En septembre, de nouveaux affrontements ont éclatés dans la région du Nagorny-Karabagh (aussi appelée Haut-Karabagh). Cette région frontalière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan est depuis des siècles sujet de tensions. D’autant plus que le Caucase représente une région importante géopolitiquement.
Le Haut-Karabagh est une enclave autoproclamée en territoire Azéri. Officiellement, la région fait toujours parti de l’Azerbaïdjan. En effet, aucun membre de l’ONU n’a reconnu son indépendance.
Un retour des combats
Il y a de cela un mois, la région du Haut Karabakh à vue son équilibre précaire rebasculer dans l’horreur des combats. Après un regain des tensions en août dernier le long de la frontière, les combats ont repris en septembre. Les incidents sont fréquents dans cette région tant convoitée.
Près de 300 morts sont à déplorés dans ce qui s’avère être une agression azérie. C’est en tout cas ce que déclare le président Arménien Nikol Pachinian. De son côté, l’Azerbaïdjan parle elle aussi d’une « agression » de son voisin. Difficile de démêler le vrai du faux. Une chose est pourtant sûre, la région est loin de sortir des tensions qui l’habitent.
Cependant, les combats actuels sont loin d’être les premiers dans la région.
Un territoire de tensions
Les tensions remontent à bien longtemps et s’inscrivent dans un processus historique de plusieurs siècles. Le véritable point de bascule de la région s’opère en 1921, lorsque l’URSS décide le rattachement du Haut-Karabagh à la République Socialiste Soviétique d’Azerbaïdjan. Cette décision est prise alors que la région est peuplée à 94% d’Arméniens.
La situation stagne alors jusqu’en 1988 et la proclamation de l’indépendance du Haut-Karabagh de manière unilatérale. Cette décision marque le début des violences les pays. Violences exacerbées par la dissolution de l’URSS, accouchant de la première guerre du Haut-Karabagh en 1991.
Après 3 années de grandes violences, notamment sur les populations du Nagorny-Karabagh elle-même, un cessez-le-feu est signé en 1994.
Après la guerre, les Arméniens occupent 14% du territoire Azéri, dont 5% sont représentés par le Haut-Karabagh.
Depuis, les forces arméniennes n’ont pas quittées la région.
La poudrière du Haut-Karabakh en quatre questions | Les Echos
Cependant, l’année 2020 marque un nouveau tournant.
Après des mois d’escalade, l’Azerbaïdjan déclenche fin septembre des opérations terrestres sur le Haut-Karabagh. 3 tentatives de cessez le feu orchestrées par la Russie, le groupe de Minsk puis les États-Unis échoue. Les combats sont d’une grande violence et le conflit fait près de 6 000 morts en à peine 2 mois.
Niko Pachinian n’accepte de signer un cessez le feu que lorsque Chouchi (capitale du haut-Karabagh) tombe.
Le conflit est une victoire Azerbaïdjanaise qui récupère des territoires dans le Haut-Karabagh, ainsi que les 7 districts occupés jusque là par les forces arméniennes.
Le Caucase : une région internationale
Le Haut-Karabagh est plus qu’une région séparatiste. En effet, c’est un corridor stratégique entre la Mer Noire et la Mer Caspienne.
Les convoitises des puissances voisines sont alors nombreuses. En plus de l’Arménie et l’Azerbaïdjan, directement concerné par le Haut-Karabagh, des puissances comme la Turquie lorgnent sur le territoire.
Le jeu des alliances rentre également en compte. La Turquie et l’Arménie entretiennent des relations conflictuelles, conséquences du génocide arménien et de sa mémoire. De ce fait, le gouvernement de Erdogan soutient l’Azerbaïdjan dans ces velléités de reconquête du Haut-Karabagh.
De son côté, la Russie entretient de meilleure relation avec l’Arménie qu’avec son voisin Azerbaïdjanais. L’Arménie à même rejoint l’organisation du traité de sécurité collective dès 1992. Cependant, le Kremlin fournit des armes aux deux pays. Ce qui rend assez flou la position russe sur le conflit.
La résolution des différents conflits régionaux se font grâce à l’aide de grandes puissances. Ceux-ci se sont rassemblés dasn un organisme, le groupe de Minsk. Cette assemblée créée en 1992 par la Conférence sur la coopération et la sécurité en Europe permet la résolution des conflits dans la région. Elle est co-présidée par la France, le Etats-Unis et la Russie. Elle a permit la signature d’un cessez-le-feu en 1994 et aide à l’apaisement des tensions depuis.
L’influence des grandes puissances s’est cependant atténuée au fil des années. Ces grandes puissances peuvent-elles garantir la paix aujourd’hui ?
Les tensions dans le Caucase peuvent-elles être la source d’une escalade des problèmes géopolitiques ?
Une nouvelle source de tensions géopolitique ?
Avec les réactions de Macron et de Poutine ses derniers jours, le Caucase peut-il être la source d’une rupture des relations diplomatiques entre la Russie et les autres puissances ?
Lors de son interview pour la nouvelle émission de France 2, « L’évènement », le président français a accusé la Russie de privilégier l’Azerbaïdjan, au profit de son voisin arménien.
Pour lui, « la Russie a utilisé le conflit (…) et elle s’est immiscée dans le conflit (…). Elle a manifestement jouée le jeu de l’Azerbaïdjan, pour affaiblir l’Arménie ». Le président a renchéri, dénonçant une « manœuvre de déstabilisation dans le Caucase » de la part des Russes afin de déstabiliser les grandes puissances impliquées.
Quelques heures plus tard, le Kremlin et Vladimir Poutine ont réagit déclarant que les propos d’Emmanuel Macron étaient « inacceptables et partiaux »
Pas de quoi créer un incident diplomatique certes, mais une goutte d’eau de plus dans un vase déjà bien rempli.