Timothée Thomas-Collignon : Comment as-tu découvert le volley-ball ?
Jean-Philippe Sol : J’ai découvert le volley-ball au collège. En 5ème, je devais choisir 2 options entre l’occitan, le latin et le volley. J’ai opté pour ces deux dernières options.
TTC : Vos entraîneurs voyaient déjà beaucoup de potentiel en vous à cette époque ?
JPS : Oui. J’étais assez grand (1m98 aujourd’hui), et ça compte beaucoup au volley. J’étais adroit, donc certains coachs ont cru en moi. Je me suis entraîné avec les catégories supérieures jusqu’à des détections nationales qui ont donné suite à mon intégration à un pôle espoir et c’est là que j’ai commencé à jouer au poste de central.
TTC : L’équipe titrait en 2015 « le central, le poste ingrat au volley-ball ». Êtes-vous moins mis en lumière que d’autres postes ?
JPS : Oui clairement, c’est vraiment un poste de l’ombre. On joue la moitié du temps on dépend de la réception et de beaucoup de choses. Alors oui c’est un poste ingrât mais a contrario un poste essentiel et très collectif. On ne peut pas gagner sans des centraux performants.
TTC : Quel est le plus beau moment de votre carrière ?
JPS : Alors il y en a beaucoup mais je dirai peut-être au niveau international ma première sélection en Équipe de France. J’avais déjà joué avec les cadets et les juniors, mais quand le coach t’appelle pour jouer avec les « A » effectivement c’est quelque chose.
TTC : Vous avez perdu avec l’Équipe de France les championnats d’Europe en 2009, un résultat digéré aujourd’hui ?
JPS : Oui aujourd’hui c’est digéré. D’abord c’était un résultat surprise pour nous d’arriver jusqu’en finale. Nous n’étions pas du tout favori, donc être vice-champion d’Europe c’est déjà un excellent résultat. On y a été dans l’inconnu, étant donné que beaucoup de joueurs habituellement sélectionnés étaient blessés. Mais sur le moment on se disait qu’on aurait d’autres occasions. Avec le recul on se rend compte qu’en fait non (sourire). Maintenant c’est digéré et ça reste tout de même un excellent souvenir car comme je l’ai dit c’était une énorme surprise d’en arriver jusque-là.
TTC : Qui serait selon toi le meilleur joueur du monde actuellement ?
JPS : Alors pour moi ce serait Wilfredo Leon (réceptionneur-attaquant cubano-polonais). C’est le prototype du volleyeur parfait, physiquement, techniquement, dans le jeu… Il peut renverser un match rien qu’avec son service. Après pour être chauvin je dirais aussi Earvin Ngapeth, moins physique que Leon mais qui peut également faire la différence dans les moments décisifs. Il a énormément apporté au volley-ball français. Ça prouve aussi que la formation française performe ces derniers temps.
TTC : Les très bons résultats, notamment aux JO (médaille d’or pour les hommes), de l’Équipe de France peuvent-ils selon toi permettre au volley de se développer dans les années à venir ?
JPS : C’est vrai que les résultats de l’Équipe de France font rêver et donnent envie à beaucoup de jeunes de s’inscrire dans un club. Mais pour que le sport se développe il faut également un travail de la Fédération et de la Ligue Nationale pour avoir des structures professionnelles.
“Tout le monde doit tirer dans le même sens pour permettre au volley français de se développer.”
Jean-Philippe Sol
TTC : Quel est l’objectif de Saint-Nazaire cette saison ?
JPS : D’abord c’est de se maintenir et pérenniser notre place dans l’élite. Ensuite c’est de se placer au mieux dans le classement et peut-être même accrocher les play-offs en fin de saison.
TTC : Toi personnellement comment te sens-tu physiquement et mentalement ? Plutôt sur la fin ou prêt à enchaîner encore plusieurs saisons ?
JPS : Alors évidemment je suis plus proche de la fin que du début (sourire), mais je me sens très bien dans mon corps et dans ma tête, je pense encore pouvoir jouer quelques années, tant que le physique et la tête tiennent. Mais aujourd’hui le progrès fait que les joueurs peuvent parfois jouer jusqu’à 40 ans voire plus. Donc c’est surtout une question de motivation mais je me sens très bien à Saint-Nazaire, j’ai été très bien accueilli et je m’y porte à merveille donc c’est top !
TTC : Comment ça se passe financièrement pour les joueurs de première division ? Tout le monde a un salaire pour en vivre convenablement et sans exercer un métier en parallèle ?
JPS : Je pense que tous les professionnels ne font que ça, et le salaire est assez conséquent pour en vivre correctement. On est aussi aidés par nos clubs pour le logement, les déplacements, la nourriture parfois. Mais c’est sûr que l’argent mis de côté grâce au volley-ball ne nous permet pas, comme dans certains sports, d’en vivre correctement toute notre vie.
TTC : Tu as des idées, des projets pour ton après carrière ?
JPS : J’aimerais rester dans le sport de haut niveau. Alors pas forcément entraîneur principal, je ne pense pas que ce soit quelque chose fait pour moi. On ne sait jamais, des rencontres peuvent parfois nous faire changer d’avis, mais je ne pense me tourner vers ce métier. Le fait de ne pas avoir suivi d’études supérieures n’est pas vraiment un frein pour ma future vie professionnelle. Il y a pas mal de dispositifs mis en place en France pour permettre aux sportifs de haut niveau d’envisager une reconversion après leur carrière.