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« J’ai fait le tour des Etats-Unis en stop » : Les sincères confessions de la comédienne Corinne Touzet

Un parcours hors du commun, son envie de divertir son public et son besoin de nature sont ses piliers ! Dans cette interview, la célèbre Corinne Touzet nous fait l'honneur de se confier à cœur ouvert sur sa vie.

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La comedienne Corinne Touzet dans Paris source : http://www.corinne-touzet.com/index.php/photos/portraits

Pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas, pourriez-vous nous expliquer votre parcours ?

Ma passion était le cirque, alors j’ai démarré par du théâtre de rue quand j’étais adolescente, tout en étant à la fac et en faisant des petits boulots à droite à gauche. J’ai été clown pendant pas mal d’années, en parallèle de ma licence de lettre. J’avais six vies en une. Finalement quand j’ai eu, par hasard, l’opportunité de faire partie d’une troupe de théâtre amateur, je me suis retrouvée sur scène dans un théâtre d’Aix-en-Provence où j’habitais avec ma maman. Ça a été fulgurant. Cela a démarré par cette fulgurance, une évidence, quelque chose que je découvrais et que je ne connaissais pas.

La vie a voulu que le théâtre dans lequel nous travaillions soit fermé par la municipalité, pour des raisons politiques et que je prenne mon envol en me disant que j’allais aller voir ce qu’il se passe à Paris. C’est ce que j’ai fait, et puis le hasard a encore voulu qu’un jour je passe des auditions pour une série télévisée alors que ce n’était pas du tout ce que j’avais envie de faire [rires]. Puis à 21 ans, j’ai été prise par Marion Sarraut, importante dans mon parcours, puisque c’est elle qui a réalisé le premier épisode de la série « Une femme d’honneur ». Avec elle j’ai fait une série en costume qui a fait un carton, « Marianne, une étoile pour Napoléon », et je n’ai plus arrêté de tourner pendant 38 ans.

J’ai fait 5 ou 6 séries différentes et les gens ne me parlent que d’ « Une femme d’honneur » [rires], j’en suis fière mais j’en ai fait pleins d’autres. Il y a eu « Hôtel de police », «Interpol», « Les Hordes » avec Jean-Claude Missiaen qui vient de nous quitter. En 2000 j’ai monté ma société de production Yes production, et en 2008 je suis devenue entrepreneur de spectacle et je produis tous mes spectacle depuis 15 ans.

Pourriez-vous en dire plus sur votre passion du cirque ?

J’ai le sentiment d’avoir été fascinée très tôt par ce monde-là. J’y allais tout le temps, j’étais attirée par ces chapiteaux, par ces lumières. J’étais émerveillée quand j’assistais à un spectacle de cirque, même quand il était quelque fois désuet ou avec peu de sous. Ce sont des gens qui ont des vies terriblement dures. J’admire leur force car il faut s’entraîner tous les jours. Quand on est un acrobate il faut s’entraîner 5 heures par jours minimum. C’est dur de vieillir dans ce milieu et c’est dur aussi d’être une femme dans ce milieu.

J’ai rencontré un clown qui s’appelle Yves Quinio, qui m’a donné des cours. Au départ c’était vraiment de la fascination, c’était un endroit où je rêvais et où je croyais tout ce qu’on me racontait. Je n’aurais pensé le faire un jour. J’ai assisté à ses cours alors que j’étais à la fac. J’ai adoré ça, je m’éclatais et il m’apprenait le travail du masque, les expressions du visage. Je travaille beaucoup avec mon visage. Il y a parfois des moments où il faut que je me calme un peu car à la télévision ce n’est pas possible [rires] mais c’est vrai que je suis très expressive. Sur scène je m’amuse car le boulevard est un style de théâtre où l’on peut vraiment élargir le spectre et se faire plaisir, les gens aiment ça alors on en rajoute un peu.

C’est vrai que les cours avec Yves ont été comme un apprentissage sacerdotal. J’ai appris beaucoup, puis nous avons fait des spectacles de rue. Nous étions une troupe de clowns complètement amateurs, nous créions des petites improvisations dans la rue. Je trouve que le cirque est vraiment quelque chose de merveilleux, pour les gamins c’est vraiment quelque chose de féerique. Chaque année je vais voir le cirque du soleil, et c’est comme si l’on partait dans un rêve. Ce sont des gens qui nous font rêver.

En 1981, vous obtenez le rôle principal de Marianne dans le téléfilm « Marianne, une étoile pour Napoléon ». Pour les besoins du rôle, vous appris l’escrime, l’équitation et l’art de la cascade. Était-ce une moyen de vous rapprocher de votre passion du cirque ?

C’était vraiment pour le rôle. Je n’avais jamais fait de cheval, et cela a été très dur. J’avais du mal, mais j’ai eu la chance de travailler avec Mario Luraschi, le plus grand cascadeur à cheval de France. J’ai aussi appris le sabre et l’épée, merveilleux à apprendre en tant que sportive.

Avec « Une femme d’honneur » c’est pareil, j’ai appris le taekwondo et la boxe française. Les metteurs en scène voulaient que j’assure moi-même mes cascades car cela faisait perdre moins de temps et d’argent. Par contre, je ne faisais pas les cascades en voiture.

À vrai dire, si j’avais pu apprendre à marcher sur les mains ou à faire des claquettes, j’aurais appris. J’avais 21 ans, j’avais la vie devant moi. Ce n’était pas difficile et puis même quand ça l’a été, c’était passionnant parce que je m’intéresse à ce que je fais. À cet âge il y a tellement de choses à faire et à apprendre.

Les téléspectateurs vous connaissent notamment pour avoir joué, de 1997 à 2007, l’adjudant-chef Isabelle Florent. Vous dites qu’il ne se passe pas un jour sans que l’on vous en parle dans la rue ou que l’on vous pose des questions en interview sur l’arrêt de la série. Est-ce lassant d’entendre toujours la même question ?

Ça ne me lassera jamais que l’on m’arrête dans la rue pour m’en parler, parce que je vois que le public a aimé. Donc je leur dois de leur sourire, de les écouter, de leur dire merci.

Par contre, la seule question que l’on me pose sur un plateau est « Pourquoi vous avez arrêté ? ». C’est usant c’est vrai, car je répète la même chose depuis 2008. Nous sommes en 2025 et je réponds toujours la même chose.
J’aimerais que les journalistes fassent leur travail, écoutent ma réponse et passent à autre chose. Il y a tellement d’autres choses à dire sur « Une femme d’honneur ». Et puis les spectateurs qui ont regardé l’émission connaissent déjà la réponse. Je ne suis pas ennuyée par cette situation, mais perplexe de toujours avoir la même question.

Le public préfèrerait sûrement que l’on me demande des anecdotes, comment la série a commencé, où nous avons tourné, etc. Il y a 200 questions à poser. C’est un succès dont je suis éternellement fière et que je partage avec tous les acteurs et toutes les équipes qui étaient avec moi. Donc les journalistes font l’amalgame entre la fatigue que me procure cette question et la série qui, elle, ne m’en procure aucune.

Auriez-vous donc des secrets de tournages ou des anecdotes sur « Une femme d’honneur » ?

Il y a un épisode appelé « Brûlé vif » où l’on devait arrêter un incendiaire. Nous travaillions avec les pompiers, pour que l’on soit évidemment protégés. Avec l’équipe, nous avions donc mis une chose qui évite que l’on brûle en cas de flamme qui s’envole, ce qui nous donnait très chaud. Nous tournions dans une forêt dévorée par les flammes, entre lesquelles nous devions courir. Nous avions l’impression avec Grégori Baquet, qui est un ami très cher, d’être des acteurs américains.

Je me souviens aussi de ce fameux pont d’onze mètres de haut, dans l’un des premiers épisodes, d’où je devais sauter. Je n’ai pas peur de plonger, j’adore l’eau, mais l’Yonne est remplie de carcasses de voitures et autres déchets, malheureusement. Il avait donc fallu faire venir les pompiers pour qu’ils plongent avant moi, pour enlever ce qui pouvait être contondant ou dangereux, et ils étaient tombés sur une carcasse de voiture justement à un mètre de là où je devais plonger. Il n’aurait plus manqué que je me défigure à vie et que je ne puisse plus jamais tourner !

La gendarmerie change de décors dans la série, comment cela s’est-il passé ?

Nous voulions, avec le père de ma fille, vivre dans le Sud depuis très longtemps, et nous avons donc quitté l’Yonne où nous avions une petite grange que nous avions rénovée nous-même, près d’Auxerre où la série a démarrée. Nous sommes partis vivre dans le Vaucluse, pas loin de Cavaillon, quand ma fille est née. La série a été délocalisée par mon producteur, qui m’a suivie dans le Vaucluse. On a tourné à Avignon, à Carpentras, à Beaumes-de-Venise, où était la gendarmerie. Ensuite, lorsque je me suis séparée du père de ma fille, je suis partie vivre à Cannes, et la série a été délocalisée à Grasse.

Ce qui est drôle et qui nous a beaucoup amusés, c’est de voir comment allait réagir le public : dans l’Yonne à Auxerre, il y avait des graviers dans la cour de la gendarmerie. À Grasse il y avait des Palmiers. Nous étions tous en chemisettes à Grasse alors qu’à Auxerre nous étions en treillis avec nos bottes. Personne n’a rien vu, personne n’a rien dit. Un succès est un succès, la série était telle que nous aurions pu tourner à Vichy ou à Annecy que cela n’aurait pas choqué. Le public voulait nous retrouver nous, avec nos problématiques à nous.

On vous a également vue dans des téléfilms comme « Valentine », où vous campez le rôle d’une jeune maraîchère à la personnalité ensoleillée. Est-ce que vous gardez un bon souvenir du tournage de ces deux opus ? Y a-t-il une chance de vous revoir à nouveau dans la peau de Valentine ?

J’ai passé l’âge de jouer Valentine, ou alors il faudrait que ce soit « Valentine à la retraite » [rires]. J’y suis cependant très attachée, elle est très mignonne, très craquante et puis elle est tellement sincère, elle est vraie. C’est un téléfilm que j’ai produit moi-même, avec mes petites mains [rires]. J’ai d’ailleurs produit 9 téléfilms, qui m’ont chacun demandé 2 à 3 ans de ma vie. Mais je les aime passionnément.

J’ai toujours été chercher des sujets forts, et surtout des personnages très éloignés des séries que j’avais tournées pour prouver que j’étais une vraie comédienne [rires], et que je pouvais faire autre chose. J’ai produit « Et demain Paula » où je jouais une SDF, où je dormais dans la rue, j’avais perdue 8 kg. « Valentine » a été une première, car il ne s’agissait pas un téléfilm en deux épisodes mais bien de deux téléfilms. Le premier a fait un carton, et on m’a donc demandé l’année d’après de faire une suite.

C’était une volonté très nette d’aller vers la comédie pour pouvoir sortir un peu des rôles dramatiques dans lesquels j’étais depuis 25 ans, et ça m’a été formidablement récompensé car les gens ont adoré. Mais TF1 ne voulait pas du tout au départ. Ils ont refusé au départ en argumentant que ça ne marcherait pas, que le public n’allait pas venir, que je ne pouvais pas jouer une marchande de légumes sur les marchés en étant la femme d’honneur car le public n’allait pas y croire. Sauf que ce qu’ils ne savaient pas est que je venais du midi, que je connais par cœur ces femmes car je les ai côtoyées toute ma vie. J’étais tellement crédible que les gens ont adoré.

Corinne Touzet est actuellement à l’affiche de la pièce « Le duplex » aux côtés d’Anny Duperey, Pascal Perrin et Pascal Légitimus au Théâtre de Paris. Préparez-vous car cette merveilleuse pièce arrive dans vos régions à partir d’octobre 2025 !

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