Cédric Klapisch nous raconte le destin d’Élise, une jeune danseuse étoile talentueuse. Elle joue sur les plus grandes scènes de Paris et est adoubée par les plus grands metteurs en scènes d’Europe. Un jour son corps va la lâcher. Ce cataclysme va la bouleverser aussi bien physiquement que mentalement. Le doute s’installe, sa carrière de danseuse classique est remise en question. Elle va alors découvrir une autre manière de danser, une manière plus terre à terre et moins aérienne, mais beaucoup plus tournée vers le réel et l’instant présent : la danse contemporaine.
Faux départ pour Klapisch
Cédric Klapisch en fait encore trop. Il avait pourtant entre ses mains un bon sujet, et au bout de l’objectif une actrice formidable. Pourtant, En Corps commençait bien. La scène d’introduction est magnifique. Klapisch sublime le ballet ainsi que les danseuses et danseurs. Quand tout d’un coup, au bout de 5 ou 10 minutes de film, il nous sort de la scène et lance un générique mal imité d’un James Bond, sorti de nulle part, et qui dure trop longtemps. Tout cela pour revenir au même plan que nous avions quitté. Cela aurait pu être justifié si ce générique, qui dénote complètement avec la très belle scène d’introduction, avait servi d’ellipse, ou de changement de scène, mais non. Ce générique illustre la construction chaotique du film. Car, parmi ces artifices et ce superflu, il y a de vraies trouvailles.
Un casting de stars et d’étoiles
Une de ces trouvailles c’est Marion Barbeau. Initialement, c’est une réelle danseuse et nous découvrons qu’elle est aussi une véritable actrice. Elle joue son rôle à merveille, avec justesse et sincérité. L’ensemble des actrices et acteurs non professionnels (mais professionnels de la danse) sont incroyables. Mais que dire des acteurs et actrices professionnels ! Denis Podalydès fait le service minimum, Muriel Robin joue une fausse grand-mère qui se prend pour un sage (on n’y croit absolument pas), et François Civil essaye de jouer un triste comique, sans succès. Seul Pio Marmaï sort du lot, et sauve sa profession, en jouant un personnage vraiment drôle et passionné.
Par moment on a l’impression que des scènes sont écrites uniquement pour leur temps de parole, un bon processus négocié avec leurs agents respectifs.
C’est toute l’ambiguïté de ce film qui a voulu jouer la carte du box-office, avec trop de noms à mettre en grand sur l’affiche comme pour assurer un minimum d’entrée. Il ne restait plus qu’au scénariste et réalisateur de leur trouver deux ou trois lignes et une scène pour chacun. Et bien c’est une nouvelle fois de trop. Tout comme le nom de Cédric Klapisch sur l’affiche, écrit en trop grandes lettres. On ne sait plus si on va voir un film ou un réalisateur.
Et la danse dans tout ça ?
Il faut le reconnaitre, caché entre deux scènes inutiles, il y a de vrais moments de beauté et de poésie. Ce sont souvent les scènes de danse. Klapisch filme la danse à merveille et sublime cet art. Il arrive à ne pas s’enfermer dans un débat stérile entre danse contemporaine et classique, sauf dans une scène… de trop ! Nous suivons plutôt le parcours d’Élise, la danseuse classique qui va découvrir et redécouvrir sa discipline grâce au contemporain.
En Corps nécessite d’être épuré, car il cache de nombreux moments formidables et simplement beaux. Ce n’est pas une question de durée, il n’a pas besoin d’être moins long, c’est une question d’équilibre entre comédie, art, danse, romance et box-office. Il y a de la bonne comédie, comme de la mauvaise. Il y a des histoires d’amours inutiles qui durent trop longtemps, comme des histoires d’amours justes et sincères. Il y a des plans magnifiques et poétiques, comme des plans inutiles. Il y a un formidable travail sur le son, comme des musiques hors contextes et mauvaises. En ce début de printemps, ce film a bien besoin d’être élagué !
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