S’inspirer de ses origines pour une musique de l’intime
Une artiste aux cultures multiples
MIMAA revendique haut et fort ses origines espagnole et italienne et fait de la musique un vrai lieu de dialogue interculturel, moyen de célébrer ces cultures si importantes pour elle tout en les mêlant au français. Elle fait preuve d’une hybridité linguistique revigorante, unissant espagnol (« la vida es un carnaval »), italien (« amore »), anglais (« die ») et français, dans des titres qui jouent d’une hybridité générique également très liée à ce mélange culturel, oscillant entre flamenco, trap, latino, hip-hop…
Ce métissage linguistique qui apporte tant d’authenticité à ses chansons est redoublé par l’expérience concrète de partage permise par leur rythme dansant, et qui les porte à un autre niveau. Si la musique de MIMAA est donc génériquement et linguistiquement plurielle, elle est peut-être aussi difficilement catégorisable qu’elle est facilement reconnaissable.
Se dévoiler au fur et à mesure des EP
Avec ses origines vient la place très importante que prend sa famille dans sa vie, à qui elle dédie ce deuxième EP « Soleil ». Elle bascule de l’amour romantique à l’amour familial, et abandonne un « elle » récurrent au profit d’un « je » qui se livre davantage.
De quoi se demander ce qu’elle nous offrira dans son 3e EP, qu’elle annonce être « autour d’une notion beaucoup plus intime » : s’agira-t-il encore d’amour, au sens d’amour de soi ou d’amitié, ou sortira-t-elle de cette thématique pourtant « universelle » selon elle mais aussi la « plus vaste » pour explorer par exemple la religion et la spiritualité dans la musique, ce qu’elle faisait déjà avec « Maria » ? À moins qu’elle ne fasse complètement autre chose : il ne nous reste qu’à suivre ses prochaines sorties !
Un sujet de prédilection : les femmes
De la femme fatale à la femme gypsy, les figures féminines sont légion chez MIMAA et sont placées sous le signe de la fascination. Elles sont puissantes, indépendantes et elles prennent de la place : voici les femmes que chante MIMAA, en se mettant en scène elle-même à travers un « je » joueur et insaisissable, ou à distance avec un mystérieux « elle » qu’elle semble parfois investir en même temps qu’elle le décrit.
« Amore » explore comme son titre l’indique le thème de l’amour en le mêlant ponctuellement à celui de la mort dans « Amore », « Gangsta », « Gypsy », « Caresses » … Dans ce « recueil d’histoires d’amour » ainsi que le qualifie MIMAA, la femme peut être irrésistible et joueuse (« il paraît que tu m’adores », « mais crois-moi j’ai bien plus encore / pour te faire tomber amoureux » dans « Dolce Vita »).
Loin de les dépeindre comme vulnérables, MIMAA affirme l’indépendance des femmes et la sienne avec la façon de peindre la séduction comme un jeu, ou notamment avec sa chanson « Belek » : « non j’suis pas ta femme idéale » ; « c’est pas demain qu’on emménage » ou encore « j’suis pas ta mère ». Les hommes deviennent des « bambino » dans « Dolce Vita », où MIMAA renverse l’érotisme habituel porté sur la femme avec le « et que j’ai de jolis yeux » qui se mue en « c’est vrai qu’t’as de jolis yeux », remplaçant le male gaze par un female gaze.
Il ne s’agit cependant pas d’une ligne directrice de son travail, qui prend davantage pour thème la mise en chanson de ses origines espagnoles et italiennes. D’autres de ses titres reprennent des motifs plus conventionnels comme « Carnaval » où il est question d’un coup de foudre pour une femme qui se détache des autres dans la foule, à travers les yeux d’un homme, d’une façon qui rappelle beaucoup « Andalouse » de Kendji Girac. Ce dernier constitue l’une des inspirations générales de MIMAA, témoignant à nouveau du fort ancrage culturel de celle-ci où elle puise une grande part de son originalité musicale.
La femme que chante MIMAA correspond finalement à la femme gypsy, et possède un certain pouvoir qui lui confère par moment une aura menaçante, que l’on peut – et doit parfois – craindre : « j’ai le pouvoir d’une Gypsy », « j’te jette la mala suerte » (« Gypsy »), « crois-moi gangsta tu vas mourir à la fin du film » (« Gangsta »).
Cette représentation de la femme forte dans ma musique vient des femmes fortes que j’ai connues dans ma famille.
Est-ce que le fait de réaffirmer une telle puissance des femmes dans ta musique et donc dans nos représentations vient d’une volonté féministe consciente ?
Non, ce n’est pas conscientisé. Je ne me suis pas dit que je voulais parler que de femmes pour me positionner, c’est parce que je m’inspire de ce que j’ai vécu, de mes rêves, de l’endroit où j’ai grandi. Je viens d’une culture espagnole-italienne où on passe beaucoup de temps ensemble entre femmes, même quand on mange, les femmes sont d’un côté et les hommes de l’autre. Elles m’ont beaucoup inspirées dans ma vie, j’ai grandi avec ma mère, ma grand-mère, mes tantes, mes cousines qui sont comme mes sœurs… Cette représentation de la femme forte dans ma musique vient des femmes fortes que j’ai connues dans ma famille. Même artistiquement, j’ai été inspirée par des femmes, avec des personnalités hyper affirmées, des voix puissantes : j’ai commencé à chanter avec du Edith Piaf, du Liza Minelli, du Barbra Streisand… que des divas. C’est ça qui m’intéressait et m’animait : comment une femme, aussi douce ou sensuelle soit-elle, peut sortir une voix aussi énorme, assumée, qui gronde.
Le fait d’être loin du sud […] me met en quête de mes racines.
Tu te sers beaucoup de ces influences du sud, ton dernier EP s’intitule « Soleil », dedans il y a notamment « Raíces » qui a un côté très nostalgique. Le fait d’habiter désormais à Paris et donc loin te pousse-t-il à exprimer encore plus tes origines dans ta musique, ou penses-tu un jour tenter dans un nouveau style de chanson, plus parisian vibes ?
Oui, complètement, le fait d’être loin du sud me manque et ça se ressent dans ma musique de manière naturelle. Ça me met en quête de mes racines. J’ai envie de me replonger dedans, dans les sonorités hispaniques, dans tout ce que j’ai pu entendre petite, c’est pour ça que je le mets dans ma musique, ça me réconforte. Le fait d’être née en France et d’avoir grandi ici mais d’appartenir à une culture espagnole-italienne crée parfois un sentiment d’incomplétude chez moi, et c’est ce sentiment-là qui me pousse à puiser dans mes racines et ma culture d’origine.
Quand je suis arrivée à Paris, j’ai pris conscience de la richesse dans laquelle j’avais grandi. Plus j’avance dans le temps et plus ça me manque, donc c’est pareil pour ma musique, parler de plus en plus du sud est proportionnel au manque qui grandit en moi. Pour l’instant je suis une artiste émergente donc je n’ai pas encore cette liberté de pouvoir vivre loin et de voir les gens s’adapter à mon emploi du temps, mais dès que c’est possible, je reviens dans le sud, je rejoins le soleil, la mer et je me rapproche de ma famille.
Je suis là pour créer, pour aller au bout de mon inspiration.
Tes morceaux jouent beaucoup de l’entremêlement des langues et des genres musicaux. Est-ce que c’est car tu t’inspires toi-même de choses très différentes ou ça vient aussi d’un vrai refus de t’enfermer dans un genre en particulier ?
Oui, les artistes qui m’inspirent ont une liberté musicale énorme. Je n’aime pas trop ceux dont l’album semble être juste une déclinaison d’une de leur chanson où ils ont assumé un univers fort. Par exemple, j’adore Nathy Peluso, une chanteuse argentine hyper en vogue : elle a une diversité d’univers et de sonorités incroyable, on ne se lasse jamais. Quand elle annonce une prochaine sortie, on se demande quelle dinguerie elle va sortir, elle n’est pas prévisible. Le fil rouge de son projet c’est elle, sa personnalité, sa voix, mais la musique est son terrain de jeu, et je trouve ça génial de pouvoir arriver à ça.
Mais en Amérique c’est une autre manière de consommer la musique, en France on a plus la nostalgie des choses passées, on aime retrouver les mêmes sonorités chez un artiste qui a fait un tube. Donc je ne fais pas des folies d’une chanson à l’autre, même si ce n’est pas l’envie qui me manque ! J’essaie quand même de m’amuser, de ne pas me poser de limites. En tant qu’artiste je propose plein de choses, et après c’est mon directeur artistique qui me canalise, qui prend en charge l’aspect stratégique. Parfois ça m’arrive de penser un peu trop stratégique, de m’empêcher de tester des choses, et puis je me rappelle à ma place d’artiste et je me lance. Je suis là pour créer, pour aller au bout de mon inspiration, et on verra bien après si ça rentre dans le projet.
J’ai beaucoup de chance d’arriver dans une période où on n’attend plus des artistes qu’ils soient très lisses. Il y avait des moments où on préférait signer des artistes purement interprètes, donc leur image était contrôlée, mais là on est davantage dans une ère où on cherche des artistes qui s’affirment, qui ont une forte personnalité. Même dans les maisons de disque il y a une hype autour de l’underground, c’est une chance. On me fait beaucoup confiance.
Tu parlais de Nathy Peluso, qui chante en espagnol ; toi tu choisis de chanter majoritairement en français, pourquoi ?
J’ai déjà sorti quelques chansons entièrement en espagnol, que je chante aussi sur scène, et ce sera sans doute à nouveau le cas dans le 3e EP. Parfois ça nous arrive de faire des versions française et espagnole d’un même titre. Mais pour l’instant, j’ai envie de toucher un public majoritairement français : j’ai envie que ça marche en France dans un premier temps, c’est pour ça que je chante surtout en français.
J’aime bien aller au bout d’une émotion.
Même dans tes musiques les plus sombres comme « Gypsy » qui traite d’une déception amoureuse ou « Raíces » sur la nostalgie, tout reste entraînant et rythmé. Dans « Mambo » tu chantes « je t’ai quitté sur un mambo » : même les sujets tristes deviennent dansants avec toi. Est-ce que c’est une philosophie de vie, et est-ce que tu te verrais faire des chansons plus tristes, moins festives ?
J’ai quelques chansons tristes, comme « Casanova » ou « Nuit », mais c’est vrai que ce n’est clairement pas ce que je fais en majorité. Je suis assez peu souvent dans cette énergie mélancolique quand je suis en studio. Je suis toujours très contente d’y aller, ça me met dans une good vibe, une énergie assez solaire. Donc quand j’arrive j’ai envie de faire un son pour faire la fête, même si je veux aussi parfois traiter de sujets plus profonds.
Quand je rencontre de nouveaux beatmakers et que leur spécialité ce sont les chansons tristes, c’est clair que je ne suis pas hyper enthousiaste, ce n’est pas ce que je préfère faire. Mais ça peut m’arriver de vouloir faire des chansons plus calmes lors de sessions très tardives notamment, après avoir fait quelques sons dansants. C’est lorsque je me suis un peu posée, que j’ai les émotions exacerbées sous le coup de la fatigue, des discussions. Mais c’est très rare. Pourtant j’adore écouter des chansons mélancoliques. Quand je me sens triste, j’aime bien accompagner le moment d’une musique triste, j’aime bien aller au bout d’une émotion. Mais de manière générale, je m’inspire plutôt de musique latine, espagnole, qui est souvent plus solaire.
C’est un peu comme en amour, de trouver un beatmaker : tu dates plein de gens pour tomber à un moment sur la personne avec laquelle tu as […] envie de faire un autre rendez-vous.
Comment ça se passe quand tu rencontres un beatmaker qui a un univers très différent du tien ?
C’est toujours moi qui m’adapte à son univers. Je trouve que ça fonctionne toujours mieux dans ce sens. Les sessions les plus chaotiques que j’ai faites, c’est quand il essaie de faire quelque chose qui me correspond à moi mais qui n’est pas dans sa vibe. Alors que quand je lui propose d’aller au bout de son univers, de son énergie et qu’il change juste deux-trois éléments pour que moi je ramène la mienne aussi, généralement on en sort des bons morceaux, même si ce n’est pas ce que j’avais prévu de base.
J’aime bien cet exercice. Pour moi c’est une collaboration, le beatmaker n’est pas un prestataire qui doit s’adapter. Ce qui marche dans la musique, c’est quand les artistes ont un binôme, comme Rosalía avec son beatmaker au début, leurs univers fusionnaient parfaitement en un truc génial. Ce n’est pas seulement le fait de s’adapter, c’est une fusion.
J’ai aussi vécu ça avec mon premier beatmaker, on ne travaillait que tout le deux pendant longtemps. J’avais peur de ne pas retrouver ce truc avec quelqu’un d’autre, et ça prend du temps, de trouver quelqu’un qui nous corresponde. C’est un peu comme en amour, de trouver un beatmaker : tu date plein de gens pour tomber à un moment sur la personne avec laquelle tu as une affinité et avec laquelle tu as envie de faire un autre rendez-vous. C’est pareil avec les beatmakers, il y en a que j’ai vu une fois et que je n’ai jamais revus.
Et c’est justement lui qui m’a dit qu’il sentait qu’on était arrivés au bout, ce que je sentais aussi. On avait épuisé nos ressources naturelles possibles, on avait besoin d’aller se nourrir ailleurs, de s’inspirer d’autres artistes, de retrouver un élan créatif à travers d’autres univers, de se renouveler. Je continue à travailler avec lui, mais j’ai aussi trouvé deux autres beatmakers avec qui ça se passe super bien, où la collaboration me transporte. Et je continuerai jusqu’à ce que ça ne me transporte plus et qu’il faille que je retrouve quelque chose.
En écriture il faut davantage se prendre la tête, alors que la composition c’est l’inverse.
En tant que compositrice-interprète, y a-t-il une partie que tu préfères à l’autre, entre paroles et musique, dans la conception d’une musique ?
Ça dépend des fois… L’écriture est un peu plus ma bête noire. J’aime bien l’élan créatif, la composition sur le moment avec le beatmaker, on cherche des accords, je crée une mélodie, il y a une espèce de synergie où tout se fait de façon très naturelle. Il faut que ce soit fluide, la musique, sinon ça ne fonctionne pas et il faut passer à autre chose. Alors que l’écriture, tu peux avoir un sujet qui te vient en tête de façon instinctive, mais tu peux te prendre la tête pendant des jours pour trouver le bon texte, la bonne première phrase d’ouverture, le bon refrain. En écriture il faut davantage se prendre la tête, alors que la composition c’est l’inverse. Je pense que je préfère la partie compo de base, prod, topline, cette première impulsion. Et l’étape que je préfère par-dessus tout, même par rapport à la partie rec, tournage de clip… c’est quand je suis sur scène. C’est la finalité pour moi, c’est là que le morceau vit, que tu l’ancres dans le temps.
Je vois la carrière d’un artiste et ses œuvres comme un entonnoir, tu pars des choses les plus vastes aux choses les plus resserrées, les plus intimes.
Tu alternes entre des chansons écrites à la première personne et d’autres écrites à la troisième. Et pourtant on a l’impression que la femme décrite dans ce « je » et dans ce « elle » se recoupent souvent, sur le motif de la femme forte notamment. Par exemple dans « Reina latina » tu décris une reina latina qui n’est pas toi, et pourtant dans « Belek » tu finis par affirmer « yo soy la reina latina ». Pourquoi ce glissement, ces choix de décentrement et de recentrement ? Quelle(s) différence(s) fais-tu entre « je » et « elle » ?
J’ai une idée très claire de comment je veux amener mes projets au fur et à mesure : depuis le début, c’est prévu que je sorte un triptyque d’EP avant l’album. Je vois la carrière d’un artiste et ses œuvres comme un entonnoir, tu pars des choses les plus vastes aux choses les plus resserrées, les plus intimes. Dans le premier EP je voulais utiliser un style très narratif, très fictif, où je m’inspirais de moi et de ma vie réelle mais sans me placer à la première personne. C’est pourquoi j’ai choisi cette thématique de l’amour : c’est la plus universelle qui soit, tout le monde cherche l’amour toute sa vie, que ce soit l’amour propre, l’amour extérieur, de sa famille, de ses amis… C’est le sujet de de référence, que tout le monde a. L’amour est dans tous les sujets, il est dans la musique de manière générale. Donc dans cette conception d’entonnoir l’amour était le sujet le plus vaste. Dans le deuxième EP, il n’y a plus cette dimension fictionnelle. Là, je raconte mon histoire, mais ça reste très large car je n’explique pas non plus trop en profondeur ce qu’il y a au fond de ma pensée, mon positionnement. On a réduit l’entonnoir mais ça reste une présentation. Le troisième EP sera autour d’une notion beaucoup plus intime.
Cette thématique de l’amour, c’est la plus universelle qui soit.
En effet dans « Historia : Angel » et « Gangsta » tu parles de « fin du film », il y a une narrativisation avec des sons a priori non musicaux (coups de feu, sanglots…). Plus que narratif, ça introduit un côté cinématographique dans ta musique. Est-ce que c’est un enjeu important pour toi dans lequel tu voudras poursuivre plus tard, ou ça restera juste une facette de ce triptyque ?
Oui, il y en a encore dans le deuxième EP, ce côté narratif et cinématographique, mais cette fois-ci c’est moins du côté de la fiction que du docu, encore par rapport à cette histoire d’entonnoir. Par exemple dans « Historia : Papi Paco » c’est mon grand-père qui chante, c’est concret, réel. Puis dans le deuxième interlude « Historia : Familia » je demande à ma famille ce que c’est pour elle la dolce vita, c’est très condensé. Ça raconte une histoire, mais ce n’est pas une fiction.
Tout ça en raconte plus sur moi et mes origines, on entend les accents de ma famille… C’est aussi une manière de partager avec mes proches ce que je fais, leur faire vivre des moments extraordinaires, mettre un peu de piment dans leur vida ! Mon grand-père est passé sur France Bleu, c’est la première fois de sa vie qu’il s’entendait à la radio. C’est un cadeau que je lui fais mais qu’il me fait aussi : mes EP seront toujours là, j’aurais un héritage de mon grand-père que personne d’autre n’aura, personnel. C’est un trésor.
J’aurai un héritage de mon grand-père que personne d’autre n’aura.
Dans « Gangsta » tu compares ton duo avec celui de Bonnie and Clyde, de La Belle et la bête, de Nairobi et Bogota, de Léon et Mathilda… A quel point des influences extramusicales, en l’occurrence littéraires, cinématographiques, ont aussi du poids dans ta création ?
Beaucoup. Dans les visuels, par exemple, on s’inspire beaucoup d’Almodovar, ça revient quasiment dans tous les moodboards. J’ai aussi des références de stylisme, de designers qui m’inspirent ainsi que leurs histoires, comme Elsa Schiaparelli. Je me nourris d’autres choses, même de livres, je n’ai pas lu pendant très longtemps et en ce moment j’en ressens beaucoup le besoin, ça m’amène une autre ouverture que je n’avais pas jusqu’à présent. Je lis sur le développement personnel, la philosophie. Ça me donne de nouvelles idées sur la façon de voir les choses, le monde, de ressentir, la relation avec les autres. Ça m’inspire beaucoup pour le troisième EP, j’ai déjà en tête les livres que je veux lire pour celui-ci.
Mes références artistiques sont des femmes, parce que je me vois en elles. […] On est capable de faire des choses folles.
Dans « Maria », tu fais une ode à une femme qui n’« a rien de particulier », « une femme comme toi » et « comme moi ». Dans « Carnaval » au contraire, on retrouve le motif de la femme qui n’est pas comme les autres : « elle a quelque chose qu’ont pas les autres femmes ». Est-ce que ces chansons se répondent, et pourquoi cette évolution ?
Non, elles ne se répondent pas. « Carnaval » a une dimension très fictive, je raconte une histoire. C’est un tableau du carnaval de Séville, les femmes portent leurs sévillanes, un homme tourne le regard et aperçoit une femme qui se détache des autres, qui a ce truc en plus. Ça parle d’une aura qu’une personne peut avoir plus qu’une autre à un instant T. Dans « Maria », c’est raconté comme une histoire mais c’est plus un hommage à la femme en général au travers cet aspect religieux, en référence à la Vierge Marie. Il y a beaucoup de représentations religieuses chez les latinos, tout le monde est très croyant, c’est très important dans la construction de soi. On est aussi très superstitieux. J’avais envie de comparer toutes les femmes à la Vierge Marie, de décrire la force des femmes. Il y a une dimension féministe, oui, mais elle n’est pas consciente, c’est vraiment par rapport à ma culture. Je ne me suis pas vraiment dit que j’avais envie de me positionner, même si j’ai des titres qui vont sortir plus tard où c’est le cas, mais jusque-là je voulais plutôt aller puiser dans mes ressources et mon histoire, et il se trouve qu’il y a beaucoup de féminin dans tout ça.
Mes références artistiques sont des femmes, parce que je me vois en elles et ça me donne de la force. Je trouve que les femmes sont incroyables, qu’on est capable de faire des choses folles, autant sur le plan mental que physique. On est capable de se dépasser. Les hommes aussi, mais on en a peut-être moins eu conscience jusque-là, nous.
Quelles sont tes chansons que tu préfères faire ?
Je n’écoute pas mes chansons : si je devais choisir ce serait plutôt vis-à-vis de leur interprétation sur scène, donc « Reina latina » et « Carnaval », car à chaque fois il se passe quelque chose, je sens que c’est à ce moment-là que les gens rentrent dans le concert. J’aime bien écouter de la musique pour me divertir ou m’inspirer, et quand j’écoute la mienne je suis plutôt dans l’analyse, dans le travail, je ne kiffe pas. Mais quand je suis sur scène la musique prend une autre dimension, là je kiffe vraiment mes titres, je partage leur énergie avec les gens et je leur fais partager la mienne.
MIMAA sort donc des cases habituelles et nous emmène au gré de ses inspirations dans un style qui n’appartient qu’à elle. Sa musique est solaire, son rythme dansant et ses paroles plaisantes : il est encore temps de prendre vos places pour son prochain concert aux Etoiles à Paris le 13 mars !
Pour d’autres articles sur l’actu musicale, voir Lucky Love et son titre “Masculinity”.