Depuis quelques mois, dans le championnat de France de football, de nombreux incidents viennent perturber le bon déroulement des matchs. Le dernier épisode en date nous vient de Nice… De graves incidents en amont du match entre les supporters niçois et ceux du club Allemand, Cologne. On se rappelle également du cas de la Ligue des Champions et de la très mauvaise gestion de la finale au Stade de France. C’est l’occasion de jeter un œil, chez nos voisins européens, pour voir comment ils s’organisent face aux débordements des supporters.
En Italie, l’arbitre n’est pas décisionnaire en cas d’incidents
Lorsqu’un match est interrompu en France en raison d’un incident, la décision de reprendre ou non, appartient à l’arbitre. C’est ce qui est arrivé un dimanche soir au Groupama Stadium, lorsque Ruddy Buquet a mis un terme au choc entre l’OL et l’OM, après le jet d’une bouteille sur D. Payet. En Italie, la situation est différente. En cas de souci de ce genre, l’arbitre n’est pas décisionnaire car il est considéré comme un civil. Ce sont les représentants de l’État présents au stade (le préfet en général) qui doivent acter ou non la reprise du jeu.
“Ce n’est pas une bonne idée parce que l’arbitre ne peut connaître toutes les dynamiques liées à la sécurité dans le stade […] La meilleure solution est la solution italienne qui consiste à assumer que l’arrêt d’un match est une responsabilité de l’ordre public.”
Luca Marelli, un ancien arbitre de Serie A, s’étonne d’ailleurs du fonctionnement mis en place en Ligue 1.
Ces dernières années, la situation s’est nettement améliorée autour du foot italien… Grâce notamment à des contrôles plus poussés à l’entrée des stades. Reste le problème épineux du racisme en tribune. Mais concernant les violences physiques, il y a plusieurs années que les incidents ont diminué
L’Allemagne connaît une augmentation des violences
Ce sont principalement, les clubs d’outre-Rhin qui sont confrontés à une hausse d’incidents violents ces derniers temps. Une violence d’extrême droite. Certaines équipes amateurs sont carrément pilotées par des mouvements extrémistes. La Bundesliga n’échappe pas à ce phénomène. Il y a par exemple près de 200 supporters d’extrême droite dans le mur jaune de Dortmund. Certaines formations d’ex-Allemagne de l’est sont également concernées.
Pour l’instant, aucune mesure forte n’a été prise pour régler le problème. Il existe bien quelques points de règlement à ce sujet. Lors des matchs à haut risque, la bière est sans alcool et les services de sécurité sont renforcés. Les interdictions de stade sont également trois fois supérieures à celles prononcées en France… Mais ce constat est à relativiser car les stades allemands connaissent une affluence largement supérieure à ceux de l’Hexagone.
Les ultras et l’Espagne, c’est terminé
En Espagne, le mouvement ultra est aujourd’hui très rare. Les grands clubs du pays, comme le FC Barcelone ou le Real Madrid, ont tout simplement chassé les groupes qui posaient problème, comme les Boixos Nois ou les Ultras Sur. L’Atlético de Madrid a profité de son changement de stade en 2017 pour réduire la place du groupe ultra Frente Atlético. Les clubs ont décidé de prendre leurs distances avec les associations de supporters, et cela a changé la donne.
En plus de cela, la Liga est aussi devenue très sévère et sanctionne durement le moindre dérapage. Même lorsqu’il s’agit d’insultes, considérées comme une atteinte à la dignité humaine. La Ligue espagnole fait d’ailleurs pression sur les clubs afin qu’ils se séparent définitivement des supporters qui créent des soucis. Treize supporters du Real ont par exemple été radiés pour avoir chanté “Messi est un attardé mental”. Une fermeté qui permet de limiter les incidents autour des matchs de foot.
Le calme est en Angleterre
Il y a bien longtemps que le football anglais a fait le ménage dans ses gradins. Les hooligans du pays, qui ont perturbé les rencontres durant des années, ont été bannis des stades. Cependant, l’ambiance est devenue beaucoup plus familiale. Il faut dire qu’il n’y a pas vraiment de groupes ultras organisés de l’autre côté de la Manche. La Ligue et les clubs sont de toute façon extrêmement sévère en cas de problème. La culture est également différente par rapport à la France. En mars 2019, lorsqu’un spectateur est entré sur la pelouse pour frapper Jack Grealish lors du derby entre Birmingham et Aston Villa en Championship, personne n’a pensé à arrêter la rencontre. Le milieu de terrain s’est relevé et le jeu a repris. Une situation inimaginable en France.
Le Portugal tente de changer les choses
Ces dernières années, de nombreux clubs du Portugal ont été sanctionnés en raison du comportement de leurs supporters. L’un des cas les plus médiatiques est celui de Moussa Marega. L’attaquant malien du FC Porto a été victime de cris racistes venant des tribunes lors d’un match à Guimaraes, en février 2020. Le club avait été condamné à trois matchs à huis clos, mais le Tribunal Arbitral du Sport a annulé la sentence. Et c’est souvent ce qui se produit au Portugal, où les tribunaux annulent régulièrement des condamnations émanant des instances sportives.
En résumé, la gestion des incidents est propre à chaque pays. Il n’existe pas de système parfait pour gérer ces débordements. Néanmoins, certains pays comme l’Angleterre préfèrent avoir moins d’ambiance dans les stades mais plus de sécurité et donc très peu de débordements. Une pratique compliquée à mettre en place en France, au vu des ambiances exceptionnelles dans certains stades de Ligue 1.