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Gérald Darmanin dans la tourmente du dossier Neymar au PSG

C’est la nouvelle bombe lâchée par Mediapart à destination d’un membre du gouvernement. Le média révèle, dans une tribune de Yann Philippin publiée le 4 janvier, l'implication de Gérald Darmanin, alors ministre de l’Action et des Comptes public, dans le transfert de Neymar de Barcelone vers le Paris Saint Germain, à l’été 2017. L’actuel ministre de l’Intérieur est accusé d’avoir permis d’éviter plusieurs dizaines de millions d’euros d’impôts…

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Gérald Darmanin alors Ministre des comptes publics aurait aidé le PSG pour le transfert de Neymar en 2017. (Source : Ouest France)
Gérald Darmanin alors Ministre des comptes publics aurait aidé le PSG pour le transfert de Neymar en 2017. (Source : Ouest France)

Neymar Jr au PSG : le transfert de tous les records

Pour comprendre ce dossier complexe, il convient de remonter à l’essence même de la discorde : le transfert de Neymar Jr. Après quatre saisons passées au FC Barcelone avec 106 buts inscrits en 186 matchs, Neymar Jr exprime son désir de quitter la Catalogne au début de l’été 2017. Désir confirmé par son club dans un communiqué officiel le 2 août, affirmant que la clause libératoire de son contrat à hauteur de 222 millions d’euros a été acquittée par un club encore inconnu. 

Neymar Jr lors de son arrivée au Parc des Princes. (Source : France Bleu)

Le lendemain, le Paris Saint Germain annonce officiellement la signature de l’attaquant Brésilien. Avec cette signature, le PSG réalise le plus gros transfert de l’histoire du football, record jusqu’alors détenu par Paul Pogba pour 105 millions d’euros l’année précédente. Officiellement présenté au Parc le 4 août face à des supporters plus que ravis de l’arrivée d’un joueur aussi talentueux, l’arrivée de la superstar brésilienne à Paris avait également pour objectif de redonner de la visibilité et montrer l’attractivité du championnat tricolore à l’international.

Hugues Renson comme intermédiaire entre Darmanin et le PSG

D’autres figures politiques ont également été épinglées dans ce dossier. Hugues Renson, ancien député LREM et vice-président de l’Assemblée nationale entre 2017 et 2022, est lui soupçonné de “trafic d’influence” par un rapport signé par l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) à des magistrats d’instructions, en date du 21 novembre 2023.

Hugues Renson, Vice-président de l’Assemblée nationale entre 2017 et 2022. (Source : L’Express)

Sur près de neuf pages, les enquêteurs détaillent plus d’une centaine SMS et messages Whatsapp provenant du téléphone de Jean-Martial Ribes, directeur de la communication du PSG entre 2017 et 2022 en lien avec Hugues Renson. Ces messages révèlent notamment le désir du député Renson d’être recruté par le PSG. En dépit d’un poste au club, le député a régulièrement bénéficié d’avantages sous forme de places de match pour lui et sa famille.

Selon le rapport, le 24 juillet 2017, Jean-Martial Ribes convie Hugues Renson à une réunion à l’hôtel Costes à Paris en présence de Nasser al-Khelaïfi, pour évoquer comme mentionné par les enquêteurs “un sujet PSG”. Ne pouvant répondre favorablement à l’invitation en raison de l’agenda parlementaire, le député Renson est averti par message par le responsable communication du club parisien de la nécessité pour le PSG de s’acquitter d’une clause libératoire de 222 millions d’euros pour recruter la superstar brésilienne. Ribes, en présence d’Al-Khelaïfi, énonce au député son souhait de ne pas assister à une fiscalisation du transfert de Neymar Jr. En d’autres termes, le club parisien ne souhaite pas payer les taxes imposées par l’Etat Français lors de transferts de joueurs de football. À ce propos, Ribes écrit par message : “Si ça ne se passe pas, cela aura un impact sur beaucoup de choses. C’est le deal sportif du siècle, il ne faut pas qu’il soit tué par l’administration.” C’est alors que le député Renson assure que le cabinet de Gérald Darmanin, alors ministre de l’Action et des comptes publics, “y travaillent”

Le lendemain, le rapport révèle la tenue d’une réunion à Bercy à propos du transfert en cours. Initialement dépourvus d’invitations, les représentants du PSG sollicitent alors Hugues Renson pour qu’au moins un de leur membre puisse y prendre part, souhait finalement exaucé. En guise de remerciement, le député aurait été invité à dîner avec les cadres du club, invitation à nouveau refusée en raison de sa fonction. Inquiet de ne pas voir le transfert encore totalement bouclé, Jean-Martial Ribes contacte alors à nouveau Renson à propos de la réunion de la veille. 

Jean-Martial Ribes et Nasser al-Khelaïfi au Parc des Princes. (Source : L’Equipe)

Renson lui répond alors : “J’étais avec Gérald. On a parlé. Il considère que c’est bon. Le calendrier à l’air fixé”, avant d’ajouter une dernière phrase au caractère énigmatique : “Ce qui compte, c’est que les documents que nous avions évoqués soient produits. Ils protègeront”. Le PSG obtient finalement gain de cause en recevant deux rescrits fiscaux adressés par le fisc et l’Urssaf d’Ile-de-France, annonçant que le club ne déboursera plus un centime en impôts ou cotisations sociales.

Les enquêteurs soulignent que les sollicitations formulées par Jean-Martial Ribes à destination d’Hugues Renson auraient eu pour objectif d’obtenir des avantages fiscaux, grâce à leur influence. Le rapport mentionne explicitement que la qualité de Monsieur Renson de “titulaire d’un mandat électif” et de “chargé d’une mission de service public” constituent des circonstances aggravantes dans ce dossier. L’enquête reste, pour l’instant, toujours en cours. Jean-Martial Ribes reste, quant à lui, poursuivi pour “trafic d’influence”, accusations qu’il dément formellement. Affaire à suivre…

Quelle part de responsabilité pour Darmanin ? 

A peine sorti de son “non-lieu” dans les multiples accusations de viol qui lui étaient attribuées, c’est un nouveau coup de massue qui vient s’abattre sur la tête de l’actuel ministre de l’Intérieur. La responsabilité de Gérald Darmanin semble se cristalliser autour d’un point : la clause libératoire. 

Alors ministre des comptes publics et avec son directeur de cabinet de l’époque, Jérôme Fournel, Gérald Darmanin aurait précisé que “la clause libératoire n’existe pas en droit français”, il ajoute qu’il n’y a donc pas de “règles juridiques expresses ou inconstestables” avant de conclure en précisant qu’il n‘est pas possible de prévoir  “à 100% si l’administration va décider de taxer ou pas”. Le ministre va alors user d’un flou juridique pour satisfaire les attentes des dirigeants du club parisien, en leur assurant que les 222 millions d’euros nécessaires à la réalisation du transfert seront exonérés de tout impôt ou prélèvement. 

Dans ses déclarations, Hugues Renson va même plus loin. En effet, l’ancien député LREM affirme que le dossier Neymar Jr implique également les collaborateurs de Gérald Darmanin ainsi que le président de la République, Emmanuel Macron. Le principal grief attribué à Darmanin demeure l’utilisation de sa fonction dans cette affaire. Nombre de spécialistes ne comprennent pas un tel traitement de faveur envers une quelconque institution, entreprise ou club sportif. Si le transfert de Neymar Jr au PSG revêtait une opportunité de rayonnement de la Ligue 1 dans le monde, les décisions prises par Darmanin et l’implication de l’ancien député Hugues Renson soulèvent de nombreux questionnements sur le lien entre sport et politique… 

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