Le journal pour les jeunes, par les  jeunes

La liberté d’expression prend l’accent russe au sein de l’empire médiatique de Vincent Bolloré 

L'empire médiatique de Vincent Bolloré a franchi un cap dans le soutien à la Russie en recrutant Xenia Fedorova, ancienne directrice de RT France. Les explications de CSactu.  

Partagez ce post

Vincent Bollore, un petit à la monde Russie- Photo by Icon Sport

« Une ode à la liberté de la presse et au pluralisme« . Tels sont les mots que l’on peut lire dans le sublime portrait de Xenia Fedorova réalisé pour le JDNews. Un papier évoquant l’histoire de la nouvelle muse pro-russe de l’empire médiatique de Vincent Bolloré. On navigue entre son « acharnement politique » qu’elle aurait vécu, sa passion pour le Jardin du Luxembourg ou encore ses mentors littéraires.  Mais qui est-elle vraiment ? 

Un positionnement clair

Xenia Fedorova est tout simplement l’ancienne directrice de Russia Today France. Une chaîne qui a été décrite comme promouvant la propagande russe dont la diffusion a été interdite en 2023. Cette journaliste se caractérise par ses nombreux propos pro-russes. Elle a notamment affirmé sur ses réseaux sociaux que c’est l’Ukraine qui aurait déclenché la guerre avec la Russie en 2014 en bombardant le Donbass. Un discours qu’elle continue encore de prôner aujourd’hui. 

Une nouvelle arrivée

Si son nom ne vous dit encore rien, il vous suffira maintenant de zapper sur la chaîne 16 de la TNT pour écouter son discours pro-Kremlin. Comme vous l’aurez compris, Xenia Fedorova est devenue une nouvelle chroniqueuse de la chaîne CNews. Une décision controversée mais ne semble pas contrarier ces nouveaux collègues de travail comme Pascal Praud qui voit en elle « une voix différente, qui défend le point de vue russe« . L’argument prôné pour justifier cela est toujours le même : la liberté d’expression.

Bolloré et Poutine, divine idylle ?

Ce choix de Vincent Bolloré peut poser question sur la connivence de ses idées avec la Russie. Pour Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès, il s’agit plus d’une opportunité d’occuper l’espace médiatique. 

« Je ne dirais pas qu’il y ait une connivence. Il y a simplement une évolution du conflit russo-ukrainien et une évolution des opinions publiques occidentales. Autant il était très compliqué dans les deux premières années de la guerre, voire impossible, de donner la parole sur un plateau à une journaliste identifiée comme un porte-parole du Kremlin. Autant, maintenant que la Russie enregistre sur le terrain un certain nombre d’avancées et que l’hypothèse de négociation est devenue réalité avec l’élection de Donald Trump. Il est peut-être plus admissible de présenter une couverture qui se veut équilibrée du conflit« 

Des politiques complices 

Si ce point de vue peut interloquer puisque d’un autre côté Emmanuel Macron affirme son soutien à l’Ukraine et s’active pour créer une défense européenne solide pour se protéger de la Russie, d’autres personnalités politiques sont bien plus ambiguës sur la question. C’est notamment le cas du président du parti « Debout la France« , Nicolas Dupont-Aignan. Il estime que la menace russe est un « délire inventé par le Président de la République« . Même constat pour François Fillon, qui lors d’un entretien accordé à Valeurs Actuelles, a minimisé le risque de guerre avec la Russie en expliquant que l’islamisme est un bien plus grand danger pour la France. 

Une réponse ferme

Devant l’avènement de la position pro-russe des médias de Vincent Bolloré, l’éxécutif n’hésite pas à riposter. Il a notamment répondu à des accusations faites dans un article du JDD sur le compte X de l’Élysée.

« La Présidence de la République dément avoir employé les termes « faire peur » qui lui sont prêtés dans l’édition du jour du JDD. Il ne s’agit ni de son expression ni de son intention. En cette période grave où, face à la menace russe, la quasi-totalité des chefs d’État et de gouvernement européens prend des mesures inédites pour assurer leur défense, chacun doit veiller au respect de la parfaite véracité des faits. Le moment exige lucidité, patriotisme et sens de l’unité nationale« 

Le RN embêté ? 

Si Emmanuel Macron n’est pas ravi de ces prises de positions, un adversaire politique pourrait bien aussi en payer les pots cassés. Le Rassemblement National de Jordan Bardella essaie depuis le début de la guerre en Ukraine de s’enlever, non sans mal, l’étiquette d’amie de la Russie. L’avènement de la position pro-russe de la chaîne qu’une partie de l’opinion publique considère comme “la chaîne de l’extrême droite” ne fait pas les affaires du RN. Néanmoins, cet impact est à nuancer. 

« Je pense que ça retombera d’abord sur le groupe Bolloré. Parce qu’à un moment donné, si cette intervenante dérape lors d’une de ses interventions, le responsable du dérapage, ce sera celui qui l’a mise en avant. C’est le responsable d’antenne et au-delà la direction de la chaîne. Le RN est plus malin, si j’ose dire, que Madame Fedorova, parce que c’est un parti politique. Il ne risque pas grand-chose« , explique Jean-Yves Camus. 

La liberté d’expression 


L’arrivée de Xenia Fedorova sur CNews est un véritable tournant dans l’espace médiatique français. Pour la première fois, un point de vue ouvertement pro-russe peut s’exprimer sur une chaîne de la TNT. La liberté d’expression est encore une fois invoquée par le groupe de Vincent Bolloré.

Petit rappel, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 indique que la liberté d’expression ne doit pas tenir certains propos interdits par la loi : l’incitation à la haine raciale, ethnique ou religieuse, l’apologie de crimes de guerre, les propos discriminatoires à raison d’orientations sexuelles ou d’un handicap, l’incitation à l’usage de produits stupéfiants, le négationnisme. À lire et à relire.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Total
0
Share

CSMAG, votre point actu’ mensuel !

Nous souhaitons faire de ce magazine le reflet de l’esprit de CSactu, en y intégrant toute nos nouveautés : articles de fond, podcasts, émissions sur Twitch, conférences et bien plus encore. 

Chaque mois, nous nous engageons à vous offrir un magazine qui, tout en valorisant le travail de notre rédaction, mettra en lumière l’ensemble des initiatives portées par CSactu.