Alors que le prix de l’énergie explose aux États-Unis, les Canadiens remettent sur la table le projet du pipeline Keystone.
Explosion du prix de l’énergie
Depuis le début de l’année, l’augmentation du prix du baril préoccupe l’exécutif américain. Celui-ci a vu le prix du pétrole augmenter de 60% pour se rapprocher de ses plus hauts historiques. Cette explosion du prix de l’énergie est liée à la prolongation de la situation inflationniste.
Cependant, la dynamique s’est renforcée à occasion de la crise Ukrainienne. La Russie, poids lourd de l’industrie pétrolière, pourrait décider de fermer les vannes. De nombreux pays occidentaux dépendants de l’énergie russe se retrouveraient alors en grande difficulté. C’est le cas de l’Allemagne, de l’Italie ou encore des États-Unis qui n’ont malgré tout pas hésités à condamner les exactions de Vladimir Poutine.
Cette hausse impressionnante ne sera pas sans conséquences. Dans un monde ou le coût de la main d’œuvre converge de plus en plus, l’énergie représente un avantage compétitif central.
Histoire de Keystone : une bataille politique
Le but initial de ce pipeline était de réduire le prix du pétrole canadien pour les consommateurs américains. Construire un pipeline aurait considérablement réduit les coûts d’exportation du fret maritime. De plus, ce pipeline aurait aussi permis aux États-Unis de sécuriser une nouvelle source d’énergies fossiles et donc réduire leur dépendance vis-à-vis des pays de l’OPEP. Le projet initial prévoyait un débit journalier de 830 000 barils de pétrole pour un coût total d’environ 9 milliards de dollars.
L’administration Obama s’est vite désolidarisée du projet qu’elle estimait en contradiction avec les ambitions écologistes des démocrates. En 2017, Donald Trump a annoncé relancer le projet. Cependant, des conflits juridiques ont freiné la construction du pipeline. Début 2020, le constructeur du pipeline, TC Energy, avait alors achevé uniquement 10% du projet total.
L’arrivé de Joe Biden aux affaires la même année a définitivement mis fin au projet en bloquant l’attribution d’un permis de construire clé à la réalisation du pipeline.
Pourquoi réenvisager le projet ?
Tandis que l’on croyait le projet mort et enterré. L’idée d’une prolongation de l’oléoduc Keystone XL, qui relie le Canada aux États-Unis, revient pourtant sur le devant de la scène à la faveur du conflit russo-ukrainien.
Lundi, lors d’une conférence de presse, le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, a exhorté l’administration Biden à revenir sur sa décision d’annuler le projet en qualifiant le pétrole Canadien « d’énergie démocratique ». Ce pipeline est selon lui une alternative au pétrole russe qui fait l’objet d’un embargo dans le cadre de nouvelles sanctions contre la Russie. Cet embargo pourrait se révéler handicapant pour l’économie américaine qui importe plus 200 000 barils de pétrole russe par jour. Selon Kenny, le pipeline Keystone XL pourrait être achevé au premier trimestre 2023 si la présidence américaine donnait son accord.
Cependant, Joe Biden ne semble pas décidé à céder sur le sujet de l’écologie. En effet, réhabiliter le pipeline Keystone XL serait totalement contradictoire avec les efforts consentis en faveur de la transition énergétique.
« La meilleure chose à faire est de réduire notre dépendance aux énergies fossiles et au pétrole étranger. Cela nous aidera à avoir une source d’énergie fiable sans nous soucier des caprices d’un dictateur étranger ». Jen Psaki, attaché de presse de la maison blanche.
À la peine dans les sondages, l’administration continue tout de même d’appuyer que l’embargo russe n’aurait aucun impact sur le prix du pétrole à la pompe. En parallèle, la majorité démocrate négocie activement pour trouver de nouvelles sources d’approvisionnement (Venezuela, pays de l’OPEP, …).
Pour aller plus loin :
L’Alberta veut ressusciter le projet Keystone XL | Guerre en Ukraine | Radio-Canada.ca
https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/10/bloque-par-joe-biden..