Peux-tu te présenter, en quelques phrases ?
« Je m’appelle Carla, j’ai 24 ans et je suis originaire de Nice dans les Alpes-Maritimes. Depuis mon enfance, je suis passionnée par le sport. J’ai notamment pratiqué le judo, le tennis et le basket pendant plusieurs années. À 2 ans, mes parents me mettent sur des skis et là c’est le coup de foudre. Si je pouvais, je serais tous les jours sur des skis… De plus, à Nice, nous avons la chance d’avoir les stations de ski à 1h30 en voiture, donc je monte en station tous les week-ends et vacances scolaires. Quelques années plus tard, je découvre le snowboard et le MTB, surtout le MTB DH ça me permet de profiter de la montagne en été.
Une fois mon BAC ES en poche, j’ai décidé de mêler ma passion du sport à mes études, donc j’ai réalisé une Licence STAPS Management du Sport puis un Master Business in Sport au sein de AMOS Sport Business School. J’ai notamment travaillé au sein de Decathlon, Azur Sport Organisation ou encore Red Bull que ce soit pour des stages, des alternances ou des jobs étudiants. Ces expériences professionnelles m’ont permis d’acquérir de nouvelles compétences tout en vivant pleinement ma passion du sport et des sports extrêmes plus précisément.
À la fin de mes études, je décide de me lancer dans l’entreprenariat avec un projet d’application destinée aux passionnés de sports extrêmes. Puis, je suis contactée par Tony Trancard, premier fondateur de The Tricks Network, pour le rejoindre en tant que cofondatrice dans l’aventure #thetricksproject.
À côté de The Tricks Network, je suis intervenante au sein de l’école de commerce où j’ai réalisé mon Master : AMOS Sport Business School. »
Tu travailles à The Tricks Network. Peux-tu nous parler de cette entreprise ?
« The Tricks Network est une jeune startup française fondée en septembre 2021 par 4 cofondateurs : Tony Trancard, Stéphane Labeaume, Cédric Delanchy et moi-même. Et 6 actionnaires. Actuellement nous sommes 8 collaborateurs en full remote aux quatre coins de la France.
#thetricksproject est né du constat simple que le contenu « Sports Extrêmes » est noyé sur les réseaux sociaux généralistes tels que Facebook, Instagram, Twitter, etc. De ce fait, les acteurs de cet univers (sportifs, marques et les différentes organisations sportives) font face à de grandes difficultés pour obtenir de la visibilité, alors que le nombre de pratiquants ne cesse d’augmenter.
L’entreprise regroupe une constellation de plateformes interconnectées et tournées vers la création et le partage de contenus exclusivement « Sports Extrêmes » comme le MTB, Ski, Snowboard, Surf, BMX, Skate, Wakeboard, etc.
En noyau central de cette constellation, nous avons Tricks.social, un réseau communautaire où chaque membre (appelé « Pusher ») peut poster du contenu photo, vidéo, texte, afin de partager ses sessions de ride avec l’ensemble de la communauté. Par la suite les utilisateurs peuvent liker, commenter, demander/donner des conseils, enfin bref échanger autour d’une passion commune.
Évidemment, nous travaillons sur d’autres fonctionnalités spécifiques et adaptées aux sports extrêmes, pour cela nous échangeons un maximum avec nos utilisateurs, afin de déterminer les fonctionnalités les plus pertinentes. Nous travaillons également au développement d’autres plateformes, interconnectées bien sûr, afin de partager du contenu vraiment spécifique.
La volonté de The Tricks Network est d’offrir un espace de partage, d’échange et de visibilité pour ces sports hors du commun, leurs passionnés (peu importe leur niveau), les créateurs de contenu (journalistes, photographes, vidéastes, etc.), les marques ainsi que pour les organisations (associations, clubs, exploitant de lieu de pratique, etc.).
Fin 2021, nous avons mis en ligne la landing page Tricks.social, afin de permettre aux passionnés de se préinscrire à notre plateforme et avoir accès à la bêta de l’application en priorité. Actuellement nous comptons plus de 3 500 préinscrits, parmi eux nous avons des passionnés de sports extrêmes, des sportifs professionnels et des créateurs de contenu. »
Quel est ton rôle au sein de The Tricks Network ?
« Alors, j’ai plusieurs rôles. Tout d’abord, en tant que cofondatrice, et avec le comité de direction (Tony, Stéphane et Cédric), je m’occupe de la partie administrative. Donc de la rédaction des dossiers, des contrats d’alternances/de partenariats ainsi que diverses missions administratives.
De plus, je m’occupe du marketing et de la communication. J’interviens et supervise la gestion de nos réseaux sociaux en collaboration avec Najoie, une de nos alternants.
Et par la suite, j’évoluerai vers le rôle de Customer Success Manager en m’occupant des sportifs/créateurs de contenu qui seront sélectionnés par The Tricks Network, nous les appelons « Official Pushers », et qui auront un statut particulier sur nos plateformes. »
Quelles sont les valeurs de The Tricks Network ?
« Chez The Tricks Network, nous défendons des valeurs propres au Sport comme le dépassement de soi, la diversité et l’ouverture, ainsi que la passion qui est une valeur fondamentale à nos yeux. C’est d’ailleurs une passion commune pour les sports extrêmes qui nous a réunis, nous les cofondateurs, alors que nous ne nous connaissions pas il y a encore 1 an.
Nous défendons également des valeurs sociétales et managériales fortes, telles que le respect et la protection de l’environnement, la transparence dans nos choix et nos actions ou encore le bien-être de nos collaborateurs notamment via la mise en place d’une organisation en full remote saine dans laquelle nous favorisons l’autonomie de chaque collaborateur (horaires de travail, lieu de travail, etc.). Nous pensons que cette autonomie est, non seulement, possible mais surtout viable pour l’entreprise grâce à la confiance que nous avons les uns envers les autres et notre motivation. »
En tant que fondatrice d’une start-up, comme gères-tu la partie management avec tes équipes ?
« Comme je l’ai évoqué précédemment, nous sommes actuellement 8 collaborateurs au sein de l’entreprise : 4 cofondateurs et 4 alternants. Mais notre organisation en full remote, peut présenter des difficultés en termes de management.
Ainsi, pour le management général de la Team Tricks, nous avons mis en place un Slack composé de différents canaux, afin d’échanger sur différents sujets : marketing, développement informatique, ou encore UI/UX où nous échangeons sur des thématiques précises liées à l’entreprise. Nous avons également un canal « machine à café » pour discuter de tout et de rien : films/séries, sports, vacances, etc. L’objectif étant de créer une véritable culture d’entreprise même si les collaborations sont à plusieurs centaines de kilomètres les uns des autres. Nous organisons également des visio-call tous ensemble chaque semaine pour faire le point sur ce qui a été fait et ce qui est à faire durant les jours qui suivent.
Personnellement, je suis tutrice de 2 alternantes, chacune avec un poste distinct, j’organise des visio-call avec elles pour définir leurs missions, suivre leurs avancées, échanger et éclaircir certains points si besoin. Le management représentait une grosse partie des notions que j’ai étudiées durant mon cursus scolaire, alors je mets un maximum en application ce qui m’a été enseigné. De plus, j’ai aussi été stagiaire/alternante et je n’en garde pas que des bons souvenirs alors je ne souhaite pas reproduire cela en tant que tutrice.
Je pense qu’à partir d’un certain niveau d’études, un stagiaire ou alternant est parfaitement capable d’occuper un vrai poste au sein d’une entreprise, qu’on lui confie des missions importantes et des responsabilités tout en restant présent pour superviser, apporter des précisions et agrémenter les notions théoriques vues en cours par des cas concrets.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le stagiaire ou l’alternant est encore étudiant, donc la mission du tuteur est de lui apprendre de nouvelles notions ou d’approfondir les notions connues.
Ma mission vis-à-vis de mes alternantes est de favoriser leur autonomie sur les différentes missions que je suis amenée à leur confier, d’encourager leur prise d’initiatives et leur donner un maximum de recul entre notions théoriques et la réalité du terrain. Cela passe, selon moi, par la confiance : je ne suis pas constamment derrière elles à surveiller ce qu’elles font, si elles sont devant leur ordi toute la journée, etc. Cela ne serait pas en accord avec les valeurs de The Tricks Network. »
Quelle est la valeur ajoutée de The Tricks Network par rapport aux autres réseaux ?
« Nous ne prétendons pas révolutionner les réseaux sociaux, mais nous souhaitons apporter une nouvelle manière de consommer du contenu. Comme nous aimons le dire, The Tricks Network et plus précisément Tricks.social c’est chez nous (sous-entendu nous les riders), et nous promettons du contenu de qualité, 100 % sports extrêmes et surtout non pollué par les publicités display qui envahissent nos fils d’actualités.
De plus, nous souhaitons remettre les échanges au centre de nos plateformes. Ainsi, les membres pourront échanger entre eux, et nous encourageront les sportifs professionnels pour qu’ils donnent des conseils aux autres membres de la communauté et qu’ils soient plus « accessibles » en répondant à des messages par exemple.
Nous plaçons également nos utilisateurs au cœur de #thetricksproject. Nous allons mettre en place une roadmap publique des différentes fonctionnalités : chaque membre pourra ainsi soumettre ses idées de fonctionnalités et voter pour celles qu’il souhaite retrouver en priorité sur Tricks.social. »
Qu’est-ce que vous essayez d’apporter ?
« Nous voulons apporter un nouveau media, des plateformes sur lesquelles les utilisateurs n’auront pas besoin de scroller indéfiniment pour espérer trouver du contenu lié à leur passion pour les sports extrêmes et ainsi leur éviter de subir la volatilité des algorithmes existants sur les réseaux sociaux mainstream.
Sur nos plateformes, tout sera classé par centres d’intérêt de ce fait, si un utilisateur sélectionne Skate et Surf par exemple, seuls les contenus correspondant à ces sports s’afficheront sur sa Line Up (fil d’actualité).
Nous souhaitons encourager la pratique sportive In Real Life grâce au digital avec l’organisation de rassemblements et de sessions de ride entre les utilisateurs.
Et également aider à la démocratisation et la mise en lumière des sports extrêmes, à notre niveau pour le moment mais nous avons des projets ambitieux pour la suite de #thetricksproject. Aujourd’hui, l’un des seuls moyens de consommer du contenu Sports Extrêmes c’est via les réseaux sociaux mainstream, Facebook et Instagram principalement, sur des plateformes ultra spécifiques comme Red Bull TV (mais le contenu est exclusivement celui de Red Bull), sur des plateformes de streaming telles que MCS Extrême et Riding Zone TV ou des blogs comme The Rider Post.
Avec #thetricksproject, nous souhaitons réunir tous ces types de contenus (photos, vidéos, lives, reportages/documentaires, courts et longs métrages, articles, etc.) au sein d’un seul et même écosystème, avec des plateformes spécifiques à certains types de contenus, mais toutes interconnectées. Ainsi les passionnés n’auront plus besoin d’aller chercher à droite et à gauche les contenus qui les intéressent. »
Comment marche votre financement participatif ?
« Nous avons lancé une campagne de financement participatif via le site Ulule entre mi-janvier et fin-février. Cette campagne avait plusieurs objectifs, nous permettre de récolter 5 000 €, et ainsi accélérer le développement de la version bêta de Tricks.social.
Mais au-delà de l’objectif financier, nous souhaitions utiliser cette campagne Ulule comme un levier de communication et faire connaître notre start-up et plus précisément Tricks.social. Pour cela, nous avons mis en place une stratégie efficace sur nos réseaux sociaux, afin de mobiliser notre communauté et la faire grandir.
Pour nous, cette campagne a été une réussite, non seulement car nous avons atteint l’objectif financier, mais aussi parce que notre communauté s’est fortement engagée derrière #thetricksproject en participant à la campagne, en relayant notre message et en se pré-inscrivant pour avoir accès à la version bêta. »
Vous avez plusieurs partenaires, comme Gravity par exemple. Comment collaborez-vous avec ces entreprises qui vous vont confiance ?
« Nous avons très peu de concurrents directs, et aucun sur le territoire français. Alors chez The Tricks Network, on dit que nous n’avons que des partenaires potentiels. À ce jour, nous avons une dizaine de partenaires dans différents domaines et nous souhaitons garder des relations saines avec chacun d’entre eux.
Pour qu’un partenariat soit efficace, il faut que la confiance soit mutuelle. Nos partenaires nous font confiance et nous leur faisons confiance en retour. Cela ne peut pas être à sens unique. Il est également nécessaire de faire preuve de transparence sur les points positifs, et surtout les points négatifs, afin de faire des ajustements.
Nos collaborations sont spécifiques à chaque partenaire mais d’une manière générale, nous échangeons beaucoup, que ce soit par mail ou par visio-call, autour des synergies possibles avec la volonté de trouver un accord gagnant-gagnant pour les deux parties. »
Vous avez une boutique en ligne. Comment est-elle gérée ?
« Nous utilisons Shopify pour la mise en ligne de notre e-shop. Cet outil permet de faciliter énormément de choses. Elle reste tout de même gérée en interne par Tony pour le côté développement et par Cédric pour le côté marketing.
Nous avons l’opportunité d’avoir un large panel de compétences au sein de l’entreprise, cela nous évite de faire appel à des prestataires ou des freelances, et ainsi garder la main sur les plateformes que nous mettons en ligne.
Et nous faisons appel à un prestataire Print On Demand pour les produits estampillés Tricks que nous vendons sur le e-shop. »
Vous êtes une entreprise écoresponsable : pas de plastique, des encres éco-certifiées et vegan, mais aussi vous imprimez et expédiez en France. Pourquoi s’être mis dans cette démarche ?
« Tout d’abord, parce que cela fait partie de nos valeurs, de celles de nos utilisateurs et des sports outdoor en général. Nous sommes des passionnés et pratiquants de sports extrêmes avant tout, donc forcément le respect et la protection de l’environnement nous tient à coeur. Il était ainsi évident de retranscrire cela au sein de The Tricks Network.
Et cela ne s’arrête pas seulement à notre e-shop. Dès le lancement du projet en mars 2021, nous réfléchissions à des actions utiles pour les inscrire dans notre politique RSE. À commencer par le full remote, grâce à ce mode de travail, nous évitons à nos collaborateurs de se déplacer pour venir au bureau.
De plus, l’équipe Développement utilise des techniques de “green code” c’est-à-dire des méthodes de développement technique durables à nos plateformes comme le codeless, la mise en place de CDN, l’optimisation de nos applications, des serveurs basse consommation situés en France, etc.
D’ailleurs, nous étudions les normes pour l’obtention du label “Green IT”, ce qui légitimerait d’autant plus nos actions. »
Quels conseils donnerais-tu aux étudiants qui souhaitent se lancer dans un projet de start-up dans le sport ?
« Il y aurait plusieurs conseils à donner comme savoir s’entourer, discuter de son projet avec d’autres entrepreneurs, ne pas hésiter à demander de l’aide ou encore ne pas être arrogant et penser que l’on peut tout faire seul. Mais selon moi, les trois conseils les plus importants sont les suivants :
Le premier m’a été donné par tous les intervenants en marketing que j’ai eu pendant mes études : Commencer par trouver un problème avant de trouver une soi-disant solution. On peut avoir des centaines d’idées de projet par jour, mais si le projet n’apporte pas une solution à un réel problème, alors ça va être compliqué de trouver des clients. C’est ce que tous les intervenants en marketing m’ont appris durant mes études.
Le second n’est pas vraiment un conseil, mais plutôt un argument pour déconstruire un mythe autour du développement web et la création d’une start-up : Ne surtout pas penser qu’il est impossible pour un étudiant ou une personne en général de lancer un projet de start-up, s’il n’a pas de compétences en développement web. Il existe plusieurs outils qui permettent de lancer des MVP, voire des sites web/applications plus abouties sans avoir à écrire une seule ligne de code. Ces outils nocode, tels que Dorik, Adalo ou encore Bubble, permettent de pallier ce manque de compétence. Avant de m’associer avec Tony sur The Tricks Network, je travaillais sur un side project d’application similaire mais entièrement construit sur Adalo.
Enfin, le troisième conseil c’est vraiment une leçon de mon expérience professionnelle : Se lancer, passer à l’action ! Ça fait très entrepreneur qui veut vendre une formation en MLM, mais dans mon expérience personnelle, c’est à partir du moment que je suis passée à l’action que tout a basculé. Ce side project était un projet similaire à Tricks.social j’ai alors lancé une landing page pour permettre les inscriptions sur l’application, le tout fait avec des outils nocode. Et moins de 3 semaines après la mise en ligne, j’ai été contacté par Tony qui m’a proposé de le rejoindre sur The Tricks Network. »