Contexte et genèse de la mission
La mission AIGLE a pour principal but d’éviter que le conflit entre la Russie et l’Ukraine ne s’étende au-delà des frontières ukrainiennes, c’est-à-dire aux pays membres de l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord). C’est dans ce contexte de tensions au niveau de l’Est de l’Europe que le Commandement suprême des forces alliées en Europe (SACEUR) a décidé d’activer les Graduated Response Plans (GRP). L’aval du Conseil Atlantique Nord (NAC) a été décisif pour mettre en place cette première partie des plans de défense régionaux de l’Alliance dont la mission AIGLE fait partie.
Comment la France prend part à cette mission ?
En déployant le bataillon « fer de lance » de la Force de réaction rapide de l’OTAN (NATO response force – NRF) en Roumanie, la France souhaite participer au renforcement de la posture dissuasive et défensive que l’Alliance a choisi d’adopter face à la Russie. Les troupes françaises ont été déployées aux côtés des unités belges et opèrent sous le commandement intégré de l’OTAN depuis la base Mihail Kogalniceanu, près de Constanţa. La mission AIGLE consiste majoritairement en une mission de réassurance terrestre, même si une police du ciel a été mise en œuvre grâce au déploiement du Groupe aéronaval (GAN) en Méditerranée centrale. La France joue également un rôle de nation-cadre lors de cette mission puisqu’elle en assure le commandement et l’armement.
Quelles sont les forces militaires engagées sur place ?
Ce ne sont pas moins de 500 soldats qui constituent le détachement français en Roumanie. Le Groupement tactiques interarmes (GTIA) est armé par des unités du 27ème Bataillon de chasseurs alpins d’Annecy, du 126ème Régiment d’infanterie de Brive-la-Gaillarde, du 4ème Régiment de chasseurs de Gap et du 93ème Régiment d’artillerie de montagne Varces. Le GTIA est commandé par le colonel Vincent Minguet, chef de corps du 27ème BCA.
Au total, le bataillon engagé sur la mission AIGLE est composé de 800 soldats (500 français et 300 belges). Ce bataillon est également équipé de 6 chars à roues AMX 10 RC (engin blindé roues canon), 43 VAB (véhicules de l’avant blindé), 19 PVP (petit véhicule protégé), 27 VBL (véhicule blindé léger) côté français. Les belges ont quant à eux déployé 16 véhicules Piranha, 3 Dingos et 6 Lynx.
Les soldats de la mission AIGLE coopèrent également avec les militaires roumains, américains, néerlandais, allemands, italiens et britanniques présents sur place.
Quels sont les buts de la mission AIGLE ?
Tout d’abord, la mission AIGLE vise à renforcer le dispositif OTAN qui était déjà présent en Roumanie avec les unités italiennes, allemandes et américaines. Ce dispositif se veut également dissuasif vis-à-vis de la Russie et en posture de réassurance vis à vis de la Roumanie. Enfin, cette mission consiste également à mener des exercices et des entraînements conjoints pour : avoir une meilleure maîtrise des procédures OTAN, renforcer l’interopérabilité et connaître le terrain grâce à l’appui et la coopération des forces roumaines.
Les officiels en visite en Roumanie
Suite à la projection du bataillon « fer de lance » en Roumanie, de nombreux officiels sont venus à là rencontre des soldats le composant.
Le 6 mars 2022, la ministre des Armées Florence Parly ainsi que le général d’armée Thierry Burkhard, Chef d’état-major des armées (CEMA) ont ouvert le bal. Ils se sont déplacés dans le cadre d’une cérémonie officielle organisée par la Roumanie. Durant celle-ci, le président de la République roumain, Klaus Iohanis, a salué la réactivité de la communauté internationale et les soldats français et belges qui opèrent au sein de la mission AIGLE. Ensuite, le général Buckhard et la ministre des Armées ont suivi une présentation des capacités militaires du bataillon. La ministre en a également profité pour témoigner sa confiance, sa reconnaissance et celle du peuple français aux militaires opérant sous le drapeau tricolore.
Le 15 mars 2022, c’est cette fois-ci la ministre de la Défense belge, Ludivine Dedonder qui s’est rendue en Roumanie. Elle a pu échanger avec son homologue roumain Nicolae Ciuča et a tenu à affirmer le caractère inédit de cette mission.
Où en est la mission AIGLE de nos jours ?
Les fantassins de la mission AIGLE effectuent de nombreux entraînements afin de pouvoir être opérationnels en cas d’attaque. De plus, le général de division Frédéric Boucher, adjoint au Chef d’état-major en charge des opérations OTAN au Join Force Command de Naples, a rendu visite au bataillon franco-belge afin de s’assurer de la bonne intégration de celui-ci et de la bonne exécution de la mission qui lui a été confié.
Cependant, malgré la réussite de leur projection en Roumanie, cette nouvelle mission laisse place à l’incertitude du côté des soldats qui ne savent pas pour combien de temps ils vont se retrouver en OPEX (opération extérieure). Le caractère nouveau et historique de cette mission est également à souligner.