Émoussés par 120 minutes de play-offs, les hommes de Pascal Dupraz se sont finalement inclinés 1 à 1 (5-4 t.a.b.) face à l’AJ Auxerre. L’AS Saint-Étienne est reléguée en Ligue 2 pour la cinquième fois de son histoire et met fin à une période de 18 saisons consécutives dans l’élite. Un dénouement qui n’a pas plus aux supporteurs qui ont envahi la pelouse et jeté des projectiles en direction des joueurs et des dirigeants dès le coup de sifflet final. Récit d’une soirée cauchemardesque à Geoffroy Guichard…
Ça leur pendait au nez !
Les Stéphanois avaient pourtant bien débuté la partie. Poussé par les chants de leurs supporteurs, ce sont eux qui se créent les premières occasions. Mais c’est finalement l’AJ Auxerre qui ouvre la marque. Mieux rentrés dans la seconde période, les hommes de Jean-Marc Furlan concrétisent leur domination grâce à Hamza Sakhi (0-1, 59’). Alors que le match semblait plié, l’ASSE réussit à revenir au score. Sur un corner mal négocié par la défense auxerroise, Madhi Camara égalise (1-1, 76’) et relance complètement la rencontre. Un retournement de situation qui arrive contre le cours du jeu et qui pousse les deux formations en prolongation.
Incapables de se départager au terme du temps règlementaire, les deux équipes sont allées aux tirs au but. Au bout du suspense, Ryad Boudebouz sera le premier a craqué. L’attaquant stéphanois envoie son équipe en Ligue 2. Auxerre retrouve l’élite dix ans plus tard. Un monument du foot français retrouve les sommets pendant qu’un autre s’écroule…
Terreur à Geoffroy Guichard !
Dès le coup de sifflet final, c’est tout un stade qui s’est embrasé. Dans la foulée du tir au but de la victoire inscrit par le capitaine auxerrois, Birama Touré, Geoffroy Guichard a basculé dans le chaos. Des centaines de supporteurs, dont certains cagoulés, ont envahi le terrain et se sont dirigés droit vers les vestiaires alors que les joueurs étaient encore sur la pelouse.
Si une grande partie des fans ont rapidement regagné les gradins, certains ultras du groupe Green Angels sont restés sur le terrain. Leur objectif : lancer des fumigènes, des feux d’artifice et autres projectiles en direction du banc de touche et des dirigeants stéphanois. Les forces de l’ordre sont intervenues et ont répliqué avec des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Des images du couloir des vestiaires ont montré des joueurs, stadiers et membres de l’encadrement toussant sous l’effet des lacrymogènes. Les commentateurs de Prime Video ont également été pris de quintes de toux.
La tension n’est pas retombée une fois les deux équipes rentrées aux vestiaires. Des ultras stéphanois ont forcé le passage et se sont introduits en salle de presse. Les violences se sont également poursuivies à l’extérieur du stade. Certains supporteurs ont réussi à s’introduire sur le parking des joueurs, situé dans l’enceinte du Chaudron. Des voitures ont été détériorées. Un escadron de la gendarmerie finira par repousser les “malfaiteurs” à l’aide d’un engin lanceur d’eau. Les affrontements se termineront vers 23h15, soit une heure et demie après le coup de sifflet final de la rencontre.
Ces débordements auront fait 14 blessés légers parmi les forces de l’ordre et 17 parmi les supporteurs. L’enfant de Zaydou Youssouf, installé en tribune latéral, s’est retrouvé en insuffisance respiratoire à cause des gaz lacrymogènes. Des dégâts matériels ont également été constatés. La pelouse synthétique positionnée devant les bancs de touche ainsi que certains sièges ont été brûlé par les jets de projectiles. Le montant des réparations pourrait aller de 400 000 à 1 million d’euros.
Comme si la relégation ne suffisait pas…
Ça sent le roussi pour l’AS Saint-Étienne. Sans surprise, la Ligue de Football Professionnel (LFP) s’est emparée du dossier après les violences survenues à Geoffroy Guichard dimanche soir. La commission de discipline rendra son verdict à l’issue de la séance du 23 juin 2022. Et les Verts risquent gros. Les sanctions applicables peuvent aller d’un huis clos total ou partiel, à un retrait de points voire à une mise hors compétition ou pire, une rétrogradation en National. Déjà condamnée à la Ligue 2 l’an prochain, l’ASSE pourrait donc prendre très cher…
L’affaire sera également portée devant la justice. Dans un communiqué publié sur le site du club mardi 31 mai, les dirigeants stéphanois ont annoncé qu’une plainte contre X sera déposée pour « violences aggravées, destructions et dégradations de biens public, pénétration sur l’aire de jeu portant atteinte à la sécurité des personnes et des biens et jets de projectiles présentant un danger pour la sécurité des personnes ». L’ASSE condamne fermement ces agissements et apporte tout son soutien aux personnes touchées par ces incidents.
L’AS Saint-Étienne, un navire en chantier !
Lundi matin, les Stéphanois se sont réveillés avec la gueule de bois. Pour tenter de retrouver l’élite dès la saison 2023/2024, l’AS Saint-Étienne prépare sa révolution en interne. Pascal Dupraz, en contrat jusqu’au 30 juin 2022 avec le club du Forez, ne sera pas reconduit lors du prochain exercice. Pour le remplacer, les Verts pensent à Laurent Battles, libre de tout contrat depuis son départ de Troyes. Michel Der Zakarian et Sabri Lamouchi sont, quant à eux, des plans B.
Du côté des joueurs, les départs vont se multiplier. Quatorze vont s’en aller cet été. Parmi eux, les quatre éléments prêtés à savoir, Paul Bernardoni, Enzo Crivelli, Falaye Sacko et Sada Thioub. Ces derniers vont retourner dans leurs clubs respectifs. Dix autres joueurs en fin de contrat avec les Verts vont également quitter le navire. C’est le cas d’Eliaquim Mangala, Ryad Boudebouz, Wahbi Khazri, Timothée Kolodziejzak, Romain Hamouma, Bilal Benkhedim, Assane Dioussé, Bakary Sako, Miguel Trauco et Arnaud Nordin, qui s’est déjà mis d’accord avec Montpellier.
Pour remplir les caisses du club, Denis Bouanga, courtisé par le Celta Vigo, ou encore Yvann Maçon, dans le viseur de Porto, peuvent partir. Même chanson pour Harold Moukoudi, Saidou Sow et Lucas Gourna-Douath. Adil Aouchiche et Zaydou Youssouf, quant à eux, ne sont pas encore fixés sur leur sort.
Du côté des arrivées, les Stéphanois planchent depuis un moment sur plusieurs dossiers. Zinedine Ferhat (Nîmes), Anthony Briançon (Nîmes) et Ibrahima Sissoko (Niort) ont été cités pour venir renforcer l’équipe. Les retours de prêt de Sergi Palencia, Charles Abi et Jean-Philippe Krasso sont aussi attendus. Le changement commence maintenant pour l’ASSE, dont l’objectif est de remonter au plus vite.
Blitzer comme sauveur ?
Parmi les solutions qui existent pour redresser l’AS Saint-Étienne, la plus évidente est celle qui mène au rachat du club. Un investisseur s’est déjà manifesté. Il s’agit de David Blitzer. Après Crystal Palace (Premier League) et les Philadelphie 76ers (NBA), le milliardaire américain veut s’offrir le club du Forez.
Un accord à hauteur de 100 millions aurait été trouvé avec les dirigeants stéphanois. Une offre qui sera revue à la baisse à cause de la relégation. David Blitzer avait en effet convenu de ramener sa proposition à 80 millions d’euros en cas de descente des Verts. Une coquette somme tout de même qui pourrait finir de convaincre les deux actionnaires majoritaires de Saint-Étienne, Roland Romeyer et Bernard Caïzzo, qui ont annoncé dans un communiqué qu’ils allaient céder le club. Cependant, les incidents qui ont suivi la rencontre face à l’AJ Auxerre auraient refroidi l’homme d’affaires américain. Après le craquage des supporteurs, le rachat se complique donc …
Un dernier match à l’image de la saison des Stéphanois : chaotique ! Une relégation méritée, mais qui espérons, va permettre à l’AS Saint-Étienne de se reconstruire. En tout cas, c’est ce qu’on souhaite à ce club historique …