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Interview Noémie ALLABERT : « Être championne du monde, c’était irréel pour moi ! »

Noémie Allabert est une powerlifteuse française née le 15 mai 1990, à Troyes. Elle est affiliée à la Fédération Française de Force. La Briennoise a décroché son premier titre mondial, début décembre 2021, en Suède. Désormais installée dans le Var, elle savoure. Même si elle sait que cette distinction ne bousculera pas ses habitudes.

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Noémie Allabert

C’est une première dans sa carrière ! Déjà deuxième en 2019, la Française s’est imposée en patronne pour décrocher l’or. La triple championne de France et double championne d’Europe ajoute une nouvelle ligne à son palmarès, la plus importante. Après avoir soulevé 80 kg au développé couché, il aura fallu attendre la dernière épreuve pour devancer une autre Française, Shizuka Rico. Un 192,5 kg au soulevé de terre pour s’octroyer l’or mondial. Juste exceptionnel !

Noémie, tout d’abord je souhaitais te féliciter pour les grandes performances que tu as réalisées ces derniers mois et années.

Un grand merci à toi, aujourd’hui, de prendre du temps de répondre à nos questions pour notre journal étudiant CSactu.

Pour commencer, Noémie, pourrais-tu te présenter brièvement ?

« Je m’appelle Noémie, j’ai 31 ans, et je pratique du sport en compétition et notamment de la force athlétique. Je fais du squat, du développé couché, mais aussi du soulevé de terre. Depuis que j’ai 27 ans j’en pratique, donc ça va bientôt faire 5 ans.

Niveau palmarès, j’ai fait 3 fois championne d’Europe. J’ai été vice-championne du monde en -47kg et cette année, j’ai réalisé mon plus grand exploit : championne du monde en -52kg. Je suis originaire de Troyes, mais j’ai récemment déménagé à Cavalaire sur Mer.

Je suis en train de créer, avec mon copain, un club de force athlétique à Cogolin (à côté de mon lieu de résidence). »

Tu pratiques un sport qui est moins médiatisé que certains. Peux-tu nous le décrire et quel est le but de cette activité physique ?

« Je pratique un sport de force, dont le but est de soulever la charge la plus lourde possible, en 3 mouvements : squat, développé couché et soulevé de terre. L’athlète a 3 essais pour soulever son maximum possible.

Malheureusement, ce n’est pas un sport très médiatisé, car avant nous étions relié avec l’haltérophilie. Maintenant, il y a une fédération à part, pour la force athlétique. Mais c’est un sport qui n’est pas Olympique pour le moment, il l’est juste pour les Jeux Mondiaux. Je ne sais pas si l’haltérophilie va rester un sport Olympique… À cause de nombreux problèmes de dopage… ».

Quelle est la plus belle distinction que tu es reçue ?

« C’est le titre de championne du monde, en décembre dernier ! C’est vraiment le graal pour moi, et c’est la distinction la plus haute et la plus belle possible, autre que les JO. On ne peut pas faire mieux dans ce sport-là en titre, comme on n’est pas représenté aux JO. »

Quels sont tes meilleurs et pires souvenirs dans ta carrière sportive de powerlifteuse ?

« Mon meilleur souvenir reste mon plus beau titre, celui de championne du monde de -52kg. Même si mes autres titres, européens et français restent des titres gravés à jamais dans ma tête.

En pire souvenir, j’en ai quelques-uns quand même… Une année, j’ai été sacré championne d’Europe en décembre, et dans les mois qui suivaient, les championnats de France arrivés. Je ne suis pas du tout arrivée en forme, avec le poids que je voulais. J’ai donc terminé 2ième aux championnats de France, qui est loin d’être un mauvais résultat, mais je veux toujours la meilleure place, et j’ai donc été déçue. En plus, je les perds à 500 grammes, ce qui ne représente presque rien.

J’ai vraiment fait n’importe quoi dans mon régime… J’ai donc eu beaucoup de mal à encaisser cette ‘défaite’. Mais cela m’a permis de me remettre plus vite que prévu debout, me booster encore plus et aller de l’avant. »

Noémie, le titre mondial que vous avez décroché en décembre dernier. C’était un objectif de vie ?

« Pour être sincèrement, je ne pensais pas atteindre le haut niveau. Jusqu’à mes 27 ans, je ne pratiquais que très peu le sport. Donc, la première fois que j’ai gagné les championnats de France, c’était dingue ! Ensuite les championnats d’Europe m’ont vraiment propulsé dans une autre catégorie, puis les championnats du Monde plus récemment, je n’y aurais jamais cru au début.

C’est venu petit à petit, on ne s’en rend pas forcément compte au début. Ce sont des heures et des heures de travail. C’est un sport qui suscite de l’acharnement, du dépassement de soi etc. Chaque sport à très haut niveau demande de dépasser un certain stade, et moi j’ai réussi à l’atteindre et j’en suis fière. J’ai encore énormément de mal à l’imaginer et que j’y suis arrivée.

Je me suis pris au jeu, au fil des mois et des années, et me disant qu’il fallait que je fasse à mieux à la prochaine compétition… Voilà où j’en suis arrivée aujourd’hui, sur le toit du monde ! ».

Comment avez-vous vécu cette crise sanitaire à cause du coronavirus ? Quelles étaient vos solutions pour continuer à pratiquer une activité physique ? Comment vous êtes-vous occupée ?

« En mars 2020, lors du premier confinement, j’ai pu emprunter du matériel dans le club où je m’entraînais. Je me suis fait une petite installation de musculation dans mon salon, où j’ai pu faire des squats, du développé couché et du soulevé de terre, malgré tout.

Je m’entraînais tous les jours, donc cela n’a pas changé grand-chose pour moi, malgré peut-être le manque d’espace.

Mais je n’avais pas de contraintes extérieures, comme d’autres sports, comme le football, le tennis ou autre, je pouvais pratiquer tout ça chez moi.

Mais ce qui a été plutôt compliqué à gérer, c’était l’annulation des compétitions, avec une baisse de motivation, une prise de poids car je faisais moins attention à ce que je mangeais. »

Si vous deviez être un/e autre sportif/ve tricolore, qui choisiriez-vous et pourquoi ?

« J’adore la française judokate Clarisse Agbegnenou. J’aime bien cette sportive car elle dégage de bonnes valeurs, que ce soit au sport ou même dans la vie de tous les jours.

Son palmarès est aussi très enrichissant, on apprend beaucoup de cette personne. »

Pouvez-vous nous livrer une anecdote personnelle ?

« Alors, c’était en compétition avec une copine, qui était en Équipe de France avec moi, en -57kg. On participait à notre première compétition en Algérie (Coupe de la Méditerranée), toutes les deux. Ce qu’il s’est passé, lors d’un échauffement en squat, ma copine a été demandée en mariage. C’était un moment vraiment improbable et incroyable. »

Quelles sont vos prochaines dates de compétition ?

« J’ai les championnats de France le 19 mars. Les championnats de France représentent beaucoup pour moi car il y a une forte concurrence.

On est deux françaises à toujours se suivre sur les compétitions, lorsque y’en a une qui termine première l’autre est deuxième, comme lorsque récemment j’ai été championne du Monde, elle a été vice-championne du Monde.

On se tire un peu la bourre et c’est beau, ça rajoute une motivation en plus ! Il ne faut pas que je les prenne à la légère, que je me prépare correctement, pour les gagner ! »

Aujourd’hui, vous avez 31 ans. Que pouvons-nous vous souhaiter pour l’avenir ?

« Eh bien, récidivé le plus possible mes exploits récents. Toujours prendre autant de plaisir, battre mes records et gagne le plus de titres possible !

J’aimerais ensuite faire connaître au grand public la force athlétique qui, aujourd’hui, se différencie de l’haltérophilie.

Je voudrais que les jeunes apprennent ce magnifique sport, qui demande beaucoup de temps mais aussi d’énergie. »

Noémie Allabert est donc championne du monde de force athlétique (-52 kg) !

Ce fut la consécration ! Noémie Allabert a remporté son premier titre mondial en force athlétique (-52 kg) à Halmstad, en Suède. C’est une première dans sa carrière. Déjà deuxième en 2019, la Française s’est imposée en patronne pour décrocher l’or. La triple championne de France et double championne d’Europe a ajouté une nouvelle ligne à son palmarès, la plus importante… Et la plus belle !

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