Une décision qui marque la fin de la neutralité
Depuis de nombreuses décennies, la Finlande comme la Suède mettaient un point d’honneur à rester à l’écart de toute alliance militaire. Cette demande officielle fait donc sortir ces pays de leur neutralité respective. Cette décision est bien évidemment largement expliquée par la récente invasion de l’Ukraine par la Russie.
Dans le cadre de cette demande, l’OTAN a assuré que les deux pays seraient protégés, d’ici à ce que leur adhésion soit pleine, entière et effective.
Ainsi, Camille Grand, Secrétaire Général Adjoint de l’OTAN, estimait que cette annonce était « une conséquence directe des actions de Vladimir Poutine ». En effet, la Finlande partage une frontière de plus de 1300 kilomètres avec la Russie. Les dirigeants des deux pays ont vécu l’invasion ukrainienne comme un électrochoc et une menace directe pour leur propre sécurité.
De même, Camille Grand considère que pour la Finlande et la Suède, « c’est une mesure de défense dans un environnement stratégique transformé. Et il ne s’agit pas du tout d’une sorte d’escalade vis-à-vis de la Russie, mais bien de défendre leurs intérêts de sécurité et de consolider la sécurité dans cette partie de l’Europe. Et je ne vois pas comment la Russie peut répondre militairement à ses annonces ».
Une avancée dénoncée par Vladimir Poutine
Vladimir Poutine, comme c’était envisagé, a dénoncé cette avancée. Néanmoins, les deux pays demandeurs ainsi que l’OTAN, estiment que ce « n’est pas l’OTAN qui s’avance, c’est le choix démocratique de deux pays qui ont pris la décision d’engager une démarche d’adhésion ». De même, alors que Vladimir Poutine se plaignait « d’avoir trop d’OTAN à ses frontières, il y en aura encore plus, mais vraiment par ses propres décisions ». L’invasion ukrainienne a véritablement et profondément fait évoluer les pensées des populations locales.
Dans le cas de la Finlande, 22% des Finlandais se prononçaient pour une adhésion à l’OTAN. Aujourd’hui, ce chiffre dépasse les 3 personnes sur 4, et il y a une quasi-unanimité politique dans le débat intérieur.
Un procédé qui restera néanmoins long
Cette adhésion prendra néanmoins un certain temps. Tout d’abord, Finlande comme Suède devront convaincre chacun des trente membres déjà présents au sein de l’OTAN de la pertinence de leur apport à la sécurité collective et de leur capacité à répondre aux obligations. Chaque pays déjà membre dispose néanmoins d’un droit de véto. Par exemple, la Turquie a déjà fait part de ses réserves et de ses inquiétudes quant à la candidature finlandaise. Le chef de la diplomatie turque a donc déclaré attendre les « garanties » proposées par la candidature.
Ensuite, les candidats doivent ensuite s’engager à accomplir les réformes nécessaires et adresser une « lettre d’intention » au secrétaire général de l’OTAN, ainsi qu’un « calendrier d’exécution des réformes », ce qui passe notamment par d’importants investissements militaires.
Enfin, l’étape finale est la ratification du protocole d’adhésion par chacun des Etats membres. Cette ratification varie d’un pays à l’autre. Par exemple, en France, cela passe par un aval de l’Assemblée nationale, quand il faut une majorité des deux tiers au Sénat.