De quoi ça parle ? : Suite du film « Joker » (2019). Interné dans l’asile d’Arkham, Arthur Fleck/Le Joker passe devant la justice pour cinq meurtres. Le procès approche à grands pas et le personnage interprété par Joaquin Phoenix noue une relation avec Harley Quinn, jouée par Lady Gaga. Un grain de folie qui va rendre l’intrigue totalement déjantée !
Ce que j’en pense : « Malgré la présence de Lady Gaga, cette pénible suite musicale du nihiliste « Joker » nous fait davantage broyer du noir que voir la vie en rose », Le Point. « On dirait la version carcérale et cafardeuse de « La La Land », les compositions de Justin Hurwitz et l’allant de Damien Chazelle en moins. Au passage, la vision de la maladie mentale est au-delà de la caricature », Le Figaro. « Cette suite de « Joker », sous forme de musical dépressif, est tellement morne et inefficace qu’elle ressemble presque à un sabordage en règle de la part de Todd Phillips et Joaquin Phoenix », Première.
Voici quelques avis fort dithyrambiques de quelques spécialistes de la presse. Je vous épargne les avis spectateurs qui sont si dépréciatifs qu’on se croirait sur la critique d’un film de Christian Clavier. Nous allons essayer de changer un peu de disque (ça tombe bien, Lady Gaga est au casting) et je vais essayer de vous convaincre que ce film vaut quelque chose.
Une comédie musicale… différente !
Admirateur du premier film « Joker », lorsque l’on m’a annoncé que le suivant serait une comédie musicale, j’ai broyé du noir. La dernière comédie musicale que j’ai vue, c’est « Wonka » avec le grand Timothée Chalamet. Depuis ce jour, le Oompa-Loompa me hante pendant mon sommeil. En résumé, les comédies musicales, ce n’est pas mon truc. J’ai pris mon courage à deux mains et je suis allé voir « Joker : Folie à deux ». Commençons par cet aspect musical tant décrié.
Il est, à mon sens, parfaitement utilisé. Il y a une phrase prononcée qui explique toutes ces scènes, vous l’avez oubliée ? « Je pensais qu’on était dans mon émission ». À partir de là, il est simple de comprendre qu’il se ré-imagine tout comme étant un simple numéro d’émission TV dans sa tête. Et son émission est ponctuée d’intermèdes musicaux. Logique. D’autres trouvent que les chansons sont trop tristes. Effectivement, on est loin du magnifique John Legend dans « La La Land », mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une comédie noire. La tristesse est la source même de ce film.
Un Joker loupé ?
On aime tous voir ce personnage fou qui nous fait tant envie. Celui qui dérange, qui est sur le devant de la scène. Vous êtes tombés amoureux du déguisement et vous sacrifiez le vrai Arthur. Celui que vous pouvez croiser tous les jours dans la rue. Celui que vous ne voyez pas. La métaphore est belle et trop réelle dans notre pauvre société. Pour exister, il faut se travestir, ne plus être soi-même sinon cette dernière vous laisse à l’abandon. Vous êtes trop vous. La folie à deux c’est celle entre le Joker et Arthur. Entre une icône anti-société charismatique et un pauvre type qui veut être aimé.
Harley Quinn n’est qu’un personnage secondaire. À tous ceux qui se plaignent qu’elle n’est pas assez présente, je viens de vous en donner l’explication. La folie à deux n’est pas celle avec Harley, c’est en tout cas mon avis Et comment oublier le jeu d’acteur divin de Joaquin Phoenix. Comme dans le premier volet, l’acteur se sublime dans ce rôle qui lui va à merveille. Jouer avec tant de réalisme, un personnage si complexe est une réelle prouesse. Un grand acteur pour un grand rôle. La coïncidence est FOLLE.
Merci Lady Gaga !
En plus de sa voix hors du commun, Lady Gaga interprète le rôle d’Harley Quinn à la perfection. Certes, elle n’est pas aussi folle qu’on aurait aimé la voir, certes, elle a laissé de côté son style iconique, mais son personnage est juste parfait. Elle est à l’image de tous ceux qui critiquent le film. Elle tombe amoureuse d’un spectre imaginaire, le Joker. Comme beaucoup de spécialistes du cinéma, elle n’aime que le déguisement, Arthur Fleck, elle n’en veut pas. Harley Quinn veut la folie, pas la misère. Merci Todd Phillips pour ce personnage qui se marie parfaitement avec les détracteurs du film. Un miroir saisissant.
Arrêtons les copier-coller !
Je conçois que ce n’est pas ce qu’on attend de ce genre de film. Effectivement, on sort un peu des sentiers battus, ce n’est pas boum boum avec tout qui explose dans tous les sens et des méchants supers méchants et des gentils bien-pensants. Eh punaise que ça fait du bien. C’est décalé, émouvant, et d’une violence critique qui donne à réfléchir. La folie fait réfléchir, la critique de la société fait réfléchir, les conditions de détention font réfléchir, les lacunes de notre justice font réfléchir, la profonde débilité des médias fait réfléchir. Pour une fois que la morale de ce genre de film n’est pas bateau, profitons-en ! Todd Philipps a osé et on ne peut que le féliciter pour cela.
Le « Joker : Folie à deux » a divisé le monde du cinéma. Certains l’ont trouvé brillant, d’autres aberrant. Je conçois que ce n’est pas ce à quoi on s’attend en rentrant dans la salle de cinéma. Mais le Septième Art est là pour nous surprendre, pour innover, pour dénoncer. Arrêtons les films pré-construits dont la morale est déjà connue avant même que celui-ci ne commence. Laissez-nous happer par une vision différente. Contrairement au film « Megalopolis » de l’illustre Francis Ford Coppola, on comprend le message transmis malgré l’originalité du film, ce qui est quand même pas mal. Ne vous fiez pas aux critiques et foncez voir « Joker : Folie à deux ». Soyez fous !
