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Giorgia Meloni : entre l’Europe et les États-Unis, son cœur balance

Giorgia Meloni, la première ministre italienne, penche-t-elle plus du côté de l’Europe ou des États-Unis ? Le vendredi 28 mars, un entretien exclusif au Financial Times voit le jour. La détentrice du pouvoir exécutif italien y qualifie "d'enfantines" et de "superficielles" les positions de ceux qui voudraient l'obliger à choisir entre l'Europe et les États-Unis. Entre conservatisme, protectionnisme et rapprochement avec Donald Trump, est-ce que sa politique, qui semble se placer des deux côtés de l’Atlantique, lui fera défaut ?

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Giorgia Meloni et Ursula von der Leyen à Bruxelles en Belgique le 20 décembre 2024. (Photo by Thierry Monasse/Getty Images)
Giorgia Meloni et Ursula von der Leyen à Bruxelles en Belgique le 20 décembre 2024. (Photo by Thierry Monasse/Getty Images)

Giorgia Meloni est la présidente du conseil des ministres d’Italie depuis 2022. Elle dirige le parti d’extrême droite Fratelli d’Italia (Frères d’Italie) depuis 2014. Cette femme politique ne fait pas abstraction de ses idées d’extrême droite, elle en est fière, tout comme Donald Trump.

Giorgia Meloni est à la tête d’un pays européen et doit donc se plier aux exigences de Donald Trump, particulièrement ces dernières semaines, lorsque le 26 mars, le président républicain a annoncé la mise en place de 25% de droits de douane supplémentaires sur « toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux Etats-Unis ». Deux jours plus tard, son entretien au Financial Times sort, et la Première ministre italienne y révèle que « l’Europe s’est un peu perdue » et « qu’il est dans l’intérêt de tous de surmonter les graves tensions dans les relations transatlantiques ». L’Europe ou les États-Unis ? Giorgia Meloni semble de plus en plus faire le grand écart entre les deux puissances, attendant désespérément un traitement différent de la part de Trump.

Une alliance idéologique mais à sens unique envers Trump

Le 20 janvier 2025, Donald Trump est investi en tant que 47e président des États-Unis. Giorgia Meloni était la seule dirigeante de l’Union Européenne à y être invitée. Un traitement de faveur que cultive la chef de l’État italien. Quelques semaines avant, le 4 janvier, elle rend visite au président élu, dans sa résidence à Mar-a-lago, en Floride. Donald Trump semblait ravi, qualifiant son homologue comme « une femme fantastique qui a conquis l’Europe ».

Elle aura peut-être conquis le président de la première puissance mondiale à cet instant, mais l’Europe doute encore de ce double-jeu. Le 22 février dernier, Giorgia Meloni est intervenue à la conférence ultra conservatrice du CPAC (Conférence d’action politique conservatrice) et a exprimé son soutien au discours de J.D. Vance à la Conférence sur la sécurité de Munich. Il n’est pas inutile de rappeler qu’à cette conférence, le vice-président américain n’a pas cessé d’énoncer des propos hostiles sur les démocraties européennes. La cheffe du gouvernement italien a déclaré qu’elle était « d’accord » avec ces allégations, et elle poursuit en affirmant que « l’Europe a été sacrifiée sur l’autel du wokisme, de la bureaucratie et du mercantilisme ». Des déclarations qui font frémir les démocraties européennes.

Entre euroscepticisme et besoin d’Europe

La relation entre Giorgia Meloni et l’Europe a beau être tendue, elle doit faire face à l’annonce de Donald Trump qui met en berne l’économie automobile, principale force de l’Italie. Les surtaxes de 25% sur les voitures produites hors des États-Unis et sur l’aluminium et l’acier voulues par Trump n’excluent pas le pays de la Ferrari, malgré les efforts de sa première ministre.

Sur la question de la guerre en Ukraine, Giorgia Meloni soutient le pays de Volodymyr Zelensky, tout en contestant certaines positions de l’Union Européenne. Elle s’est opposée au plan présenté par Kaja Kallas pour fournir 40 milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine. L’Italie est également l’un des pays européens qui fournit le moins d’aide à Kiev par rapport au PIB. Sur le plan de réarmement de 800 milliards d’euros présenté par la Commission, Meloni a immédiatement exprimé ses doutes. Elle a critiqué le choix du nom « ReArm Europe » car il risque « d’effrayer les citoyens ». En tant que cheffe de l’État, elle priorise son pays sur le reste des enjeux européens.

Le silence comme meilleur allier diplomatique

Et si les critiques sont dures, ses silences font également planer le doute sur ses positions. Giorgia Meloni n’a pas commenté la proposition d’Emmanuel Macron de créer une force européenne de maintien de la paix en Ukraine. Le 20 mars, lorsque les hauts gradés militaires des alliés de l’Ukraine se sont réunis à Londres pour discuter d’une éventuelle force de maintien de la paix, Luciano Portolano, le chef de l’état-major italien, manquait à l’appel.

Malgré ces absences, Giorgia Meloni continue de défendre l’Ukraine, qu’elle a décrit comme « un peuple fier qui lutte pour sa liberté contre une agression brutale », à la CPAC en février 2025. Défendre la démocratie en se rapprochant de Donald Trump et en luttant pour les intérêts de son pays est un choix très dangereux de la part de Giorgia Meloni. Son numéro d’équilibriste se montre fragile et son rêve d’être un pont entre les États-Unis et l’Europe s’amenuise. C’est dans ce contexte tendu qu’elle recevra le vice-président JD Vance le 18 avril à Rome.

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