Le biathlon dépasse toutes les attentes
Devant la scène d’un festival de musique ou au bord des routes du Tour de France, chaque année, le drapeau breton fait partie du décor. En décembre 2021, on a aussi aperçu le Gwenn ha Du au Grand-Bornand (Haute-Savoie), parmi la foule venue assister à la quatrième manche de la Coupe du monde 2021/2022 de biathlon.
Pendant quatre jours, au cœur du village des Aravis, le grand cirque blanc a rassemblé quotidiennement entre 10 000 et 20 000 personnes. Selon les chiffres des organisateurs, pour cette quatrième édition dans l’Hexagone, la moitié du public venait de la région Auvergne-Rhône-Alpes. L’autre moitié, du reste de la France et de l’étranger.
Un sport de plus en plus populaire
Ainsi, même si sa pratique reste encore marginale, la discipline compte 10 000 licenciés incluant la pratique loisir d’après la fédération. Mais seulement 25 à 30 athlètes seniors peuvent prétendre à l’Équipe de France. Ce sport, qui combine le ski de fond en style libre (skating) et le tir à la carabine, s’est popularisé bien au-delà des massifs, jusqu’en Bretagne. En matière d’audience, la chaîne L’Équipe co-diffuse la Coupe du Monde depuis 2015. Elle a même franchi la barre du million de téléspectateurs à quinze reprises en 2021.
Champion français du tournant des années 1990/2000, Raphaël Poirée n’avait eu qu’une seule occasion de disputer une course internationale de biathlon en France au cours de sa carrière. Lors des championnats d’Europe de 1995, déjà au Grand-Bornand. À son époque, hors Jeux Olympiques, le biathlon était diffusé uniquement sur la chaîne Eurosport. À une exception près : « En 2002, France Télévisions avait retransmis les championnats du monde d’Oslo, où je gagne. Ils étaient impressionnés par l’audience. »
Devenir un sport télégénique
Être un sport spectaculaire est une chose, se rendre télégénique en est une autre. C’est précisément sur ce dernier aspect que la discipline s’est démarquée. Il fut un temps où elle partageait une fédération internationale commune avec le pentathlon moderne. L’Union Internationale de Biathlon (IBU) est née en 1993. Cette scission apparaît rétrospectivement comme un tournant majeur.
L’ambassadeur Martin Fourcade
Le décalage est révélateur. Marie-Laure Brunet a arrêté sa carrière en 2014. Juste avant le passage du biathlon sur une chaîne en clair. Avant, aussi, qu’un certain Martin Fourcade devienne le meilleur ambassadeur de son sport.
À son époque, Raphaël Poirée avait permis d’attirer les premiers sponsors, que l’on retrouve aujourd’hui. Mais sa nature ténébreuse éludait la lumière médiatique. Son successeur, en revanche, a su attirer, et même diriger, les projecteurs vers son sport. Jusqu’à devenir, naturellement, le porte-drapeau de la délégation tricolore aux Jeux Olympiques de Pyeongchang, en 2018.
Désormais, à chaque week-end de Coupe du Monde, la chaîne l’Équipe peut consacrer six heures consécutives au biathlon. Au programme avant et après les courses.