France au ralenti : les dangers d’une croissance en berne

Depuis plusieurs années, la France donne l’impression d’avancer à pas comptés sur le plan économique. Les chiffres de la croissance, traditionnellement considérés comme un baromètre essentiel de la santé d’un pays, peinent à atteindre des niveaux suffisamment élevés pour soutenir une dynamique de progrès durable.

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La France peine à faire face à une croissance économique balbutiante. Crédits: Pixabay.
La France peine à faire face à une croissance économique balbutiante. Crédits: Pixabay.

Depuis plusieurs années, la France donne l’impression d’avancer à pas comptés sur le plan économique. Les chiffres de la croissance, traditionnellement considérés comme un baromètre essentiel de la santé d’un pays, peinent à atteindre des niveaux suffisamment élevés pour soutenir une dynamique de progrès durable.

Une France au ralenti

Le Produit Intérieur Brut, indicateur phare, affiche en effet des rythmes d’expansion limités, bien en deçà de la moyenne historique de la France et souvent inférieurs à ceux de certains partenaires européens. Cette atonie économique se reflète dans plusieurs autres indicateurs : le chômage, bien que fluctuant selon les conjonctures, demeure structurellement plus élevé que dans d’autres pays, tandis que les créations d’emplois ne suffisent pas toujours à compenser la croissance de la population active.

Figure 1 – évolution du PIB en France – Source : INSEE – Production de l’auteur.

Les entreprises, de leur côté, font face à une faiblesse persistante de la productivité, mettant à mal leur compétitivité sur la scène internationale. Les exportations stagnent ou progressent moins vite que les importations, si bien que la balance commerciale reste chroniquement déficitaire dans de nombreux secteurs. Bien que la France dispose de pôles d’excellence – dans le luxe, l’aéronautique ou encore l’agroalimentaire –, ces atouts ne compensent pas toujours la perte de vitesse dans d’autres domaines, en particulier face aux mutations rapides de l’économie mondiale et aux évolutions technologiques.

Par ailleurs, l’endettement public s’est accru à mesure que l’État a cherché à soutenir l’activité via des plans de relance successifs. Combiné à une croissance molle, cet endettement réduit les marges de manœuvre pour lancer des projets d’envergure ou réagir rapidement aux chocs extérieurs. Les crises financières, les tensions géopolitiques et les bouleversements climatiques ajoutent un degré supplémentaire d’incertitude, renforçant la prudence des ménages qui freinent leur consommation et celle des entreprises qui reportent ou limitent leurs investissements. On assiste alors à l’installation d’un cercle vicieux : croissance insuffisante, investissements limités, productivité en berne, chômage élevé et confiance érodée.

Les racines du problème

Les origines de cette stagnation économique sont multiples. Sur le plan conjoncturel, la France a souffert des secousses de l’économie mondiale, notamment lors de la crise financière de 2008. Cette dernière a provoqué une chute brutale de l’activité et une hausse rapide du chômage, dont le pays ne s’est jamais vraiment relevé malgré les différentes politiques de relance mises en place. Plus récemment, la pandémie de Covid-19 est venue exacerber les faiblesses structurelles, en déclenchant des fermetures d’entreprises, des tensions sur les chaînes d’approvisionnement et un endettement public accru.

Au-delà de ces chocs extérieurs, la France fait face à des obstacles internes. Le marché du travail, souvent jugé trop rigide, ne favorise pas toujours la mobilité et l’adaptabilité indispensables pour faire face aux transformations technologiques et aux nouvelles tendances de consommation. Le poids de la bureaucratie et la complexité administrative peuvent également freiner l’initiative et la création d’entreprises innovantes.

La recherche et l’innovation, considérées comme des piliers de la croissance à long terme, ne bénéficient pas toujours des ressources ni de l’accompagnement nécessaires. Les liens entre le monde universitaire et l’industrie demeurent parfois insuffisants, limitant ainsi la valorisation concrète des découvertes scientifiques. Par ailleurs, la France est marquée par une certaine aversion au risque, alimentée par le souci de préserver un modèle social protecteur. Bien que ce modèle ait des vertus indéniables, il peut décourager l’esprit d’entreprise et renforcer les craintes liées à la mondialisation. Les débats autour de l’ouverture économique, perçue comme une menace pour l’emploi et les acquis sociaux, reflètent cette tension entre protection et adaptation permanente.

Les conséquences et les voies de sortie

Les effets de la croissance anémiée se font déjà sentir sur le plan social et territorial. Le chômage de longue durée, touchant particulièrement les jeunes et les seniors, accentue les inégalités entre régions attractives et zones rurales ou périurbaines en manque d’opportunités. Ce sentiment d’abandon peut nourrir la défiance envers les institutions, avec à la clé une instabilité politique et la remise en question du contrat social.

Pour inverser la tendance, il est crucial de miser sur des politiques publiques ambitieuses et ciblées. L’investissement dans des secteurs stratégiques – tels que la transition écologique, la transition numérique et la recherche – constitue des pistes prometteuses pour doper la productivité et créer de nouveaux emplois – tout en anticipant les futurs cycles – . Cependant, ce volontarisme ne pourra être efficace qu’avec une simplification administrative permettant d’encourager la prise d’initiative et la création d’entreprises dans une économie souvent trop rigide.

La modernisation du système éducatif et de la formation professionnelle se doivent d’être également des enjeux majeurs pour faciliter l’adaptation de la population active aux nouveaux métiers. Une meilleure coordination entre universités, grandes écoles et entreprises s’impose pour favoriser l’innovation et la compétitivité. Par ailleurs, il convient de promouvoir les passerelles vers l’apprentissage et de développer la formation continue, de manière à accompagner les reconversions vers des secteurs d’avenir et limiter le chômage structurel français, naturellement très élevé.

Au plan international, la France doit consolider ses pôles d’excellence et soutenir davantage l’exportation, notamment en renforçant les infrastructures logistiques et en concluant des partenariats avec des acteurs étrangers. Dans un monde de plus en plus globalisé, la capacité à se projeter à l’international et à nouer des alliances solides sera un facteur déterminant pour regagner en vitalité économique. De plus, une épuration du solde commercial vers l’excédent doit être entamée, un pays en recherche de croissance ne peut faire dépendre son économie d’achats à l’international sans contreparties de ventes.

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