Tout d’abord, pouvez-vous nous présenter votre parcours en tant que Footballeur ?
« Le foot a vraiment commencé pour moi après mon passage au centre de formation de Beauvais lorsque j’ai rejoint le Red Star à 19 ans qui évoluait en National. J’y suis resté trois saisons de 2011 à 2014. Ensuite 2014/2015 Roye-Noyon (N2), 2015/2016 Vitré (N2) & UJA Maccabi (N3), 2016/2017 Oissel (N3), 2017/2018 Dieppe (N3), 2018/2019 Saint-Maur Lusitanos (N2), 2019/2020 Sedan (N2), 2020/2021 Bastia Borgo (N1) et cette saison 2021/2022 Laval (N1).
Oui, j’ai bourlingué ! Mais ai marqué partout où j’ai joué. Ça, c’est une fierté. Et j’espère que ce n’est pas fini ! »
Vous êtes actuellement le meilleur buteur du championnat, après avoir beaucoup bifurqué dans les clubs, à 29 ans.
Pensez-vous être au meilleur de votre forme ?
« Je pense être un joueur plus mature grâce à mes diverses expériences. Mon entourage m’aide en ce sens et me permet de maintenir cette forme. Je travaille tous les jours avec mon club pour. »
Aujourd’hui 4ème du championnat, la perspective de découvrir la Ligue 2 vous excite-t-elle ?
« Découvrir la Ligue 2 est à la fois un objectif commun et personnel. Je mets tout en œuvre pour aider l’équipe du mieux que je peux afin de lier les deux. »
Quels ont été pour vous vos modèles en tant qu’attaquant quand vous étiez plus jeune ?
« Plus jeune, j’aimais beaucoup Ruud Van Nistelrooy ou Filipo Inzaghi. Des renards de surface. Aujourd’hui, c’est Karim Benzema. »
Lorsque vous terminez un match, vous n’existez que pour les buts ou en tant qu’attaquant vous arrivez à vous dire qu’un match peut être réussi sans pour autant faire trembler les filets ?
« En tant qu’attaquant, je suis jugé sur les buts et marquer est toujours un de mes objectifs lorsque je foule les pelouses. Mais si je suis en position de pouvoir faire marquer soit par une passe décisive ou bien par un appel créant un espace pour mon coéquipier, alors je me sens utile et contribue à faire gagner l’équipe. Je suis un attaquant au service du collectif et ne triche pas. »
Quelles sont les qualités indispensables pour être un très bon buteur ?
« Pas évident comme question. Je dirais le placement, les déplacements, le timing, avoir le sens du but, le sang-froid, la détermination… Les buts amènent de la confiance. Elle est primordiale. »
Vous avez eu votre première sélection internationale avec la Guadeloupe.
Comment cela s’est-il passé ?
« Jouer pour la Guadeloupe fut une sensation formidable. Une fierté assurée. J’ai inscrit un doublé et nous avions gagné avec la manière. Pour une première, je ne pouvais rêver mieux. »
Le championnat National n’est pas considéré comme un championnat professionnel, pourtant certains clubs sont professionnalisés (dont Laval) sans pour autant recevoir les subventions suffisantes,
Comment vous vivez au quotidien cette situation ?
« Le championnat de National, en effet, n’est pas professionnel. Néanmoins, nous avons les mêmes prérogatives sportives et obligations logistiques que les clubs de L2 et L1. Cependant, Laval, comme trois clubs sur quatre, a le statut amateur dans cette division. J’ai, toutefois, de la chance d’évoluer dans un club très bien structuré, avec un passé, des supporters, qui me permet de travailler dans de bonnes conditions avec mes partenaires. »
Selon vous, la professionnalisation de la 3ème division est-elle nécessaire afin d’améliorer le niveau général du championnat, des clubs, joueurs ?
« Le professionnaliser ? Avec un grand oui, car cette division regorge de très bons joueurs et d’entraineurs travaillant tous les jours pour atteindre des objectifs importants. Nombreux joueurs sont passés par cette division pour rejoindre des championnats dits plus huppés. Les clubs étrangers aussi viennent jeter un coup d’œil. Cela démontre l’attractivité de notre championnat qui ne demande qu’à davantage se développer. »
Malgré un championnat sans le statut de professionnel, vous vous entrainez comme les clubs de Ligue 2 ou encore Ligue 1.
Pouvez-vous nous décrire une journée type en tant que Footballeur ?
« Généralement, nous nous entraînons le matin. Parfois l’après-midi. Il se peut que les séances soient également doublées. Tout dépend du calendrier. Il y a aussi ce travail invisible comme la muscu, la récupération, les soins et les moments de partage avec les coéquipiers. Dès que je peux me reposer, je le fais. »
Comment votre compagne, professionnelle du Rugby à 7, vous aide-t-elle au quotidien dans votre vie de Footballeur ?
« Ma fiancée a un rôle important dans ma vie. C’est l’un de mes piliers. Nous débriefons mes matches comme les siens à notre niveau respectif. Il nous arrive de nous entrainer ensemble. C’est une sportive de haut niveau et j’apprends également à ses côtés. Elle vient d’être nommée meilleure joueuse du monde en rugby à 7, c’est une sacrée performance dont je ne peux que m’inspirer. Une réelle fierté. »
Au niveau amateur, les contrats joueur sont souvent d’une année avec une autre en option.
Comment gère-t-on cette instabilité ? Notamment d’un point de vue personnel, lorsqu’on veut construire une famille par exemple ?
« Il y a des sacrifices à faire. C’est le foot amateur et non celui que nous voyons constamment à la télé. Plus tu montes de divisions et moins tu rencontres ce genre de situations. Toutefois, dans mon cas, j’ai découvert d’autres façons de travailler, de vivre aussi, ce qui est très positif. Cela n’empêche pas de construire une vie privée. Juste quelques concessions. »
Comment arrive-t-on mentalement, quasiment chaque année à changer de clubs, découvrir de nouvelles villes, nouveaux coéquipiers, de repartir à zéro ?
« C’est une volonté, un choix de vie adapté au milieu qui veut ça. Le milieu amateur est précaire et tout le monde le sait donc. Encore une fois, nous nous adaptons. »
Comment voyez-vous votre avenir ?
« J’ai des projets. Ils sont à venir. Après, c’est un carpe diem, je ne me prends pas trop la tête. J’espère jouer encore longtemps et profiter un max de mes proches. »
Avez-vous déjà pensez à votre reconversion après votre carrière de Footballeur ? Cela vous fait-il peur ?
« Oui. j’y songe et m’intéresse notamment au métier de recruteur par exemple. Et puis, comme je l’ai stipulé plus haut, j’ai des projets. Donc, aucune peur. Plutôt de la sérénité et de l’enthousiasme. Je sais d’où je viens. »
Pour finir, avez-vous une anecdote de vestiaire à nous raconter ?
« Houla ! Évitons certains sujets qui pourraient faire sourire certains et en fâcher d’autres (rires). »
On remercie Geoffray Durbant pour son temps accordé, en lui souhaitant le meilleur pour la fin de la saison avec Laval !