Une démission inattendue mais réfléchie :
Nicola Sturgeon a surpris plus d’un écossais ce 15 février dernier, en annonçant sa démission de son poste de Première ministre du pays. Elle qui est la première femme à avoir exercé cette fonction était en poste depuis 2014. C’est donc un véritablement bouleversement politique pour son pays, qui l’avait pourtant réélu en 2021.
Pour autant, bien que les écossais ne s’attendaient pas à cette décision, elle n’est pour autant pas incompréhensible. En effet, la cheffe du Parti National Écossais a été réélue en 2021 avec une promesse précise : celle de permettre un nouveau référendum sur l’indépendance de l’Écosse.
Mais récemment, cette perspective déjà peu probable à l’origine, est devenue pratiquement impossible. En effet, la Cour Suprême britannique a rendu un jugement sévère ces dernières semaines, indiquant qu’il n’était pas de la compétence du gouvernement écossais d’organiser un référendum sans l’accord des ministres britanniques.
De plus, d’après les derniers sondages, le soutien à l’indépendance du peuple écossais se situe juste en-dessous des 50%. Le résultat d’un éventuel référendum serait donc très incertain, ce qui a continué de fragiliser la politique de Nicola Sturgeon.
Pour couronner le tout, son parti a été mis en examen ces dernière semaines concernant ses finances. Le contexte était donc difficile pour la désormais ex-Première ministre écossaise, qui laisse ainsi son poste vacant, que certains ambitionnent déjà de reprendre.
Qui pour succéder à Nicola Sturgeon au poste de Premier(e) ministre ?
Maintenant la démission de Nicola Sturgeon officielle, l’Écosse va devoir lui trouver son successeur. La date butoir pour présenter sa candidature au poste de Premier ministre était ce vendredi 24 février, et les candidats sont donc connus.
Mais la tâche sera loin d’être facile pour celui ou celle qui succèdera à Nicola Sturgeon. En effet, malgré des dernières semaines difficiles, la Première ministre jouissait d’une côte de popularité très importante. Son charisme faisait d’elle la femme providentielle d’Écosse, et il sera très compliqué d’avoir une telle aura pour son successeur. Ils sont trois à se présenter malgré cela, espérant ainsi une aussi grande réussite.
Le premier est l’actuel ministre de la santé Humza Yousaf. Cet homme politique de 37 ans fait office de favori pour le moment, malgré un bilan plutôt contesté. En effet, l’état des hôpitaux écossais est très mauvais, même s’il est légèrement meilleur que celui des hôpitaux britanniques. Mais son véritable atout est qu’il se présente comme le candidat de la continuité. Il ne critique pas la, désormais, ancienne Première ministre, et entend poursuivre ce qu’elle a déjà entrepris dans la majorité.
Seconde candidate au poste : Kate Forbes. À seulement 32 ans, elle est la première femme à avoir endossé le rôle important de secrétaire du cabinet chargé des Finances, de l’Économie et du Travail équitable. Diplômée de Cambridge, cette jeune femme brillante apparaissait à l’origine être la candidate idéale.
Pourtant, il semblerait qu’elle ait sabordé sa candidature en réaffirmant ses convictions conservatrices. En effet, elle s’est clairement opposée au mariage homosexuel, ainsi qu’à la naissance d’enfants hors mariage. Madame Forbes a ajouté que si elle n’avait pas été en congé maternité, elle aurait voté contre la loi permettant de changer d’identité de genre dès 16 ans sans avis médical.
Elle s’est donc inscrite en porte-à-faux par rapport aux valeurs progressistes de Nicola Sturgeon. Cela lui a valu une baisse très importante de sa côté de popularité. À tel point qu’elle ne fait plus office de favorite. Elle s’est depuis reprise, face aux multiples réactions négatives que ses déclarations ont suscitées. Kate Forbes s’est ainsi engagée à « protéger les droits de chacun en Écosse, en particulier ceux des minorités ».
Enfin, dernière candidate à cette succession : Ash Regan. Cette députée de 48 ans est la seule candidate à être directement en opposition avec Nicola Sturgeon. Elle reconnait que l’ancienne Première ministre a un bilan assez positif, mais elle considère que le pays doit changer de politique. C’est notamment les dernières réformes progressistes proposées par le camp de la majorité contre lesquelles elle s’est opposée.
Ainsi, la course au titre de Premier ministre d’Écosse ne fait que commencer. Même si des premières tendances se font ressentir, aucun candidat n’apparait comme la “personne providentielle” pour succéder à Nicola Sturgeon. Ce qui est certain cependant, c’est qu’avec cette démission récente, les espoirs des indépendantistes écossais ont bien réduit. Le prochain Premier ministre devra donc trancher sur ce sujet brulant dès son arrivée. Les prochains mois s’annoncent très importants pour l’Écosse donc …