Abrogation de l’arrêt Roe VS Wade
Le 22 janvier 1973 était promulgué l’arrêt Roe VS Wade aux États-Unis. C’est l’un des plus importants arrêts de la Constitution américaine. Ce dernier permettait aux Américaines d’avoir le droit d’avorter sur tout le territoire. Le texte explique que « le droit au respect de la vie privée, présent dans le 14e amendement de la Constitution est suffisamment vaste pour s’appliquer à la décision d’une femme de mettre fin ou non à sa grossesse ».
Ce vendredi 24 juin dernier, la Cour suprême des États-Unis a décidé de remettre en question ce droit fondamental. C’est ainsi que le pays revient à la situation en vigueur avant 1973. Autrement dit, chaque État a dorénavant la compétence pour interdire ou pour autoriser l’avortement. De ce fait, aucune femme n’est égale devant la loi. Chacune d’entre elle doit se plier à la loi en vigueur dans l’État dans lequel elle réside.
À la suite de cette décision historique, déjà près de vingt-six États sont sur le point d’interdire l’avortement. Ici se montre le combat perpétuel entre les Démocrates et les Républicains, les progressistes et les conservateurs. Certains avertissent même de futures remises en question concernant d’autres droits fondamentaux. En effet, si le droit à l’avortement a été jugé comme révocable, d’autres sont également menacés.
Un combat féminin perpétuel
Depuis plusieurs décennies, les femmes se battent pour bénéficier de droits équivalents à ceux des hommes. Ainsi, comme l’expriment les Démocrates, l’avancée majeure dans les années 70 que représente le droit à l’avortement a permis à des milliers de femmes de reprendre possession de leurs corps. En France, la Loi Veil du 17 janvier 1975 a donné l’autorisation à l’interruption volontaire de grossesse jusqu’à 10 semaines de grossesse. À l’époque, c’était une vraie « révolution ».
Certains États tentent de ralentir le processus de cette abrogation de loi. Par exemple, en Louisiane, une juge a choisi de suspendre les lois qui interdisent aux femmes d’avorter, et ce, jusqu’au 8 juillet. C’est donc le début d’une vraie bataille judiciaire qui s’enclenche pour les nombreux États qui souhaitent rendre l’avortement légal et accessible à toutes.
Plusieurs affaires ont été mises en lumière après le rendu de la décision finale. En effet, l’affaire de la fillette de 10 ans interdit d’avortement a fait couler de l’encre. Cette dernière a été contrainte de voyager de l’Ohio jusqu’en Indiana afin d’avoir recours à une IVG puisqu’elle avait été victime d’agression sexuelle et de viol. Un des élus locaux de l’Ohio a estimé cela comme une « opportunité pour la fillette de dix ans », désapprouvant la décision d’avorter et de mettre fin à cette grossesse non désirée.
Mobilisation mondiale face à cette décision historique
Le monde entier s’est mobilisé à la suite de cette décision. En effet, dans les pays occidentaux notamment, plusieurs rassemblements se sont organisés afin de manifester contre cette décision. Des associations féministes se sont également mobilisées afin de soutenir toutes les femmes américaines opposées à cette nouvelle disposition.
Le Président des États-Unis, Joe Biden, a également tenu à s’exprimer sur le sujet. En effet, ce dernier souhaite protéger l’accès à l’IVG par une loi nationale. Cependant, le fait qu’il ne dispose pas d’une majorité suffisante l’empêche de pouvoir renverser la tendance. C’est un véritable enjeu politique qui se pose à lui pour la suite de son mandat. Selon lui, la Cour suprême a pris une décision « terrible et extrême ». Il en appelle donc à la responsabilité des Américains afin qu’ils se mobilisent jusqu’aux urnes en novembre prochain à l’occasion des mid-terms.