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INTERVIEW. Dorothée Pacaud, maire de Saint-Brévin-les-Pins : « Je me suis retrouvée dans une espèce de tourbillon médiatique »

Le 9 juin 2023, Dorothée Pacaud est devenue maire de Saint-Brevin-les-Pins. Sa nomination intervient suite à la démission de l’ancien maire Yannick Morez après l’incendie de sa maison provoqué par des manifestants contre le déménagement du Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile. A travers cet entretien, Dorothée Pacaud témoigne de son changement de statut dans un contexte tendu.

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Dorothée Pacaud, maire de Saint-Brévin, à son bureau lors d’un entretien réalisé le 31 octobre 2023. ©Enzo Amirault/ CSactu

Pour commencer, comment avez-vous vécu les événements qui ont poussé Yannick Morez à démissionner ?

Ce n’est pas venu du jour au lendemain. Lorsque l’incendie est arrivé au mois de mars, cela faisait en réalité déjà 18 mois que tout avait commencé.  Après, il y a vraiment eu le choc de l’incendie, là franchement, j’étais comme tout le monde, je n’en revenais pas. J’avais du mal à le croire, je suis rentrée, je suis passée devant sa maison, il habitait à 300 mètres de chez moi, je l’ai vécue comme un choc.

Vous étiez adjointe au maire avant les incidents, pensiez-vous devenir maire un jour ?

C’est pour cela que je n’ai pas non plus trop hésité pour lui succéder. Dans le sens où il m’avait dit lorsqu’il est devenu maire en 2020 que ça serait son dernier mandat et donc qu’il voulait vraiment qu’on soit en binôme. Ainsi, il m’a beaucoup associé, m’a mis en avant, pour que je sois au courant des dossiers pour préparer son départ. Je savais donc qu’il s’arrêterait peut-être un peu avant pour préparer la suite, mais je ne pensais pas que ça arriverait dans ce contexte.

Le 9 juin 2023, vous êtes devenue maire de Saint-Brevin-les-Pins, comment avez-vous ressenti ce changement de statut dans ce contexte compliqué ?

Un peu comme un tourbillon, on ne réalise pas trop ce qu’il se passe. Il m’a d’abord annoncé sa démission, puis à l’équipe. Il a fallu que chacun digère. Je me souviens d’élus au bord des larmes. Il a tout de suite dit qu’il voulait que ce soit moi qui prenne la suite. J’ai dit que je m’en sentais capable. Je me suis retrouvée dans une espèce de tourbillon médiatique, mon téléphone n’arrêtait pas de sonner, des « 06 », je ne savais pas qui c’était. J’ai eu une petite baisse de tension, ce qui fait que même avant d’arriver au moment de l’élection, j’étais épuisée.

À la suite de votre élection, vous avez reçu des insultes, et même une menace de mort ?

J’ai reçu des lettres d’insultes adressées à la mairie et notamment un courriel de menace de mort. Concernant les plaintes, je n’ai pas trop d’espoir pour l’instant, ça suit son cours, mais à mon avis ça sera très compliqué.

Ce qui fait qu’aujourd’hui vous bénéficiez d’une protection particulière pour assurer votre sécurité, comment cela s’est passé ?

Comme j’ai subi plusieurs menaces au début du mois de juillet, j’ai reçu un appel du ministère de l’Intérieur, ils ont une commission qui s’appelle UCLAT (Unité de Coordination de la Lutte Antiterroriste)  qui évalue le risque des personnes civiles ; ils ont dit qu’il y avait un très mauvais climat et qu’ils préféreraient que je le sois. Ce sont deux officiers de sécurité qui m’accompagnent dans tous mes déplacements. 

Ce n’est pas trop contraignant de se retrouver du jour au lendemain avec deux officiers lors de vos déplacements ?

Si je vais dans un lieu public, ils vont être là pour s’assurer que tout va bien. Si je vais au cinéma en famille, ils vont être assis dans la salle. Donc, c’est assez lourd, je suis obligée la veille de prévoir mon programme. Je ne peux pas dire d’un seul coup “tient j’aimerais bien voir la mer”. C’est assez contraignant puis il y a des choses qu’on a moins envie de faire si on est toujours escorté. D’un autre côté, c’est que pour un temps limité donc je sais que le risque va être réévalué. Le temps que l’histoire du CADA soit terminé, qu’il ouvre et qu’on en parle plus.

Pour finir, êtes-vous candidate pour les élections municipales de 2026 ?

J’ai conscience que cette période, c’est un contexte et que c’est quelques mois. Il me reste encore deux ans, il va se passer d’autres choses. Je pense que j’aurais le souhait en 2026 de continuer parce que lorsqu’on a été maire à peine trois ans, c’est un peu frustrant. La volonté aussi de passer devant l’ensemble de la population parce que là, j’ai été élue en Conseil municipal. Aujourd’hui, je me vois me présenter en 2026, forcément.

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