Ces dernières années, l’industrie de la musique soul fait son grand retour sur le devant de la scène après quelques décennies de présence plus discrètes. Comment expliquer ce regain de popularité pour la soul ? Quels sont les nouveaux artistes à suivre ?
L’héritage des années 1960-70
D’abord, il faut revenir aux classiques. Si personne n’a oublié la reine de la soul, Aretha Franklin et son homologue masculin Otis Redding, le répertoire des années 1960-70 n’est plus vraiment à la mode. Hormis quelques utilisations au cinéma ou en publicité, la musique américaine soul s’incline devant le succès incontestable de la pop et du rap.
Pourtant, quelques voix continuent de s’inspirer du répertoire soul. Du chanteur Seal ayant consacré deux albums aux reprises des titres les plus emblématiques de Sam Cooke ou encore James Brown, à Lana Del Rey, influencée par la technique vocale d’Ella Fitzgerald, les reprises contemporaines ont relancé timidement l’intérêt pour ces vieux disques. Beyoncé a dépoussiéré la chanson de jazz Fever, après une reprise sulfureuse de Madonna en 1992.
En 2006, Amy Winehouse rencontre un succès fulgurant avec son album Back to Black qui se vend à 11 millions d’exemplaires cette année-là. La chanteuse britannique remporte des Grammy Awards pour ses tubes qui participent à réintroduire la soul, le blues et le jazz dans les meilleurs ventes. Plus récemment, les réseaux sociaux exploitent massivement de vieux enregistrements soul. Marvin Gaye, Al Grenn ou Stevie Wonder voient leurs téléchargements bondir.
Le paysage soul contemporain : la neo-soul
2021 a été une année prospère pour la soul, en particulier au Royaume-Uni où de nouvelles voix émergent et s’affirment tout en douceur. La diffusion par les réseaux sociaux et les plateformes de streaming a été d’une grande efficacité pendant les périodes de confinement. En 2018, le premier album studio de la britannique Jorja Smith Lost and Found avait fait sensation. Peu après, elle s’impose parmi les artistes très écoutés des derniers mois sur Spotify.
La chaîne You Tube Colors, qui invite des chanteurs dans un décors minimaliste a joué un grand rôle pour conquérir un public de plus en plus large. Mahalia ou Pip Millet y ont fait découvrir leurs voix envoûtantes et profondes. Un seul micro pour accessoire souligne les performances vocales exigeantes qui héritent des techniques du jazz et du gospel.
Cette génération de chanteurs neo-soul n’hésite pas à s’inspirer des classiques en les mélangeant au rock, au gospel, à l’électro et au rap. Ces innovations musicales donnent parfois lieux à des collaborations savoureuses. Cleo Sol, chanteuse britannique de soul, a ainsi atteint plus de deux millions de vues sur son clip de Selfish avec la rappeuse Little Simz. Un voix envoûtante et tendre qui a su charmer les auditeurs sur ses deux albums solo, Rose in the Dark et Mother.
La neo-soul devient la reine des playlists « chill » et « cosy » pour se blottir chez soi en attendant la fin du confinement. Des chansons réconfortantes et des mélodies rythmées et sensuelles semblent parfaitement convenir à notre époque. D’autres artistes modernisent ces tonalités vintages pour jouer avec l’hybridité des genres. Parmi eux, Gaida, RIMON, Ari Lennox, Daniel Ceasar, Si Rou Ace Tee sont désormais à l’affiche des festivals les plus populaires.
Ces nouvelles voix, majoritairement noires, ont aussi accordé leur soutien au mouvement Black Lives Matter lors des manifestations aux État-Unis en 2021. La neo-soul se diffuse pourtant au-delà de l’Atlantique et enthousiasme les artistes européens en Angleterre (Mahalia), en France (Asa), en Allemagne (Ace Tee) ou aux Pays-Bas (RIMON). Le succès déjà confirmé de la neo-soul laisse donc présager des collaborations internationales riches en surprises !