Les femmes à l’honneur le 8 mars 2022
Historiquement, l’origine exacte de la journée internationale des droits de la femme reste incertaine. Certains prétendent qu’elle provient d’une manifestation de femmes ouvrières dans les années 1850 aux États-Unis. D’autres argumentent en expliquant que son origine provient des manifestations russes à Petrograd, en février 1917. Par ailleurs, cette manifestation aurait été l’un des déclencheurs de la révolution russe de cette même année. Malgré les débats qui tournent autour de sa création, son officialisation par les Nations unies, elle, est certaine. C’est donc en 1977 que cette journée est reconnue comme la journée internationale des femmes.
Par cette journée, les femmes souhaitent revendiquer leurs droits. Le but principal de cette manifestation reste celui de faire valoir l’égalité femmes-hommes. De plus, cette journée permet de lutter contre les violences faites aux femmes. Ce mouvement social est visible à travers le monde entier. Les réseaux sociaux sont devenus un outil essentiel dans cette lutte. En effet, ils permettent de diffuser des messages à grande échelle et donc de toucher un plus large public. Le 8 mars 2022 ne fera pas exception. Les différentes villes de France, par exemple, organisent chacune en interne des évènements à l’effigie des femmes : conférences, expositions, débats…
Lors de cette journée, des femmes aux parcours exceptionnels sont également mises à l’honneur. L’objectif étant de faire valoir leurs compétences et le courage dont elles ont su faire preuve pour se démarquer dans des domaines parfois trop masculinisés. Parmi elles, on retrouve Michelle Obama, ancienne Première Dame des États-Unis, ou encore Simone Veil, à l’origine de la Loi Veil sur l’avortement en 1975 en France. Mais aussi, Ruth Ginsburg, ancienne Juge à la Cour suprême des États-Unis, la plus haute instance juridique du pays.
Ruth Ginsburg, symbole de la réussite féminine
Née dans une famille juive, Ruth Ginsburg a très vite été encouragée par sa mère. Cette dernière l’a poussée à aller à l’université. Elle voulait que sa fille soit indépendante et libre de travailler. Mais à cette époque, l’université ne comptait que très peu de femmes dans ses rangs. En effet, après avoir intégré l’Université de Cornell, Ruth Ginsburg, aussi surnommée RGB, poursuit ses études à la prestigieuse Université d’Harvard. Là-bas, elle fera partie des neuf femmes présentes dans la promotion…parmi les 500 étudiants masculins présents.
Mais cette jeune Américaine se heurte aux nombreux obstacles de la vie d’une femme. En effet, cette dernière, en plus d’être discriminée vis-à-vis de son genre, subit également des différences de traitement dues à sa religion juive et au fait qu’elle soit mère. À cette époque, ces trois éléments étaient considérés comme un véritable frein à la réalisation de soi. Elle expérimente donc les problèmes liés au plafond de verre rattaché à son sexe.
Dans une interview, Ruth Ginsburg expliquera qu’elle a dû faire face notamment aux différences salariales, à poste et compétences égales. La raison pour laquelle cette dernière serait moins bien payée que son homologue masculin qui exerce le même métier ? Elle n’avait pas à nourrir une famille entière, étant déjà mariée à un homme qui gagnait bien sa vie, contrairement à son collègue qui devait faire vivre sa femme et ses enfants.
Carrière juridique et revendications féminines
Avant de devenir Juge à la Cour suprême, Ruth Ginsburg montre ses convictions en tant que femme en élaborant des projets innovants. Par exemple, en 1970, cette dernière fonde la première revue juridique exclusivement consacrée aux droits des femmes ! Parmi ses exploits, on retrouve aussi sa participation au sein de l’association American Civil Liberties Union (ACLU). Grâce à son action, elle créera avec l’aide de cette instance le Projet des droits des femmes. C’est ainsi que Ruth Ginsburg commencera sa carrière juridique. De plus, ses nombreuses victoires devant la Cour suprême concernant des affaires liées à des discriminations fondées sur le sexe, lui permettront de gagner en légitimité auprès de ces instances jugées parfois trop traditionnelles.
C’est donc en 1993 que cette femme est nommée comme juge de la Cour suprême par le Président Bill Clinton. Elle devient alors la deuxième femme à accéder à ce haut poste prestigieux. En tant que juge, cette dernière défendra les droits des femmes en luttant pour faire valoir leur légitimité. En effet, RBG expliquait qu’elle ne « réclame aucune faveur pour les personnes de [son] sexe. Tout ce [ qu’elle] demande à [ses] frères, c’est qu’ils veuillent bien retirer leurs pieds de [sa] nuque ». Autrement dit, elle ne désirait aucun traitement de faveur. Sa seule ambition première était de faire comprendre à l’ensemble des juridictions que « la discrimination pénalise presque toujours inévitablement les femmes ». Le moyen pour elle de rappeler que, selon le 14e amendement de la Constitution américaine, « les hommes et les femmes doivent être égaux devant la loi car ils et elles sont égaux en dignité ».
Inspiration de générations entières
Symbole de la gauche progressiste, Ruth Ginsburg, à travers ses années de lutte pour les droits des femmes, est devenue une véritable icône pour les Américaines, mais pas que. Partout dans le monde entier, des femmes tentent de suivre son parcours et de marché sur les traces de son succès. Sa réussite a même été adaptée à l’écran par la réalisatrice Mimi Leder et intitulée « Une femme d’exception ». Ce biopic, poignant, retrace la vie palpitante de cette femme.
Lors de son décès, en septembre 2020, ses idoles ont pleuré sa perte. Dès cet instant, les associations de lutte pour les droits de la femme se sont manifestées, expliquant leur ambition d’honorer sa mémoire. Alexis McGill Johnson, présidente de l’organisation Planned Parenthood explique alors : « Ce soir, nous honorons son héritage, mais demain nous allons devoir nous battre pour préserver les idéaux qu’elle a défendus toute sa vie ». En effet, à quelques semaines de l’élection présidentielle 2020, certains droits acquis pendant le mandat de Ruth Ginsburg sont menacés voire bafoués. C’est le cas notamment du droit à l’avortement dans certains États du pays.
RBG, fière de ses convictions, n’a pas hésité avant son décès, à faire part de son avis sur les candidats. Un moyen pour elle de faire comprendre son aversion pour le candidat Trump, connu pour ses comportements jugés par certains trop sexistes ou encore misogynes. C’est avec plaisir que, l’ancienne juge à la Cour suprême, aurait découvert les résultats des élections présidentielles en novembre 2020, annonçant la victoire de Joe Biden, actuel Président des États-Unis.
Bande annonce du biopic « Une femme d’exception » : https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=237762.html