Le site “World Athletics” a publié il y a quelques jours un communiqué de presse annonçant les 5 grands finalistes qui permettra de déterminer l’athlète mondial masculin de l’année 2023. Parmi les sportifs présents dans cette liste, le nouveau recordman du marathon Kelvin Kiptum apparaît comme le grand favori. Cependant, il existe de grands doutes quant à la légitimité de son record. En effet, fraîchement arrivé dans cette discipline en décembre dernier, lors du marathon de Valence, il crée la surprise. Il boucle les 42 km en un temps exceptionnel de 2:01:53 et remporte la victoire avec le quatrième temps le plus rapide jamais enregistré. Âgé de 23 ans, et inconnu du public, ses performances laissent les amateurs d’athlétisme perplexes. D’autant plus que son nom apparaît dans la liste des 5 plus grands athlètes de 2023.
Les 5 finalistes
Le Kenyan Kelvin Kiptum, récent recordman du monde du marathon avec 2 heures et 35 secondes ; l’Américain Noah Lyles, double champion du monde du 100 et 200 mètres ; et le Suédois Armand Duplantis, champion du monde de saut à la perche et de la Diamond League, sont trois des cinq candidats annoncés par World Athletics pour le “Meilleur athlète de l’année”.
Les deux autres candidats sont l’Américain Ryan Crouser, champion du monde cette année à Budapest et détenteur du record du monde du lancer du poids avec 23,56 mètres, et l’Indien Neeraj Chopra, champion du monde du lancer du javelot et vainqueur des Jeux asiatiques.
Qui a nommé ces sportifs ?
Un processus de vote à trois a déterminé les finalistes. Le Conseil mondial de l’athlétisme et la famille World Athletics ont voté par courrier électronique. Tandis que les supporters ont enregistré leurs décisions en ligne via les plateformes de médias sociaux de World Athletics, où un nombre record de 2 millions de votes ont été enregistrés. Les votes ont été clôturés le 28 octobre. Les athlètes mondiaux de l’année, tant dans la catégorie masculine que féminine, seront annoncés sur les plateformes de World Athletics le 11 décembre, dans le cadre des World Athletics Awards 2023, à Monaco.
Kelvin Kiptum un record illégitime ?
Inconnu jusqu’à il y a onze mois, lorsque sa victoire surprise à Valence (Espagne) en décembre 2022 l’a propulsé sur la scène internationale avec un temps de 2h01’53”, Kelvin Kiptum a depuis remporté les trois seuls marathons auxquels il a participé. Dès son deuxième, en avril à Londres, il s’est rapproché du record du monde en franchissant la ligne d’arrivée en 2h01’25”.
Depuis 2016, le nouveau maître de la discipline s’entraîne dans les forêts prêt de son village d’enfance. En 2019, ce coureur a attiré l’attention en réalisant deux performances remarquables lors de semi-marathons en l’espace de deux semaines (60’48” à Copenhague, puis 59’53” à Belfort, en France). C’est à ce moment-là que l’ancien coureur, Gervais Hakizimana, lui propose de le coacher pour le marathon. Selon Hakizimana, son protégé parcourt plus de 250 km par semaine, parfois même dépassant les 300 km, tandis que Kipchoge se contente de 180 à 220 km par semaine.
Des distances gigantesques qui posent question. Depuis 2016, le Kénya est en effet dans le viseur de World Athletics (la fédération internationale) et de l’Agence mondiale antidopage. En 2022, le Kénya s’est même engagé à lutter en profondeur contre le dopage, échappant de peu à une mise au ban, mais depuis plusieurs coureurs kenyans ont été contrôlés positifs et suspendus.
L’avis de la physiologiste Véronique Billat
“Kelvin Kiptum a passé 66% de sa course en dessous de sa vitesse moyenne (21,02km/h). Puis entre le 30e et le 40e km, il a couru le dernier 10 km en 27min51s”: annonce Véronique Billat. C’est ce qui interpelle beaucoup de monde car le chrono équivaut à la 5e meilleure performance française sur la distance par exemple.
A titre de comparaison avec l’ancien recordman, lors de son marathon de Berlin en 2022, “Eliud Kipchoge a passé 52% de son marathon en-dessous de sa vitesse moyenne. Le schéma de sa course formait un U.” Il démarre très rapidement sa course et boucle son premier km à 22,5 km/h, puis a ralenti et a accéléré sur la fin. En revanche, Kilmut a procédé d’une manière très différente. “Il est resté en-dessous de sa vitesse moyenne jusqu’à 30e km, puis il s’est arraché sur les dix derniers kilomètres. C’est une autre stratégie de course. Il n’y en a pas une meilleure que l’autre puisque chacune correspond à un profil physiologique.” décrit Véronique Billat.
De plus, d’après la physiologiste, rien ne paraît étonnant dans sa course: “Cela ne m’étonne pas plus que des gens qui partent en trombe, ralentissent et ré-accélèrent sur le final. Kiptum n’est pas plus un extraterrestre qu’un Eliud Kipchoge.”
Finalement, Kelvin Kiptum, suspecté de dopage par grand nombre grand nombre d’amateurs n’a jamais été attrapé lors de ses 3 marathons et son record a été validé par la World Athletics. Ainsi, il n’y a pas de raisons que son record soit considéré comme illégitime et encore moins sa place dans la liste du “Meilleur athlète de l’année”.