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Gender Gap : Comment la fracture des genres redessine les élections Américaines ?

Les élections américaines de 2024 révèlent un gender gap sans précédent, marquant une fracture profonde entre les préférences de vote des hommes et des femmes. Jamais auparavant le fossé n’a été aussi net, opposant deux visions de la société portées par les candidats Donald Trump et Kamala Harris.

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Le capitole à Washington DC. Getty Images
Le capitole à Washington DC. Getty Images

Trump et Harris, deux visions opposées

Les élections américaines de 2024 révèlent un gender gap sans précédent, marquant une fracture profonde entre les préférences de vote des hommes et des femmes. En effet, selon un sondage publié par le New York Times-Siena en août 2024, 52 % des hommes préfèrent Donald Trump, tandis que seulement 40 % soutiennent Kamala Harris. Chez les femmes, la tendance s’inverse, avec 56 % d’entre elles en faveur de Harris contre 37 % pour Trump. 

Ce fossé des préférences, connu sous le nom de « gender gap », marque cette élection d’une fracture sociétale profonde. De plus, parmi les jeunes électeurs de moins de 30 ans, l’écart se creuse davantage : Harris domine Trump de 38 points chez les femmes, alors que les hommes de cette même tranche d’âge préfèrent Trump avec un avantage de 13 points.

Cet écart historique reflète deux visions de la société qui s’opposent, transformant l’élection en un affrontement idéologique plus qu’en une simple compétition politique.

Le clivage des communautés révèle un électorat divisé, plus polarisé que jamais

Au-delà des genres, les tendances de vote diffèrent également en fonction des origines culturelles et ethniques.

Par exemple, une étude du Pew Research Center réalisée en 2024 révèle que les électeurs afro-américains, qui représentent 11 % de l’électorat, soutiennent massivement Kamala Harris, avec 78 % des intentions de vote, contre seulement 15 % pour Donald Trump. Malgré cela, Trump enregistre une progression de 6 % dans cette communauté par rapport à 2020. Pour les électeurs hispaniques, l’équilibre reste fragile : Harris est soutenue par 56 % d’entre eux, tandis que 37 % préfèrent Trump.

En dépit de la diversité culturelle de l’électorat, le « gender gap » transcende les origines ethniques et sociales, soulignant des préférences distinctes selon les genres. Cette polarisation impose aux candidats de repenser leur stratégie pour mieux parler aux attentes variées de chaque groupe.

Génération Z : Le Genre comme filtre politique dans les urnes

Chez les jeunes, ce « gender gap » se traduit par des choix de vote extrêmement genrés, notamment parmi les nouveaux électeurs de la génération Z.  Cette année, 40,8 millions de jeunes de 18 à 27 ans peuvent se rendre aux urnes, dont 8,3 millions de primo-votants. Ces jeunes ont un énorme potentiel pour influencer les élections et, plus largement, la politique américaine.

Tandis que les jeunes femmes de cette génération sont largement attirées par les valeurs inclusives et progressistes des démocrates, un nombre croissant de jeunes hommes adoptent les valeurs conservatrices et radicales du camp républicain incarné par Trump.

D’après les témoignages recueillis par le New York Times, cet écart est particulièrement sensible dans les discussions familiales et sociales. Pour James, 19 ans, militaire en Caroline du Nord, soutenir Trump signifie rester fidèle aux valeurs transmises par sa famille, en opposition aux images de masculinité « toxique » qu’il perçoit dans les médias et sur Tik Tok. 

Ce phénomène de politisation genrée apparaît également chez Allison, étudiante en sciences politiques à Washington, qui déclare : « Avoir une femme comme Kamala Harris au sommet du ticket démocrate est une victoire symbolique, elle prouve que les femmes peuvent diriger. » Pour cette jeune génération, la question de l’égalité de genre influence ainsi directement leurs choix politiques.

Quand les réseaux sociaux propulsent les ‘Bros’ et les ‘Brats’ au cœur du vote

Les préférences électorales des jeunes Américains se polarisent de plus en plus autour de deux sous-cultures bien distinctes, alimentées par les réseaux sociaux : les « Bros » et les « Brats ». 

D’un côté, les « Bros » désignent ces jeunes hommes attachés à une vision de la masculinité ultra-traditionnelle, souvent renforcée par des influenceurs controversés. Ils valorisent la réussite matérielle, la force, et la solidarité masculine, rejetant les valeurs progressistes en faveur d’un idéal de « virilité » perçu comme menacé.

Donald Trump a su captiver ce public en se présentant comme un modèle de force et en s’associant avec des figures populaires auprès de cette audience. Il est apparu dans des podcasts très suivis comme Impaulsive, animé par le youtubeur et catcheur Logan Paul, mais également avec le streameur Adin Ross, qui se présente comme disciple de Andrew Tate, l’un des influenceurs les plus connus au monde, décrié pour ses discours sexistes, violents et complotistes. Ces émissions, écoutées majoritairement par de jeunes hommes, permettent à Trump de renforcer son image de défenseur de l’ »Amérique authentique« .

Ainsi, pour ces « Bros », Trump incarne une figure forte, opposée aux idéaux d’égalité de genre et de progrès social prônés par les démocrates.

À l’opposé, les « Brats » représentent un mouvement principalement féminin, incarné par des jeunes femmes « libres et rebelles », pour qui la franchise et la défiance face aux normes masculines sont des valeurs centrales.

Remis au goût du jour par la chanteuse Charlie XCX, ce terme décrit des jeunes femmes qui refusent de se conformer aux attentes traditionnelles de genre, adoptant un mode de vie plus indépendant. Ainsi, Kamala Harris incarne pour elles une figure de soutien et de représentation, en particulier grâce à ses positions progressistes sur des sujets comme l’avortement et l’égalité des droits. 

Le “Gender Gap” pourrait sceller le destin de cette élection

Mais quels effets concrets ce « gender gap » pourrait-il avoir sur le résultat final ? 

En effet, Harris, en défendant des valeurs progressistes telles que l’égalité des genres et le droit à l’avortement, renforce son soutien auprès des femmes et de l’électorat jeune. Cependant, cette orientation progressiste pourrait limiter son attrait chez les hommes, qui se tournent en nombre vers Trump et son discours de « virilité » traditionnelle. Si Harris réussit à convaincre une partie des hommes indécis ou modérés, elle pourrait réduire cet écart décisif.

Dans le cas contraire, Trump pourrait capitaliser sur cette division pour renforcer son avance auprès de l’électorat masculin, influençant ainsi de manière décisive le résultat final. Cette divergence pourrait jouer en faveur de Trump, surtout si Harris peine à rallier les hommes indécis ou modérés à sa campagne. En revanche, si Harris parvient à atténuer cette fracture en convainquant ces électeurs masculins de l’importance de ses priorités, elle pourrait sensiblement réduire le fossé des intentions de vote, rééquilibrant ainsi la balance.


Il est évident que les effets de ce « gender gap » dépassent ainsi la simple polarisation de genre, car ils contribuent grandement à façonner la structure des alliances électorales et la stratégie de campagne de chaque candidat, influençant de manière déterminante l’issue de cette élection présidentielle.

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