Un succès sans partage
Sur les 21 étapes de ce Tour d’Espagne, il n’a été mis en difficulté qu’une unique fois. Lors de la 15e étape, où il concèdera seulement 42 secondes sur son dauphin Enric Mas. Evenepoel n’a jamais été vraiment contesté sur ce Tour, avec une stratégie de course unique. Il a même impressionné par ses prises de responsabilité tout en confirmant son immense potentiel. Remco ne s’est jamais laissé endormir, dès que son dernier équipier posant le rythme, lâchait, il prenait directement les devants du peloton à vive allure.
Faisant craquer un par un, outsiders comme favoris. Il a certes régné sans contestation, mais ce qui marquera cette Vuelta à jamais sera les abandons successifs des favoris. Soit par test positif à la COVID-10 comme Pavel Sivakov ou Simon Yates, soit sur blessure comme Primoz Roglic. Ils étaient assurément inférieurs au Belge sur cette édition, mais leurs présences, pour dynamiter la course aurait pu le faire craquer sur cette fin de tour. Remco ressort donc de ce Tour d’Espagne avec le classement général et le classement du meilleur jeune, à cela s’ajoute 2 étapes.
Cette Vuelta aura également permis de rêver aux yeux du grand public la très jeune pépite de l’équipe UAE Team Emirates, Juan Ayuso. À 19 ans, l’espagnol finit 3e du général, premier podium pour lui pour son premier grand tour. Elle marque par ailleurs les adieux d’une légende du cyclisme à son public espagnol en la personne d’Alejandro Valverde.
Une carrière déjà hors norme
Comment parler de Remco Evenepoel sans parler de démesure. À 18 ans, il devient champion d’Europe junior en ayant attaqué à 100 kilomètres avec 10 minutes d’avance sur son dauphin. Déjà impressionnant, ce résultat devient gigantesque quand l’on apprend qu’il a commencé le cyclisme seulement 18 mois auparavant. Evenepoel incarne le panache dans un sport qui se dirige généralement sur des attaques dans le final, un sportif différent et unique en son genre.
Deux récentes victoires de sa part peuvent s’inscrire dans ce style. La première, son triomphe à la Classica San Sebastian, en préparation du Tour d’Espagne. Il accélère sans être suivi à 47 kilomètres de l’arrivée, personne n’est alors capable de le suivre. Il part alors dans un long parcours en solitaire où il s’adjuge l’épreuve pour la 2de fois de sa carrière. La deuxième était jusqu’à dimanche la plus grande victoire de sa carrière, « La Doyenne des classiques », comme elle est surnommée. Remco Evenepoel s’est, en effet, adjugé Liège-Bastogne-Liège 2022 en attaquant et en s’isolant dans la mythique côte de La Redoute à 28 kilomètres de l’arrivée.
Cette carrière très prometteuse aurait pu néanmoins s’arrêter très vite. Le 15 août 2020, lors du Tour de Lombardie, il est alors en préparation du Giro 2020 qui serait son premier Grand Tour. Dans une descente, il manque un virage et saute un parapet au-dessus d’un pont. Une dizaine de mètres de chute, une contusion au poumon et une fracture du bassin. Il aurait pu renoncer et mettre un terme à sa carrière, mais il en a décider autrement. 8 mois de convalescence, plus tard, il se lance dans son plus grand défi. Le Giro 2021, sans aucune présaison. De la folie pure qui avait pourtant fonctionner puisqu’il semblait pourtant bien parti pour un Top 10 avant son abandon.
Et ensuite ?
Désormais, Remco Evenepoel aura un statut de favori à chaque course où il sera présent. Nous en venons à nous demander sur quelles courses il peut ajouter des lignes et des trophées à son palmarès. Spécialiste de la discipline, il sera au départ du Championnat du Monde du contre-la-montre en Australie. Il sera présent également en tant qu’équipier pour Wout Van Aert lors de la course en ligne. Incessamment comparé à la légende Belge Eddy Merckx, il peut ambitionner de remporter les Classiques qu’il lui manque, avant d’aller convoiter la course suprême que le Cannibale a remporté 5 fois, le Tour de France.