui alimentent cette nation. Ceci est accompagné d’une monnaie qui est la première monnaie de réserve mondiale. Ce qui permet aux États-Unis de posséder une économie solide ainsi qu’une marge de manœuvre inégale. En attendant le troisième trimestre 2023, le pays reste sous surveillance.
Le coût de l’assurance contre le défaut de paiement des États-Unis grimpe
Le prix de l’assurance contre un défaut du gouvernement américain n’a cessé d’augmenter ces dernières semaines vis-à-vis du doute instauré. En effet, les traders ont commencé à intégrer leurs craintes que la plus grande économie du monde ne respecte pas ses obligations financières.
Les « crédit default swaps » d’un an se négocient à 106 points de base, selon les données de Bloomberg. Il s’agit de son plus haut niveau depuis au moins 2008, contre 15 points de base au début de l’année. C’est bien au-delà des niveaux de 2011, lorsqu’une impasse à Washington sur le plafond de la dette américaine a conduit le pays à perdre sa note de crédit triple A de premier ordre.
Conséquence d’un défaut de paiement
Un défaut de paiement représenterait une catastrophe économique et financière pour les États-Unis. Mais également pour l’ensemble du circuit international. Si le Congrès n’avait pas voté à temps pour suspendre le plafond de la dette jusqu’en janvier 2025, les États-Unis auraient été dans l’incapacité d’honorer leurs engagements vis-à-vis de leurs créanciers, leurs retraités, anciens combattants ou encore prestataires d’allocation. En effet, les États-Unis seraient en incapacités de rembourser les agents détenant un bon du Trésor américain, soit le premier placement mondial financier.
Un défaut de paiement américain aurait entraîné une chute de la confiance dans le dollar. Ceci aurait eu pour conséquence d’augmenter les taux d’intérêt et baisser les marchés boursiers. Par la suite, le pays aurait subit une récession. Cette période économique se serait alors traduit par une augmentation du chômage, une réduction du pouvoir d’achat et une aggravation des inégalités.
Ce défaut de paiement aurait également porté atteinte à la crédibilité et au leadership des États-Unis sur la scène internationale. Cela aurait affaibli leur capacité à défendre leurs intérêts et leurs valeurs. Heureusement, le Congrès a fini par trouver un compromis après des semaines de tractations entre le Président Joe Biden et les Républicains. Ces derniers ont utilisé le plafond de la dette comme un levier politique pour s’opposer au plan de relance et aux réformes sociales du démocrate. Le texte voté par le Sénat et la Chambre des représentants a permis d’écarter la menace d’un défaut de paiement. Les marchés s’en sont vu rassurés par la même occasion. Toutefois, il ne résout pas le problème de fond du plafond de la dette. Il pourrait ressurgir à l’avenir si les parlementaires ne parviennent pas à s’entendre sur une réforme structurelle du mécanisme.
Communiqué de Fitch Ratings :
Despite Debt Limit Agreement U.S. ‘AAA’ Rating Remains on Negative Watch (fitchratings.com) : La piste du défaut de paiement américain éloignée