Une exposition exceptionnelle
Le musée de la mode parisien a la chance de pouvoir exposer aux yeux des visiteurs plus de 200 objets provenant de la maison qui a vu grandir Frida, à Coyoacán au sud du centre-ville de Mexico. Les vêtements traditionnels, corsets médicaux, correspondances et autres accessoires exposés ont été mis sous scellés par Diego Rivera, artiste muraliste, à la mort de sa femme en 1954. Considérés comme perdu, les objets ont refait surface cinquante ans plus tard en 2004.
Cet événement culturel a été rendu possible grâce à la collaboration entre le Museo Frida Kahlo et Miren Arzalluz, directrice du musée parisien. Pour la co-commissaire de l’exposition, Circe Henestrosa, la résonnance est forte puisque ses tantes ont côtoyé le couple d’artistes Kahlo-Rivera.
La peinture comme un instinct de survie
Frida Kahlo, fille du peintre et photographe d’origine allemande Wilhem Kahlo, a beigné depuis sa plus tendre enfance dans l’art. Habituée à poser pour son père, ce n’est que des années plus tard et comme un instinct de survie qu’elle maniera le pinceau.
À l’âge de 6 ans, elle est atteinte d’une poliomyélite, sa jambe droite cesse de grandir et se déforme. Elle doit alors vivre avec le regard des autres sur sa maladie. Tout bascule à nouveau à ses 18 ans. L’adolescente mexicaine est victime d’un très grave accident de la route dans lequel la barre du bus lui perfore l’abdomen. Cet accident qui aurait pu être fatal lui laisse des traces indélébiles. Elle se retrouve avec le bassin, les côtes et la colonne vertébrale brisés.
Elle vit cet évènement comme un véritable cataclysme et reste alitée pendant neuf mois avec l’obligation de porter des corsets. Certains, en plâtre, couverts de dessins, sont exposés au public et permettent de comprendre la souffrance physique et les pensées suicidaires qu’a endurées Frida. La peinture apparait alors comme un exutoire et grâce à un miroir installé au-dessus de son lit, elle extériorise son mal être à travers ses portraits.
“Je me peins moi-même parce que je suis si souvent seule”
Frida Kahlo
La liberté comme revendication
Frida est une source d’inspiration, une figure du féminisme et de la pop culture. Elle souhaite être une femme libre et indépendante. En effet, elle se revendique comme étant à contre-courant des idées machistes et religieuses de son époque : athée dans un pays très catholique et membre du parti communiste, elle porte des costumes d’homme, le mono sourcil et profite des plaisirs de la vie en fumant et buvant. Frida affirme aussi sa « mexicanidad » en s’emparant d’une garde-robe folklorique aux couleurs éclatantes, mise à l’honneur par le Palais Galliera, avec des robes et des jupes traditionnelles Tehuana ainsi que des colliers précolombiens.
Elle détonne par sa bisexualité et la liberté avec laquelle elle vit et parle de sa sexualité. Tout en vivant une histoire d’amour passionnelle et tumultueuse avec son mari Diego Rivera, elle connaît des aventures extraconjugales. Toutes ses valeurs et convictions se retrouvent parfaitement dans son œuvre où elle aborde de manière explicite des sujets « tabous » comme le sexe, la dépression, l’avortement ou encore les fausses couches.
Venez découvrir ou redécouvrir Frida Kahlo, à travers ses effets personnels dans une exposition unique et bouleversante entre noirceur et couleurs flamboyantes. « Frida Kahlo, au-delà des apparences », jusqu’au 5 mars 2023 au Palais Galliera à Paris.
Source de l’image mise en avant : Frida Khalo par Toni Frissell, Vogue US 1937 © Toni Frissell, Vogue © Condé Nast