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Guerre en Ukraine: vers une nouvelle Europe ?

Le mois dernier, le 24 février 2022, la Russie de Vladimir Poutine envahissait l'Ukraine. Le retour de la guerre en Europe après plusieurs décennies d'accalmie à provoquer une vague de panique et de frénésie mondiale ces dernières semaines.

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky donne un discours depuis Kiev (Ukraine), le 8 mars 2022. (HANDOUT / UKRAINE PRESIDENCY / AFP)

Alors que les soutiens occidentaux envers le peuple ukrainien se multiplient, le pays a récemment fait la demande de son adhésion à l’Union Européenne, avant que la Moldavie et la Géorgie ne fassent de même.

Ainsi leurs candidatures respectives ont chacune été évaluées le 7 mars dernier par la Commission des Vingt-Sept.

L’Union Européenne et son système d’adhésion

Les trois critères des “Copenhague”, en référence au Conseil européen de Copenhague en décembre 1993, sont les suivants.

Le premier, politique, requiert l’existence d’institutions stables garantissant la démocratie et l’Etat de droit.

Le deuxième, économique, se doit de garantir une économie de marché viable et capable de faire face aux forces du marché et à la pression concurrentielle au sein de l’Union.

Enfin, l’acquis communautaire requiert des pays adhérents de souscrire aux objectifs de l’Union politique, économique et monétaire.

Ainsi, la vitesse des négociations dépend du degré de préparation de chaque pays candidat, de sa volonté politique à mettre en place les réformes attendues et de la complexité des questions à traiter.

L’impact de la guerre sur le plan politique et diplomatique en Europe

Le souhait du déterminé président ukrainien Volodymyr Zelensky de rejoindre « sans délai » l’Union des Vingt-Sept devra cependant être revu à la baisse.

La présidente de la Commission Ursula von der Leyen, elle-même favorable à un nouvel élargissement, a effectivement rendu compte de la décision difficile de ne pas accorder une adhésion rapide à Kyiv. Réunis à Versailles les 10 et 11 mars derniers, les Vingt-Sept ont envisagé plusieurs options diplomatiques et les opinions divergeaient.

Faire entrer l’Ukraine sous la menace pressante d’une guerre qui s’enlise ne paraît pas coïncider avec les procédures exigeantes d’une adhésion à l’Union. Le politologue Oliver Costa argumente : « Il est difficile aussi de parler d’adhésion dans un contexte de guerre où par définition les procédures démocratiques et le fonctionnement normal de l’économie sont suspendus ».

Emmanuel Macron résonnait de même, tout en ouvrant la porte à un rapprochement diplomatique entre les deux parties : « Est-ce qu’on peut ouvrir une procédure d’adhésion avec un pays en guerre ? Je ne le crois pas. Est-ce qu’on doit fermer la porte et dire jamais ? Ce serait injuste ».

Le ministre néerlandais Mark Rutte déclarait ainsi: “Nous allons réaffirmer que nous voulons travailler intensément avec l’Ukraine.”.

Les pays de deux derniers sont souvent les plus réticents à la question des élargissements européens.

Selon un haut fonctionnaire européen cité par Le Monde, l’Ukraine est un “pays corrompu où le système judiciaire est hérité de l’ère soviétique […]” et ainsi “ne répond pas aux critères qui lui permettront de rejoindre l’UE”.

La mise en place d’une procédure spéciale d’adhésion rapide est d’autant plus délicate qu’elle ravive la question de l’intégration des pays Balkans occidentaux – Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Macédoine du Nord, Monténégro et Serbie – qui attendent une réponse depuis pas loin d’une décennie.

Il en va donc de même pour la Géorgie et la Moldavie qui, comme l’Ukraine, pourront bénéficier d’un accord de partenariat privilégié avec l’Union Européenne.

Enfin, l’enjeu décisif dans le contexte actuel de guerre est d’éviter une provocation insupportable aux yeux de Moscou, qui réclame la neutralité ukrainienne.

L’impact économique et social de la guerre en Ukraine

Déjà plus de 3,5 millions de citoyens ukrainiens ont fui leur terre natale et n’ont souvent comme simple bagage que leur statut nouveau de réfugié de guerre.

La mise en place de six couloirs humanitaires ont permis l’évacuation de 2 millions de réfugiés vers la Pologne, soit 6 réfugiés sur 10. L’Allemagne et la France font également partie des terres d’accueil, avec respectivement 225 000 et environ 26 000 réfugiés.

Première crise pour le mandat d’Olaf Scholz, cette vague de réfugiés fait écho à la crise migratoire de 2015. Fidèle à elle-même, l’Allemagne s’est donnée à cœur joie d’accueillir ses potentiels nouveaux travailleurs, comme le montre le 40 millions d’euros de dons récoltés en six jours par les associations caritatives allemandes.

Au-delà de la question humanitaire, l’Europe s’inquiète également pour son économie.

Bruno Le Maire, ministre français de l’économie, déplorait : “ce n’est pas exagérer que de dire que cette crise énergétique, ce choc énergétique de 2022, est comparable en intensité, en brutalité, au choc pétrolier de 1973”.

En effet, l’Union-Européenne importe 40% de son gaz de Russie et entre 20 et 30% de son pétrole. C’est pourquoi a été élaboré le plan “Repower EU” pour “mettre en œuvre la transition en faveur des énergies renouvelables et proposer des alternatives au gaz et pétrole russe d’ici à 2027″.

De plus, l’Algérie a proposé son aide en fourniture d’hydrocarbures à l’Europe en cas de difficultés. Celle-ci représente actuellement 11% des importations européennes.

Le gouvernement français a annoncé bloquer les prix du pétrole et de gaz jusqu’à juin 2022, et s’est engagé à baisser le prix actuel du litre d’essence (et du diesel) de 15 centimes jusqu’au 1er avril prochain.

À 450 euros la tonne, le blé devient lui aussi une denrée rare. Une augmentation de 70% de sa valeur depuis le début de l’année s’explique notamment par le blocage des flux maritimes dans les ports d’Ukraine. En effet, elle est le quatrième exportateur mondial cette année, avec 24 millions de tonnes de blé exportées. La Russie, premier exportateur, a commencé à bombarder le port d’Odessa, rendant la situation d’autant plus complexe.

Des pourparlers au point mort

Alors que quatre pourparlers ont déjà eux lieu entre les deux Etats en conflit, notamment grâce à la médiation turque, la voix diplomatique peine à se faire entendre.

Lors d’un sommet en visioconférence avec le Congrès américain, Volodymyr Zelensky a fait part d’une demande de mise en place d’une no-fly-zone, soit l’abattement des avions russes survolant l’Ukraine. Une requête crainte par les Occidentaux, dont le président américain Joe Biden qui craint qu’un affrontement direct entre l’OTAN et la Russie ne soit le déclenchement de “la Troisième Guerre mondiale“.

Ce dernier a pourtant qualifié son homologue russe de “criminel de guerre” après le bombardement délibéré du théâtre de Marioupol mi-mars, faisant plusieurs centaines de victimes.

D’autre part, de multiples prétextes défendent la position russe. De la « dénazification » de l’Ukraine, à la prétendue appartenance historique de l’Ukraine à la Russie en passant par l’instabilité de son gouvernement ou encore sa réputation de pays xénophobe à l’égard des russophones, Vladimir Poutine demande que l’Ukraine accepte un statut de pays neutre. Une demande réfutée par Zelensky qui affirmait devant le parlement italien que l’“Ukraine est le rempart de l’Europe”.

Alors que Kyiv, la capitale ukrainienne est désormais encerclée par les forces russes, le président du pays a dernièrement concédé envisager un compromis avec le gouvernement russe en soumettant les régions séparatistes pro-russes de la Crimée et du Donbass à un référendum.

Si ce compromis venait à être accepté, le dénouement de cette guerre pourrait être proche.

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