« Démocratie ! ». Dimanche soir, les habitants de Tel Aviv n’ont pas hésité à faire savoir leur mécontentement quant à la décision de leur premier ministre Benjamin Netanyahou de démettre de ses fonctions Yoav Galant, ministre de la Défense.
Peu de temps après que l’annonce ait été rendue publique, les Tel-Aviviens se sont réunis autour de la rue Kaplan. Lieu de ralliement des manifestations se tenant chaque semaine depuis la présentation, en janvier dernier, du projet de réforme qui divise le pays.
Entre chants et danses, les manifestants protestent pacifiquement contre les actions du chef de gouvernement, Benjamin Netanyahou. A la tête de plusieurs ministères depuis 1996, il occupe le poste Premier ministre de 2009 à 2021, avant de parvenir à se faire réélire de justesse en novembre dernier, grâce à la formation d’une coalition avec l’extrême droite et les ultra-orthodoxes. Depuis, l’homme politique semble réduire peu à peu les libertés des Israéliens. Après avoir élargi son contrôle du pouvoir législatif, il s’est récemment attaqué au pouvoir judiciaire en tentant de faire passer une réforme, visant à accroitre le pouvoir des élus sur celui des magistrats.
La semaine dernière, Yoav Galant, pourtant du même bord politique que Netanyahou, avait confié lors d’un discours « Craindre que les divisions de la population sur le sujet puissent présenter une véritable menace pour la sécurité d’Israël », demandant par la suite publiquement « l’arrêt du processus législatif pendant un mois ». Ces déclarations, qui vont à l’encontre des agissements du chef de gouvernement, lui ont valu hier soir d’être limogé. C’en est trop pour les habitants, qui affichent leur « ras-le-bol » : « Nous descendons dans les rues pour protéger notre démocratie, plus fragilisée que jamais en ce moment » confie Eden, l’un des participants au rassemblement. Le regroupement colossal, de plusieurs milliers de personnes, a bloqué la circulation pendant plusieurs heures, avant d’être délogées par les forces de l’ordre et la police montée, vers trois heures du matin.
Pourtant, les Israéliens n’ont pas dit leur dernier mot. Dès le lendemain, le chef de la centrale syndicale a lancé un appel à la grève générale, affichant l’objectif de paralyser tout le pays. Des établissements scolaires ont suivi le mouvement, comme l’Université de Tel Aviv, qui a annulé tous ses cours de la journée.
Dépassé par l’ampleur des manifestations, Benjamin Netanyahou a, le soir même, fait part de sa décision de mettre en pause la réforme controversée jusqu’à la fin de Pessa’h, l’une des festivités majeure du calendrier judaïque, qui aura lieu du 5 au 12 avril prochain.