Une crise généralisée
Le 8 janvier, le président équatorien âgé de 36 ans, Daniel Noboa, décrète l’état d’urgence après l’évasion du chef du gang de Los Choneros, Adolfo Macias dit “Fito”, de la prison de haute sécurité de Guayaquil. Cet événement a engendré une vague de violences sans précédent pour ce pays qui était, auparavant, relativement tranquille dans la région concernant le narcotrafic.
Par conséquent, le conseil des présidents de la Liga Pro s’est réuni le 2 février dernier pour évaluer la situation et orienter leurs décisions en fonction des décrets gouvernementaux. C’est ainsi que le verdict est tombé, le championnat ne reprendra pas avant le 1er mars en raison du contexte d’extrême violence que connaît le pays. Le football équatorien avait déjà connu des épisodes nécessitant l’arrêt temporaire des compétitions nationales à cause notamment d’activités sismiques soutenues et répétitives ou encore de la pandémie du Covid-19.
Les différentes présentations des équipes pour la saison 2024 se sont donc faites sans public et le club le plus titré du pays, le Barcelona SC, a dû annuler son événement annuel de présentation de son effectif, la traditionnelle “Noche Amarilla”, en référence à la couleur du maillot du club. Des invités prestigieux tels que Ronaldinho, Kaká ou encore Diego Forlán avaient assisté aux éditions précédentes tout comme 245 700 supporters entre 2016 et 2023.
Drapeaux équatoriens fièrement brandis, des membres des Forces Armées ont défilé à l’entrée des joueurs sur plusieurs matchs de la première journée de championnat, en soutien aux opérations militaires contre les groupes criminels implantés sur le territoire. Dans chaque stade, ils ont été applaudis par le public et par une haie d’honneur des joueurs, heureux de retrouver les terrains après une longue pause.
Une reprise attendue
Alors que chez les voisins comme la Colombie ou le Pérou, les championnats ont repris dès la fin du mois de janvier, pour le plus grand plaisir des fans. Les Équatoriens ont eux accumulés du retard sur la préparation des matchs internationaux contre leurs concurrents régionaux. En effet, cinq équipes de la Petite Suisse de l’Amérique latine iront disputer la Copa Libertadores tandis que quatre joueront la Copa Sudamericana, l’équivalent sud-américain de la Ligue Europa.
Ces compétitions de haut niveau sont les plus prestigieuses du continent et en plus de captiver l’attention de millions de fans, elles nous offrent des rencontres relevées et captivantes. Les clubs de Aucas et du Nacional, respectivement éliminés aux premiers et deuxièmes tours, ont été contraints de débuter leur campagne de Libertadores, avant la reprise de la LigaPro, contre deux équipes paraguayennes ayant déjà joué à plusieurs reprises dans leur championnat national.
Cette situation a provoqué la colère et l’incompréhension du côté des Équatoriens qui dénonçaient l’incompétence de la ligue à mettre les équipes du pays dans les meilleures dispositions pour affronter leurs rivaux du continent. Le troisième meilleur championnat d’Amérique du Sud ne peut pas rester à l’arrêt indéfiniment, c’est pourquoi il était essentiel de rouvrir les stades de l’ensemble du pays afin de limiter les pertes financières et de rassurer joueurs et supporters. Les seize équipes ont toutes joué leur première rencontre de la saison et les favoris n’ont pas déçu.
Aucun match nul pour cette reprise tant attendue de la première division du football équatorien qui voit le Club Deportivo Universidad Católica, basé à Quito, prendre la tête du classement. Ces résultats positifs laissent à penser que les équipes engagées dans les compétitions internationales, qui reprennent le rythme d’un match par semaine, pourront performer et rivaliser avec leurs adversaires du continent.
Pour la deuxième journée, l’Independiente del Valle rencontrera le Barcelona SC pour un choc entre clubs de Copa Libertadores, Aucas accueillera le CD Técnico Universitario à Quito et le champion en titre, la Liga Deportiva Universitaria, se rendra à Loja pour affronter le Libertad FC, actuel dernier du championnat.