Originaire d’Annecy, Luca Martin se passionne très rapidement pour le sport, et principalement le football. Ce qui fait particulièrement vibrer le jeune homme de 19 ans c’est ce qui se passe dans les tribunes : les ultras, l’ambiance, les chants, les banderoles… C’est pour ça qu’il se rend au stade. Alors quoi de mieux que de créer son propre groupe de supporter s? Et bien c’est ce qu’il a fait ! Accompagné de Suvan Mettier, Léo Villain et Matéo Menard, trois camarades de classe, Luca « met au monde » les Raiders 74 en décembre 2021.
Les Raiders 74, c’est quoi ?
« C’est tout simplement un groupe de supporters comme il y en a dans tous les clubs de football français. Avec mes amis, nous avons monté ce « kop » pour soutenir le FC Annecy et donner de la voix à chaque match. On voulait être bien plus que de simples supporters pour cette équipe. »
Comment avez-vous eu cette idée ?
« On allait souvent voir des matchs au Parc des Sports et puis on trouvait que c’était trop calme, qu’il n’y avait pas assez d’ambiance dans les tribunes. Pourtant le FC Annecy obtenait de bons résultats et proposait du très beau football. Mais l’engouement n’y était pas. Avec Suvan, Léo et Matéo, on était très déçus. Pour nous, l’équipe méritait plus de soutien. Le déclic a vraiment eu lieu lors de la rencontre face au Mans qui s’est soldé par un match nul (0-0). On a vu qu’il y avait beaucoup de monde dans les gradins, mais que ça ne bougeait pas. On s’est dit qu’il fallait qu’on change ça. Dès le lendemain nous avons cherché un nom et une identité. C’est comme ça que les Raiders 74 sont nés.»
Où avez-vous trouvez les fonds nécessaires au lancement de cette activité ?
« Écoute, tout vient de notre poche. Il y avait pas mal de matériel à acheter au début : une banderole, un tambour, des drapeaux et un mégaphone. Le coût était élevé, mais chacun a mis un peu d’argent dans ce projet. Ça nous a permis d’obtenir du matériel de qualité. Puis, on avait vraiment envie de faire quelque chose de bien, alors on a mis les moyens. »
Le club était-il réticent au fait que des jeunes créent un groupe de supporters ?
« Non pas du tout. Le club est très ouvert et a accueilli la nouvelle avec enthousiasme. Bien entendu, les dirigeants nous ont fixé quelques règles. Ils nous ont dit ce qu’on avait le droit de faire et de ne pas faire au stade. Mais ils ont vite compris qu’on n’était pas des « hooligans » et que notre seul objectif était d’amener le FC Annecy le plus haut possible en jouant notre rôle de 12ème homme. Et puis, Suvan, le vice-président des Raiders 74, est bénévole au club. Il connaît tout le monde. Ça a facilité les échanges avec les dirigeants. »
Est-ce que vous avez rencontré des difficultés lors de vos débuts au Parc des Sports ?
« Oui, évidemment. C’est compliqué de se lancer. Les 2 ou 3 premiers matchs, on était seulement une quinzaine à chanter alors qu’il devait avoir au moins 1 500 personnes dans le stade à chaque fois. Je te laisse imaginer. Tout le monde nous regardait bizarrement, l’air de dire : ils font quoi ceux-là ? C’était vraiment dur. Heureusement, au fur et à mesure de la saison, du monde nous a rejoint et on était de plus en plus à faire du bruit. Puis, je pense que notre jeunesse a été un atout. Notre dynamisme nous a permis d’emmener les gens avec nous. Et au niveau de la communication, c’est pareil. Le fait d’être jeune et de savoir utiliser les réseaux sociaux nous a bien aidés, pour nous faire connaître. »
Est-ce que vous avez craint d’être dans l’ombre du Fécé Force 12, l’autre groupe de supporters du FC Annecy ?
« Honnêtement non. Même si le Fécé Force 12 est là depuis longtemps, ça ne nous a pas fait peur. Ça a même été rassurant de les avoir à nos côtés au début. Après, on n’a pas le même mode de fonctionnement qu’eux et on n’est pas placé au même endroit dans le stade. On ne propose pas non plus le même genre d’animation pendant les matchs. Chacun est différent, mais notre objectif est le même : soutenir le FC Annecy. »
Raconte-nous, comment ça se passe le jour de match ?
« Le soir de match, c’est l’excitation totale. On arrive très tôt au stade. On récupère notre matériel dans un local que le club a mis à notre disposition. Puis, on installe tout : la banderole et les drapeaux. On met en place le tambour et on teste le mégaphone. Une fois que tout ça est fait, on a plus qu’à attendre que le public nous rejoigne et que l’arbitre siffle le coup d’envoi. Et après, c’est parti pour 90 minutes de chants et d’encouragements pour soutenir notre équipe. »
Vous avez fait quelques déplacements, notamment à Villefranche et Bourg-en-Bresse. Comment ça s’organise ?
« Les membres du Fécé Force 12 se sont occupés de tout. Avec les Raiders 74, on voulait suivre le FC Annecy à l’extérieur. Mais on ne savait pas comment s’y prendre. Eux, avaient déjà organisé quelques déplacements lors des saisons précédentes. On les a sollicités pour réserver les bus et pour faire les démarches administratives nécessaires pour ce type de voyage. Bien sûr, ce n’était pas gratuit. Chacun devait payer 25 € pour amortir la place et le trajet en bus. C’était de l’organisation, mais heureusement que le Fécé Force 12 était là pour nous épauler. »
Qu’est-ce que vous avez prévu pour la saison prochaine ?
« Actuellement, nous sommes en train de faire les démarches pour obtenir le statut d’association. Ce sera la première nouveauté pour la saison prochaine. Ensuite, on va mettre en place un système d’adhésion payant qui permettra aux gens de devenir membre officiel du « kop ». On pourra ainsi se structurer et récolter un peu d’argent. Puis, on va développer notre propre boutique en ligne où seront vendus de nombreux goodies. L’objectif de cette action est de débloquer des fonds pour avoir accès à un meilleur matériel et proposer des animations à la hauteur de la Ligue 2. »
Comment est-ce que tu as vécu la montée du FC Annecy ?
« C’est une fierté. Ça a été un plaisir de les encourager tout au long de la saison. C’est super pour la ville aussi. Ça va remettre de l’activité à Annecy. Après, nous on n’y est pas pour grand-chose même si on a contribué à cette réussite en quelque sorte. Le mérite revient aux joueurs, aux dirigeants et aux bénévoles. C’est le travail de tout un club qui a payé et c’est ça qui rend l’ascension en Ligue 2 encore plus belle. »
Qu’est-ce que cette expérience t’a apporté ?
« Alors pour moi, cette expérience va au-delà du sport. C’est une aventure humaine qui m’a permis de rencontrer des personnes extraordinaires, avec qui j’ai partagé de superbes moments tout au long de la saison. Et puis, ce projet m’a aidé à me professionnaliser. J’ai appris à organiser des évènements et à gérer un groupe de personnes. Ce n’est vraiment que du positif. »
Pour finir, un mot de la fin. Qu’est-ce que tu aimerais dire aux jeunes qui voudraient se lancer dans une aventure comme la tienne ?
« J’aimerais leur dire qu’il ne faut pas hésiter. Lancez-vous. Croyez en vous, parce qu’une telle expérience va vous apporter que du positif. Bien entendu, si on veut faire les choses bien c’est énormément de travail. Mais si vous êtes motivés et déterminés, et que vous le faites avec le cœur, les résultats finiront par arriver. »
Une montée en Ligue 2 : c’est ainsi que se termine le premier chapitre de l’histoire des Raiders 74. Luca et son équipe vous attendent nombreuses et nombreux pour écrire, avec eux, la suite de cette aventure… Rendez-vous l’année prochaine !
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Woaw une interview très intéressante, on en apprend un peu plus sur les coulisses de ce « kop » un immense bravo à l’ambitieux Luca Martin et son équipe, sans oublier une interview de qualité avec Julien Vossenat au commande.
Un grand Bravo un plaisir de lire ce genre d’interview !!