Pour retrouver les premières traces de cet arbitrage automatisé, il faut remonter en 2004. Le match très controversé de Serena Williams face à sa compatriote Jennifer Capriati en quarts de finale de l’US Open (6-2, 4-6, 4-6) a contribué à introduire la technologie pour compléter l’arbitrage. Au cours de ce match, l’arbitre portugaise Mariana Alver a commis près de quatre erreurs en défaveur de Serena Williams. L’Américaine avait d’ailleurs déclaré après la rencontre s’être sentie « volée » avant d’ajouter : « J’ai même pensé que c’était une conspiration ». L’arbitre fut par la suite suspendue jusqu’à la fin de l’année.
Le rôle de l’arbitrage électronique
Mais ce match a surtout mis en lumière la nécessité d’une assistance électronique. Ainsi, dès l’année suivante, le système informatique Hawk eye a été testé comme complément d’arbitrage. Littéralement « œil de faucon », cette technologie permet d’analyser avec une très grande précision la trajectoire d’une balle et l’endroit exact où elle touche le sol à l’aide de la vidéo capturée par plusieurs caméras situées autour du court. Les données ainsi collectées sont transmises à un système de contrôle qui fournit divers services en temps réel, telles que des solutions d’arbitrage.
La pandémie du Covid-19 a accéléré sa mise en place. En effet, afin de réduire le nombre de personnes sur le court, l’Open d’Australie est devenu le premier Grand Chelem sans juges de ligne en 2021. Depuis, le tournoi a continué à utiliser ce système, convaincu par la précision et la rapidité des décisions automatisées. Ainsi, douze caméras scrutent les lignes et six autres jugent les fautes de pied sur les terrains de Melbourne. L’année suivante, l’US Open s’est aussi séparé de ses juges de ligne laissant la place à l’arbitrage électronique.
Wimbledon va aussi prendre la même direction. Les responsables du tournoi ont annoncé le 9 octobre la disparition des juges de ligne dès 2025, après 147 ans sur le gazon londonien. Ils écrivent dans leur communiqué : « la technologie d’arbitrage sera mise en place pour tous les matchs, des qualifications jusqu’à la finale, et concernera les appels de out et de fault qui étaient jusqu’à présent effectués par les arbitres de ligne. » Sally Bolton, la directrice du All England Club, a justifié ce choix : « Après avoir examiné les résultats des tests, nous considérons que la technologie est suffisamment solide et que le moment est venu de franchir cette étape importante dans la recherche d’une précision maximale. »
Vers une généralisation à l’ensemble des tournois ?
Nous assistons à un tournant majeur dans le tennis moderne. Le 28 avril dernier l’ATP a annoncé dans un communiqué la disparition définitive des juges de lignes pour les ATP 250, 500 ainsi que les Masters 1000 en 2025. Cette décision a pour objectif « d’optimiser la précision et la cohérence dans les tournois ». L’organisation explique qu’à l’aide de cette nouvelle forme d’arbitrage, la marge d’erreur sera réduite à trois millimètres, contre deux centimètres pour l’œil humain.
Toutefois, cette révolution de l’arbitrage ne fait pas l’unanimité dans le monde de la petite balle jaune. En effet la suppression des juges de lignes pourrait conduire à une certaine déshumanisation du sport. Les courts se vident et les interactions entre les joueurs et les arbitres, qui ajoutent parfois du spectacle, seront limitées.
De plus, dans cette logique, il est possible de voir le nombre d’arbitres de chaise diminuer car une grande partie d’entre eux ont commencé leur carrière en tant que juges de ligne. Au fond, on peut se demander s’il ne s’agirait pas de penser un équilibre entre ces types d’arbitrages où la technologie resterait avant tout complémentaire de l’arbitrage classique.