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Joie, mémoire, poésie urbaine : au Palais de Tokyo, trois expositions pour raviver nos imaginaires

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Photo prise lors de l'exposition par Neilia Moumanis.

Du 21 février au 11 mai 2025, le Palais de Tokyo devient un véritable terrain d’expériences collectives, de récits réinventés et d’énergies rebelles. Trois expositions, aussi puissantes qu’électriques, s’y déploient pour mettre à l’honneur la joie, la mémoire, la lutte et l’imagination :  Joie collective – Apprendre à flamboyer ! , Quelque part dans la nuit, Le peuple danse de Raphaël Barontini, et ALPHABETA SIGMA consacré à l’énigmatique Rammellzee. Trois univers, trois battements singuliers d’un même cœur vibrant : celui d’un art qui relie, qui bouscule et qui éclaire.

La joie comme stratégie collective

Avec Joie collective – Apprendre à flamboyer !, le Palais de Tokyo nous plonge dans une exploration sensible des pratiques artistiques qui font de la joie une force transformatrice. Ici, la fête, le jeu, la musique ou encore l’esthétique du commun ne sont pas de simples ornements, mais les ressorts d’une dynamique politique, sociale et culturelle. Artistes français·es et internationaux·ales se rassemblent autour d’une même intuition : celle que la joie peut devenir un moteur d’action collective, un moyen de résister autrement, de bâtir du commun et de rendre l’espace public à celles et ceux qui le vivent. L’exposition se vit comme une agora joyeuse, faite de rencontres, de gestes partagés, d’œuvres interactives et de moments festifs. Un appel vibrant à « flamboyer » ensemble.

Endre Tót, On est heureux quand on manifeste, Paris, 1979

Réécrire l’Histoire avec éclat par Raphaël Barontini

Dans Quelque part dans la nuit. Le peuple danse, l’artiste français Raphaël Barontini revisite les récits du passé, en particulier ceux liés à l’Afrique et aux Caraïbes. Le tout avec une liberté plastique saisissante. À travers des œuvres textiles monumentales, des costumes et des tableaux puissants, il propose une narration dans laquelle se mêlent héros oubliés, figures mythiques et symboles d’émancipation. Inspirée par l’histoire du roi Henri Christophe, figure centrale de l’indépendance haïtienne, l’exposition dialogue avec l’architecture du Palais Sans Souci en Haïti et s’accompagne d’une création sonore du poète Mike Ladd.
Barontini n’illustre pas l’Histoire : il la recompose, la rêve, l’habite. Et ce titre emprunté à Aimé Césaire n’est pas anodin : Quelque part dans la nuit, le peuple danse célèbre ces moments où la mémoire et la joie se rejoignent, où les corps dansants deviennent des vecteurs de résilience et de puissance collective. Un hommage à la beauté du combat et à la dignité des peuples en marche.

Raphaël Barontini, Cécile Fatiman, la princesse du royaume du nord, 2025

Costumes réalisés par Raphaël Barontini.

Rammellzee : le langage en guerre

Enfin, l’exposition ALPHABETA SIGMA offre au public la première grande rétrospective européenne consacrée à Rammellzee (1960–2010). Figure culte de la scène new-yorkaise, entre hip-hop, science-fiction et abstraction urbaine. Artiste total, théoricien visionnaire, graffeur, performeur, musicien, sculpteur. Il a inventé une mythologie dense, radicale et foisonnante où chaque œuvre devient un champ de bataille contre les normes du langage, du pouvoir et de l’art lui-même.
Au Palais de Tokyo, la Face A de ce projet en diptyque (la Face B sera présentée au CAPC à Bordeaux) se concentre sur les matières premières de sa pratique : lettres armées, aérosols toxiques, lumière noire, armures-textile et objets mutants. Tout ici est signé, code, provocation. Rammellzee ne se contente pas de brouiller les frontières entre les disciplines : il les dynamite. Ses œuvres, comme des artefacts venus d’un futur parallèle, nous parlent de résistance, d’afrofuturisme, de vitesse et de chaos maîtrisé.

Vue de l’exposition ALPHABETA SIGMA.

Vue de l’exposition ALPHABETA SIGMA.

Trois expositions, une constellation

Si chacune de ces expositions possède son langage propre, toutes partagent une même volonté : rendre visible la puissance des récits collectifs, la richesse des luttes culturelles, et la beauté des imaginaires qui s’inventent hors des sentiers battus. Qu’il s’agisse de transformer l’espace public en terrain de jeu, de tisser des récits postcoloniaux réenchantés ou d’entrer dans une guerre cosmique contre les mots figés. Ces trois propositions font du Palais de Tokyo un foyer d’invention et de partage.

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