Son Altesse Royale se nomme ainsi car, en hommage à sa mère qu’il aime passionnément, son père impose le prénom d’Elisabeth. Il souffre de bégaiement lorsqu’il s’exprime en publique, ce qui crée un contraste avec la personnalité joyeuse de sa femme. Nous pouvons sans doute penser que le roi a dû prier pour que sa fille qui sera un jour monarque d’un royaume où jadis le soleil ne se couchait jamais, ne souffre pas du même handicap que lui. La naissance de la princesse a causé quelques problèmes, notamment pour la reine qui a dû mettre au monde son enfant par césarienne, ce qui a mobilisé trois gynécologues. Plus étonnant encore, le ministre de l’Intérieur William Joynson-Hicks était également présent lors de l’accouchement. Elisabeth sera l’un des derniers bébés royaux à voir le jour en présence du « home secretary ». L’histoire de la présence du ministre lors de l’accouchement remonte à 1688 lorsque les protestant adversaires du roi catholique Jacques III, prétendirent que sa majesté avait remplacé son fils, prétendu mort-né, par un autre bébé. Nous connaissons également cette jeune princesse sous le sobriquet de « Lilibeth », ce surnom lui aurait été attribué par son grand-père le roi George V qu’Elisabeth surnomme durant son enfance : « grand-père Angleterre ».
Août 1930, leurs Altesses Royales Albert Windsor et Elisabeth Bowes-Lyon ont leur second et dernier enfant, Margaret Rose Windsor. La petite sœur est surnommée par la future monarque « Bud », ce qui signifie tout simplement : « Bouton de rose ». Lilibeth n’aura de cesse de chérir cette sœur adorée et ce, jusqu’à son décès qui surviendra en février 2002, un mois seulement avant le décès de leur mère. La princesse passe une enfance plutôt paisible avec sa sœur et ses parents mais cela ne va durer qu’un temps car le 20 janvier 1936, George V meurt et c’est son fils aîné David, le futur roi au règne très court, Edward VIII qui monte sur le trône. Nous pourrions penser qu’elle continuerait de passer des jours paisibles mais son oncle abdique seulement quelques mois après, le 11 décembre 1936 avant même son couronnement. Albert Windsor, qui était jusque là second dans l’ordre de succession au trône d’Angleterre, devient sa très gracieuse majesté le roi George VI. La vie d’Elisabeth bascule puisqu’elle devient désormais l’héritière d’une très grande monarchie.
« Le roi est mort, vive la reine »
Le 2 juin 1953, la princesse Elisabeth devient sa très gracieuse majesté la reine Elisabeth II, à l’Abbaye de Westminster seulement seize mois après le décès de son père. Cette cérémonie dont le prince Philippe, qui est son époux depuis le 20 novembre 1947, a beaucoup insisté pour qu’elle soit retransmise à la télévision, est suivie par près de 300 millions de personnes dans le monde entier. Le couronnement de celle que nous nommerons désormais « Sa majesté la reine », a également été diffusé au cinéma. Au cours de son long règne de 70 ans, Elisabeth II ne rencontrera pas moins de 15 Premier Ministre britanniques. Le tout premier fut Sir Winston Churchill et le dernier, Liz Truss… elle ne l’aura fréquentée 2 jours seulement. En janvier 1965, la reine offre des funérailles nationales au Vieux Lion, un privilège qui est inouï pour un chef de gouvernement. Elle réitérera cela pour Margaret Thatcher.
L’étiquette interdit à la reine de donner son avis sur ses premiers ministres publiquement, mais elle aura cette phrase au sujet de Churchill : « Il était divertissant ». Le monarque britannique a très peu de pouvoir en réalité, la reine nomme le Premier Ministre mais sans le choisir. Elle prononce officiellement la dissolution du Parlement ( elle peut également refuser la dissolution de ce dernier ), elle paraphe également les lois d’un simple : « La reine le veut ». Elisabeth fait preuve d’une grande maturité en tant que future souveraine, le 21 avril 1947 au Cap en Afrique du Sud, en déclarant : « Je déclare devant vous tous, que ma vie, qu’elle soit longue ou courte, sera vouée à votre service et au service de notre grande famille impériale à laquelle nous appartenons tous ».
Malgré un emploi du temps chargé tout au long de l’année, les journées d’Elisabeth II se ressemblaient à la minute près. À 7h30, sa femme de chambre tirait les rideaux, en silence, de sa chambre située dans l’aile nord de Buckingham, elle lui apportait ensuite un thé Earl Grey et du jus d’orange. Elle prenait ensuite son bain dans une baignoire remplie de 18 cm d’eau, une restriction datant de la seconde Guerre-Mondiale. À 9h, c’est le réveil officiel, acté par un membre de la Royal Guard jouant de la cornemuse le long des fenêtres du palais où se situe la reine. Ensuite, sa majesté prenait son breakfast en lisant les journaux, repassés pour ne pas qu’elle se tâche les doigts avec l’encre. Son déjeuner était composé d’œufs à la coque, de marmelade d’orange amère, des céréales, du café ou du thé Darjeeling cette fois. À 10h précise, sa journée commençait enfin avec des coups de fils personnels, le premier étant toujours pour sa mère, la Queen Mum, jusqu’à son décès en 2002 à l’âge de 101 ans. Sur son secrétaire Chippendale, l’attendait ensuite son imposant courrier sélectionné par les services de sa majesté. À 11h, les fameuses boîtes rouges faisaient leur entrée, traitées avec la reine et son secrétaire privé. Les documents qu’elles contiennent sont hautement confidentiels. La reine déjeunait à 13h, et se régalait d’asperges, d’agneau, de haddock ou de pudding. Après le déjeuner, la reine retournait dans son bureau pour de diverses activités.
17h, l’heure du thé. Un moment sacré pour la reine. Elle prenait souvent le thé avec un nuage de lait provenant des vaches de l’élevage royal, en compagnie de visiteurs, avec des petits scones et des petits sandwichs au concombre. Elle soignait ensuite ses chiens à 18h. À 19h, sauf obligations, retour dans ses appartements privés où elle prenait un petit apéritif composé de son cocktail favori : une dose de gin et deux de Dubonnet. Elle se nourrissait ensuite d’un dîner léger avant de regarder la télévision. On raconte que la reine était fan des enquêtes de l’inspecteur Barnaby et de la série « EastEnders ». La souveraine se couchait à 22h, après avoir regardé le journal de la BBC. Une fois au lit, elle bouquinait quelques pages de P.D James ou d’Agatha Christie. Elle était souvent la dernière à éteindre la lumière.
« J’ai deux amour, mon pays et Paris »
De 1946 à 2014, la reine Elisabeth II effectua six visites officielles en France. La reine éprouvait une passion pour la langue de Molière qu’elle avait apprise dès son plus jeune âge. Les liens entre les présidents français furent chaleureux, notamment avec François Mitterrand, mais un peu plus distant avec le président Giscard d’Estaing qui selon elle, se comportait comme un monarque. Sa majesté s’exprimait d’ailleurs dans un français absolument divin, dont voici un extrait audio :
Une reine que le cinéma admire !
Nombreux sont ceux qui ont utilisé le septième art pour rendre hommage à la reine d’Angleterre. Nous avons pu admirer au cinéma, à la télévision ou encore sur des plateformes, de nombreux ouvrages retraçant la vie de la souveraine ou se focalisant sur une période de sa vie. Il y a eu des représentations de sa majesté de manière plus ou moins proche de la fiction mais toutes sont tirées de l’histoire de son incroyable vie. Dans un format un peu moins protocolaire, nous allons désormais découvrir ensemble la bande d’annonce de la première saison de la série à succès qui retrace sa vie : » The Crown « .
Durant 96 années de vie, 70 années de règne, Elisabeth Alexandra Mary Windsor aura bercé la vie de 135 millions de personnes. Nous pouvons dire qu’au cours de son long règne, le plus long de l’histoire britannique, elle est devenue la plus grande reine du monde. Adorée par tous, non seulement au Royaume-Unis mais dans le monde entier, ses funérailles ont réuni 5,3 milliards de personnes devant leurs postes de télévision, soit environ 63 % de la population mondiale.
Je vous invite maintenant à vous lever une dernière fois pour sa Majesté la reine !
Au revoir, reposez-vous et merci pour tout Madame.