Cette situation survient seulement cinq ans après le fiasco Mediapro en 2020, lorsque le groupe espagnol avait abandonné son contrat avec la LFP quelques mois seulement après le début du championnat. Aujourd’hui, le football français est de nouveau plongé dans une crise télévisuelle, menaçant la survie financière de nombreuses équipes.
Les enjeux économiques :
Les droits TV constituent la principale source de revenus des clubs français, notamment des plus modestes. Toute instabilité dans ce domaine pourrait compromettre leur capacité à développer leurs effectifs, à recruter ou à maintenir leur compétitivité. Si DAZN refuse toujours de payer et que la LFP ne trouve aucune solution à court terme, certains clubs devront réduire leur budget. Ce serait un coup dur pour le football français.
De son côté, DAZN réclame 573 millions d’euros à la LFP en raison de plusieurs dommages liés au contrat de diffusion de la Ligue 1. Ils affirment une “tromperie sur la marchandise” et un “manquement observé” de la part de la Ligue de football professionnel. La plateforme de streaming les accuse de ne pas avoir collaboré efficacement pour promouvoir la Ligue 1 et de ne pas avoir combattu le piratage des matchs. DAZN estime que ces manquements ont entraîné des pertes financières, justifiant ainsi sa demande d’indemnisation.
Quelles solutions ?
Face à cette impasse, plusieurs scénarios sont envisagés. La LFP pourrait tenter de renégocier les termes du contrat avec DAZN ou de rechercher un nouvel acteur capable de reprendre la diffusion de la Ligue 1. Une autre option est possible : revoir entièrement le modèle de commercialisation des droits TV en s’inspirant d’autres ligues européennes. Cette idée est défendue par John Textor, président de l’Olympique lyonnais. Il préconise un modèle inspiré de la Premier League, à savoir que chaque club de ce championnat est actionnaire aux côtés de la fédération anglaise. Ils possèdent donc les mêmes droits et les mêmes pouvoirs. Personne n’est au-dessus des autres.
Certains avancent d’autres exemples, qu’ils soient réalistes ou non, comme l’adoption de modèles issus des sports américains ou l’ouverture du capital des clubs français aux socios. Ce modèle reste marginal en France. Dans ce système, les supporters investissent dans leurs clubs sans toucher de dividendes. Ce principe s’inspire des exemples espagnols et sud-américains.
Tension entre les présidents des clubs français et Nasser Al Khelaïfi
En pleine crise financière, France 2 a montré mercredi dernier une vidéo avec des échanges houleux entre plusieurs présidents de clubs français lors d’une réunion sur les négociations du droit TV l’été dernier. Parmi les figures centrales de ces tensions, John Textor a vivement critiqué l’influence de Nasser Al-Khelaifi et de BeIN Sports. Le président de l’Olympique lyonnais accuse Al-Khelaifi de vouloir imposer l’offre de BeIN Sports et de “tyranniser tout le monde”. Il dénonce également des “subventions illégales” provenant du Qatar, créant une concurrence contraire aux lois de l’Union européenne. Il envisage de saisir la Commission européenne pour sanctionner ce qu’il perçoit comme un financement illégal du PSG.
Le président du RC Lens, Joseph Oughourlian, a exprimé son mécontentement lors de cette réunion. Opposé fermement à Vincent Labrune, président de la LFP, et à BeIN Sports, il a provoqué la colère de Nasser Al-Khelaifi : « Tu es bon dans ton business mais tu ne comprends rien aux médias, ok ? » Ce n’est pas la première pique qu’envoie le président du PSG à ses homologues de Ligue 1. Il s’est aussi adressé à John Textor : « John, arrête de parler, tu ne comprends rien. Tu viens de je ne sais où, cow-boy. »
Un front s’organise donc contre Vincent Labrune et Nasser Al Khelaifi. Avec comme effectif Oughourlian et John Textor. Plus récemment, Jean-Michel Roussier, président du Havre, et Waldemar Kita, dirigeant du FC Nantes, ont rejoint cette alliance. Ceux-ci souhaitent la création d’une chaîne indépendante pour diffuser la Ligue 1. Bien à l’opposé des idées de Vincent Labrune et du président du PSG. Selon Daniel Riolo, « si Canal+ ne vient pas, la chaîne de la Ligue est la seule solution par défaut, une chaîne avec tous les droits français rassemblés. Mais le gros problème est que Nasser, le vrai patron du foot français, n’en veut pas ».
En attendant, l’ordonnance du tribunal attendue le 28 février pourrait être décisive. Si la justice tranche en faveur de la LFP, DAZN devra s’acquitter des sommes dues. Dans le cas contraire, le football français risque de subir un nouvel épisode de turbulence qui pourrait compromettre l’avenir financier de nombreux clubs.