Une droite explosée. Lorsque vous irez voter dimanche 30 juin et que vous verrez l’étiquette les Républicains vous serez toujours dans le flou. Effectivement l’ancienne Union pour un mouvement populaire (UMP), est en mille morceaux. Trois lignes se démarquent assez clairement, ceux partisans d’une alliance avec le Rassemblement national, ceux pour une indépendance de la droite et enfin ceux qui se sont mis d’accord avec le parti de la majorité pour ne pas se faire concurrence. Un véritable casse-tête.
Un premier rebondissement
Au soir des résultats des élections européennes, le candidat des Républicains, François-Xavier Bellamy se retrouve avec un score honorable de 7,3 % des suffrages. Un score bien loin des grandes heures de la droite française mais restant satisfaisant dans un parti qui joue sa survie politique. Pour le moment, tout va bien. Mais tout va très vite bousculer, face à la montée du RN, Emmanuel Macron dissout l’Assemblée nationale. Il s’agit du tournant de cette histoire.
« Nous avons besoin d’une alliance […] avec le Rassemblement national«
Trois jours après l’annonce du Président de la République, le président des Républicains, Éric Ciotti est sur le plateau du JT de 13h de TF1. Jusque là rien d’anormal. Puis l’homme de droite prononce ces mots « Nous avons besoin d’une alliance […] avec le Rassemblement national« . Un tremblement de terre a eu lieu dans le monde politique.
Seul contre tous ou presque
Dès cette annonce, les cadors de la droite expriment en grande majorité leur désaccord avec cette prise de parole. Gérard Larcher, Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau, Valérie Pécresse, François Barouin, Michel Barnier et j’en passe conteste cette décision qu’Éric Ciotti a lui-même désignée comme étant une “ligne personnelle”. Malgré tout, quelques soutiens restent avec lui tels que le président des jeunes LR Guilhem Carayon, candidat dans le Tarn, et le numéro 3 du parti aux Européennes, Christophe Gomart, ou encore Laurent Castillo, numéro 5 de LR aux Européennes. Le président des LR reste tout de même minoritaire au sein de son parti. Le problème est que le député sortant de la première circonscription des Alpes-Maritimes est le président des Républicains. Il engage donc tout un parti à faire alliance avec le RN lors des prochaines législatives.
« Je suis président et je reste président des Républicains”
Après cette annonce, les ténors du parti se sont rassemblés pour exclure Éric Ciotti mais sans succès. Si de leur côté la décision était unanime, lui ne voulait pas démissionner, « Je suis président et je reste président des Républicains” avait-il dit devant le siège de son parti. Résultat de cette histoire: la justice devra trancher et c’est Éric Ciotti qui gagne ce bras de fer. Il faudra composer avec pour les prochaines législatives.
Une étiquette, trois courants différents
Commençons par les dissidents, ceux qui ont suivi le président des Républicains et qui auront donc une liste soutenue par le RN. On en compte 62. On retrouve par exemple Gilles Bourdouleix, maire de Cholet qui avait été condamné en 2014 à une amende de 3.000 euros pour avoir dit, lors d’une dispute avec des gens du voyage, qu’Hitler « n’en avait peut-être pas tué assez ». Parmi les autres candidats, les profils sont multiples et souvent peu connus du grand public. Pour les reconnaître, il faudra avoir l’œil. Seul indice les distinguant des autres LR, la présence sur leur affiche de campagne de “soutenu par le Rassemblement national« .
Une alliance loin de faire l’unanimité
Effectivement, la plupart des Républicains ne se présentent pas avec cette alliance. On compte 400 investitures sur l’ensemble du territoire. La majorité des députés sortants sont candidats. le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez est lui aussi investi. Autre changement majeur, le parti a investi un candidat dans la 1re circonscription des Alpes-Maritimes, celle d’Éric Ciotti. Reste maintenant à savoir si les électeurs de droite vont rester fidèles au parti après les nombreux rebondissements récents.
Après le Nouveau Front populaire, l’arc républicain
Si une partie des Républicains menée par Éric Ciotti ont tendu la main à l’extrême droite, d’autres ont préféré faire des accords avec la majorité présidentielle. Dans une grosse vingtaine de circonscriptions, la majorité présidentielle a décidé de ne pas investir de candidats face à des candidats LR pour ce qui est nommé “l’arc républicain”. Une notion assez floue qu’Emmanuel Macron a mis sur le devant de la scène médiatique. Difficile à définir, elle se distingue par une caractéristique donnée par le président lors de la panthéonisation de Manouchian, Il affirme n’avoir « jamais considéré que le RN ou Reconquête! s’inscrivait dans l’arc républicain”. En résumé, celui-ci comprend tout le monde sauf les extrêmes.
Un exemple concret
Prenons la direction des Hauts-de-Seine pour comprendre un peu mieux ce terme farfelu. Le député LR sortant Philippe Juvin, dans la 8e circonscription bénéficie de ce pacte de non-agression. Même situation pour Thomas Lam, dans la 2ème. L’objectif est dans les deux cas d’éviter que les extrêmes arrivent en tête. À remarquer que la Nupes avait remporté la 2ème circonscription en gagnant d’une courte tête face à la candidate de la majorité présidentielle, et Marie-Do Aeschlimann (LR). C’est ce qu’il nomme l’arc républicain.
Autant vous dire que pour les électeurs de droite il est difficile de s’y retrouver. Les Républicains sont divisés en trois et cela n’est pas de bon augure. Le parti était encore malade. Les Européennes étaient synonymes de renouveau mais cela n’a pas tenu longtemps. Attention, une force politique historique française pourrait bien disparaître…